Vous êtes ici

Plos One

Cancer du poumon et données médico-économiques en France : l’étude TERRITOIRE

2.01
Average: 2 (1 vote)
octobre 2017

Épidémiologie

La plupart des lecteurs ont entendu parler de l’intéressante étude TERRITOIRE, coordonnée par Christos Chouaid, dont l’objectif était de savoir s’il existait en France une relation entre l’incidence et la mortalité du cancer broncho-pulmonaire d'une part et les données socio-économiques d'autre part.

Cette étude rétrospective est basée sur le croisement des données du PMSI et de l’INSEE. Les données de l’INSEE permettent de calculer la densité de population de la commune de résidence et son niveau socio-économique à partir du calcul de l’indice de privation socio-économique qui permet de classer, - à partir du taux de chômage, du revenu médian des foyers, du niveau d’éducation moyen et le pourcentage de « cols bleus » dans la commune, - l’ensemble des habitants en 4 catégories (très démunis, démunis, privilégiés et très privilégiés).

En 2011, 41 715 cas incidents ont été identifiés dans la base PMSI.

L’incidence était significativement supérieure chez les hommes et inversement relié à la densité de la population, c’est-à-dire plus élevée dans les communes à basse densité populations. Elle ne variait en revanche pas significativement en fonction du niveau socio-économique de la commune de résidence.

Avec un suivi limité à 2 ans, le taux de survie à un an était de 54,2 % significativement supérieur chez les patients non métastatiques (70,8 versus 39,3 %). A deux ans, il était à 42% également significativement supérieur chez les patients non métastatiques (58 versus 27 %). 

Ces taux de survie étaient, en analyse multivariée,  influencés par l’âge, le sexe, la présence d’une insuffisance rénale ou respiratoire, d’une BPCO ou d’une HTA.

Ils n’étaient pas influencés par la densité de population mais étaient significativement  liés au niveau socio-économique de la commune comme le montre le tableau ci-dessous dans lequel les communes « très privilégiés » sont prises comme références :

 

HR de mortalité (95%CI)

 

A un an

A 2 ans

 

Analyse univariée

Analyse multivariée

Analyse univariée

Analyse multivariée

Index de privation sociale

 

 

 

 

Très démunis

1,17 (1,11-1,23)

1,19 (1,13-1,26)

1,16 (1,11-1,21)

1,19 (1,13-1,25)

Démunis

1,09 (1,04-1,15)

1,13 (1,07-1,20)

1,10 (1,05-1,15)

1,14 (1,08-1,20)

Privilégiés

1,09 (1,04-1,15)

1,11 (1,04-1,18)

1,08 (1,03-1,13)

1,10 (1,04-1,16)

Très privilégiés

1

1

1

1

En France donc, pays dans lequel pourtant l’accès au système de santé et aux médicaments couteux est possible partout et le plus souvent gratuit, tout le monde n’est donc pas égal devant le cancer broncho-pulmonaire. Une autre étude commentée sur ce site en 2015 et réalisée en Suéde avait montré que l’incidence comme la mortalité étaient significativement liées avec le « niveau de pauvreté du voisinage » (cliquer ici). Des explications doivent être trouvées à ces constatations.

 

 

Reference

Survival inequalities in patients with lung cancer in France: A nationwide cohort study (the TERRITOIRE Study).

Chouaïd C, Debieuvre D, Durand-Zaleski I, Fernandes J, Scherpereel A, Westeel V, Blein C, Gaudin AF, Ozan N, Leblanc S, Vainchtock A, Chauvin P, Cotté FE, Souquet PJ.

PLoS One. 2017 Aug 25;12(8):e0182798

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.