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Lung Cancer

Complications infectieuses de l’EBUS : une importante étude Coréenne.

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novembre 2021

Endoscopie bronchique et pleurale

L’échoendoscopie bronchique est maintenant largement utilisée pour l’appréciation de l’extension ganglionnaire des cancers broncho-pulmonaires et est considérée en général comme un examen dont les complications (hémorragies, infection ou insuffisance respiratoires) sont rares mais potentiellement graves. 

Concernant les infections, on ne dispose que de peu de données notamment concernant les facteurs prédictifs de ces complications. C’est donc l’intérêt de cette étude cas-contrôles qui vise à évaluer l’incidence et les facteurs de risques des complications infectieuses de l’EBUS. 

Cette étude coréenne a été menée au Samsung Medical Center de Séoul à partir des données d’un registre mis en place de façon prospective dans cet établissement. Ce sont les données recueillies de 2009 à 2019 qui ont été utilisées pour ce travail. 

Pour repérer les patients ayant des complications infectieuses, les données de tous les patients qui ont reçu des antibiotiques après l’EBUS ont été revues. Parmi celles-ci, ont été retenu celles des patients :

  • Qui ont développé des signes cliniques d’infection dans les 2 mois qui ont suivi l’examen.
  • Et qui présentaient sur la radiographie thoracique ou sur le scanner des signes radiologiques d’infection pulmonaire ou médiastinale. 

Ces données ont été comparées à celles d’un groupe contrôle tiré au sort à partir des données des patients qui n’avaient pas d’infection. 

En tout 8048 patients ont été examinés par EBUS durant ces 10 ans ;

  • 1871 ont reçu une antibiothérapie après l’examen mais chez presque tous cette antibiothérapie avait été commencée avant l’EBUS à titre prophylactique ou du fait d’une infection respiratoire préalable. Finalement seulement 33 patients avaient les critères retenus pour le diagnostic d’infection liée à la procédure.
  • Parmi les 8015 patients qui n’ont pas développé d’infection, 1222 n’ont pas été surveillés pendant les deux mois qui ont suivi l’EBUS, et parmi les 6793 qui ont été surveillés, 521 ont constitué, après tirage au sort, le groupe contrôle. 

L’étude a donc porté sur les données de 554 (33 dans le groupe infection +521 dans le bras contrôle) malades. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. Agés de 66 ans en moyenne, ils étaient fumeurs dans 59 % des cas, et diabétiques dans 17% de cas. Une grande majorité des EBUS étaient faites pour le bilan d’un cancer.  Le diagnostic de cancer du poumon était finalement confirmé au sein des prélèvements de l’EBUS dans plus de 80 % des cas. Dans 7 % il s’agissait de cancers extra pulmonaires et dans 11 % de lésions non cancéreuses. 

Parmi ces 554 patients, l’EBUS était réalisée sur les ganglions médiastinaux dans 93 % des cas, hilaire dans 30 % et concernait des lésions parenchymateuses dans 11 %. Le nombre médian de lésions examinées par procédure était de deux et le nombre médian de passages de quatre. Les lésions étaient nécrotiques dans 26,8 % des cas. Retenons enfin que chez 102 patients (18,4 % des cas), une échoendoscopie œsophagienne a été réalisée (en insérant l’EBUS dans l’œsophage) et que la procédure a duré en moyenne 16 minutes.

L’incidence des infections chez les 6826 patients qui ont été suivis pendant au moins deux mois est donc de 0,48 %. Ces infections sont survenues après un délai médian de 8 jours après l’examen. Les infections étaient pulmonaires dans 20 cas et médiastinales dans le 13. 

En analyse multivariée, seuls deux facteurs étaient liés à la survenue d’infection :

  1. Le caractéristiques nécrotique des lésions (OR ajusté à 3,08 (1,49-6,40, p = 0,002). 
  2. Et le fait d’avoir été exploré aussi par EUS (OR ajusté à 3,19 (1,47-6,88, p = 0,003). 

On peut retenir de cette étude que cette complication est rare mais qu’elle conduit à des antibiothérapies prolongées qui retardent la mise en œuvre du traitement anticancéreux et même peut conduire à ce que les patients ne reçoivent pas de traitement : 17 % des patients atteints de cancer qui ont eu des complications infectieuses n’ont pas reçu ultérieurement de traitement anticancéreux. 

On retiendra aussi que le risque d’infection sur les lésions nécrotiques est significativement plus élevé et qu’il l’est aussi lorsqu’on examine l’œsophage. Parmi les 102 malades qui ont eu une EUS, 12 (11,7%) ont eu une infection.  

Reference

Infectious complications of EBUS-TBNA: A nested case-control study using 10-year registry data.

Kang N, Shin SH, Yoo H, Jhun BW, Lee K, Um SW, Kim H, Jeong BH.

Lung Cancer 2021; 161 : 1-8

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.