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Journal of Thoracic Oncology

Comment gérer les micronodules découverts sur les scanners de dépistage ?

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octobre 2019

Dépistage, Imagerie : Radiologie

Les importants progrès de l’imagerie thoracique durant ces dernières années ont conduit à détecter de très nombreux micronodules, c’est-à-dire des nodules de taille inférieure à 4 mm, dont la pris en charge est très hétérogène.  Pourtant les recommandations récentes qui sont disponibles proposent un suivi annuel lorsque ces nodules ont un diamètre inférieur à 6 mm et surviennent chez des sujets à risque élevé (cliquer ici).  

Au cours de l’essai NLST, des micronodules de taille inférieure à 4 mm, ont souvent été dépistés. A partir de 4mm, le scanner était classé positif et au dessous de cette limite seule la présence d’un micronodule était mentionnée. Cet essai offre donc la possibilité de définir la prévalence et de connaitre l’avenir de ces nodules. 

La première information concerne la fréquence de ces micronodules. Comme on s’en doutait elle est extrêmement élevée puisque :

  • Sur 26 722  participants, 
    • 11 326, c'est à dire 42% ont eu au moins une fois la description d’un micronodule. 
      • Parmi ces personnes qui ont un au moins un micronodule, 5560 (49%) ont eu au moins un scanner « positif » c'est à dire un nodule d’au moins 4 mm,
        • et 409 de 11326 (3,6%) ont eu un diagnostic ultérieur de cancer broncho-pulmonaire 
    • Et 15 396 participants, c'est à dire 58%, n’ont jamais eu de micronodule.
      • Parmi ces personnes qui n’ont jamais eu de micronodule, 4600 (30%) ont eu au moins un scanner « positif »,
        • Et 680 de 15 396 (4,4%) ont eu un diagnostic ultérieur de cancer broncho-pulmonaire. 

On devine à la lecture de ces chiffres que le diagnostic de micronodule n’est pas lié au diagnostic ultérieur de cancer, et effectivement en analyse multivariée les participants chez lesquels un micronodule était décrit avaient une probabilité significativement moindre de développer un cancer broncho-pulmonaire (OR = 0,81, 95% CI: 0,72–0,93).

La deuxième information est que la relecture par des experts de ces scanners montre que le cancer ne s’est développé dans le territoire d’un micronodule que dans 13 cas. Ces 13 cas ne représentent que 1,2 % des cancers diagnostiqués dans le bras scanner et que 0,11% de nombre total de participants qui avaient au moins un micronodule. 

Le délai moyen entre la découverte d’un micronodule et un scanner classé positif était de 459 (388-723) jours et le délai moyen entre la découverte d’un micronodule et le diagnostic de cancer était de 617 (280-1140) jours. Ces 13 cas étaient tous des cancers bronchiques non à petites cellules à l’exception d’un cas qui était un cancer bronchique à petites cellules. 

On retiendra donc de ce travail que l’existence de micronodules est extrêmement fréquente, que lorsqu’on dépiste un micronodule, la probabilité de diagnostiquer plus tard un cancer broncho-pulmonaire (à la même place  ou à côté du micronodule) n’est pas plus élevée que quand le scanner est normal) et que la probabilité qu’un micronodule devienne un cancer est extrêmement faible puisque seulement 1 micronodule sur 1000 évolue vers un cancer. La surveillance annuelle de ces micronodules <4 mm doit donc rester la règle. 

 

Reference

Micronodules Detected on Computed Tomography During the National Lung Screening Trial: Prevalence and Relation to Positive Studies and Lung Cancer.

Munden RF, Chiles C, Boiselle PM, Sicks JD, Aberle DR, Gatsonis CA.

J Thorac Oncol 2019; 14 : 1538-1546

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.