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Journal of Thoracic Oncology

Combien de temps faut-il suivre les nodules en verre dépoli qui restent stables ?

2.01
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juillet 2019

Dépistage, Diagnostic précoce, Imagerie : Radiologie

Les recommandations de surveillance des nodules en verre dépoli qui restent stables ne sont pas unanimes. Nous avions commenté sur ce site en juillet 2016 un étude qui, contrairement aux recommandations de la Fleischner Society et de l’ACCP qui proposaient un suivi minimum de 3 ans, suggérait un suivi plus long (cliquer ici)  comme le suggèrent aussi les résultats de l’étude I-ELCAP faisant état de diagnostic de cancer plus de 5 ans après la première date où le nodule avait été constaté (cliquer ici).

Cette étude rétrospective coréenne, réalisée à partir des comptes rendus de scanners recueillies de 2003 à 2017, pose à nouveau cette question du suivi à long terme des nodules en verre dépoli. 

Les critères d’éligibilité étaient la présence de nodules en verre dépoli pur ou comprenant un contingent solide stables depuis 5 ans. Tous les patients dont les scanners avaient ces critères ont été l’objet d’une surveillance prolongée, souvent jusqu’à 10 ans et leurs scanners ont été revus par 2 pneumologues et un radiologue expérimentés. Pour chaque malade les paramètres suivants étaient recueillis : âge, sexe, tabagisme, antécédents pneumologiques, bilan biologique, nombre de lésions et bien sûr données anatomopathologiques.

A partir de plus de 120 000 comptes rendus de scanner réalisés chez plus de 60 000 patients ont été retenus 5859 opacités en verre dépoli chez 2502 patients. Parmi ceux-ci, 315 (12,6%) patients avec 424 nodules ont eu un suivi réguler pendant au moins 10 ans. La relecture de ces scanners a permis d’écarter un certain nombre de lésions qui n’étaient pas des lésions en verre dépoli ou qui avaient évolué durant les 5 premières années : il restait ainsi 208 nodules en verre dépoli chez 160 patients qui avaient été stables durant les 5 premières années et qui, malgré cette stabilité,  ont continué à être surveillés après ces 5 premières années. 

L’âge médian de ces 160 patients était de 52 ans, il y avait 42,5 % de femmes. Parmi ceux-ci, 17 % étaient fumeurs, 32 % anciens fumeurs et 51 % non fumeurs. Le nombre médian de paquets année était de 22. Leurs antécédents comportaient  des DDB (14%), un emphysème (15%) et un cancer broncho-pulmonaire (2%). La plupart des patients avaient 1 (84%) ou 2 (10%) nodule(s). Le reste en avaient 3, 4 ou 5 ou plus (2% pour chaque groupe).

Parmi ces 208 nodules, 78% étaient en verre dépoli pur et le reste étaient partiellement solides. La plupart étaient de petite taille puisque seulement 2 avaient un diamètre supérieur à 10 mm. La moitié d’entre eux mesuraient de 4 à 6 mm.  Le temps de suivi médian était de 136 mois. 

Une croissance des nodules a été observée pour  27 nodules , 19 (11,7 %) des nodules en verre dépoli  pur et 8 (17,4 %) des nodules partiellement solides. Dans la plupart des cas, ces nodules qui ont progressé mesuraient initialement moins de 6 mm et leur taille avait augmenté de 3,2 mm en 8,5 ans. A noter que le temps médian jusqu’à la détection de cette croissance était de 103 mois. 

En analyse multivariée, la présence de clartés aériennes, des antécédents d’autres cancer et le développement d’une composante solide étaient prédictifs de la croissance. 

A noter enfin que seulement trois biopsies ont été réalisées qui toutes trois ont objectivé un adénocarcinome. 

Ce travail montre une fois de plus qu’il est possible de voir un nodule de moins de 6 mm croitre bien après 5 ans de surveillance et démontre qu’on ne peut pas affirmer l’absence de croissance au bout d’un suivi de 5 ans. 

Malheureusement l’absence de données histologiques dans la plupart de ces cas est décevante car ce travail ne démontre pas que ces 27 nodules qui croissent après avoir été stables pendant 5 ans sont néoplasiques. Il est probable qu’ils le soient comme les 3 qui ont été biopsiés et qu’il s’agisse de cancers à lente évolution responsable du length time bias (et dont on aurait pu penser à tort qu’ils n’avaient pas de cancer (surdiagnostic) si on avait conclu trop tôt).    

 

 

 

 

Reference

Long-term follow-up of ground-glass nodules after 5 years of stability.

Lee HW, Jin KN, Lee JK, Kim DK, Chung HS, Heo EY, Choi SH.

J Thorac Oncol2019 May 11. [Epub ahead of print]

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.