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Journal of Thoracic Oncology

De nouveaux résultats du NLST montrent que le surdiagnostic est rarement en cause dans le dépistage du cancer du poumon

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juillet 2019

Dépistage

Tous ceux qui s’intéressent au dépistage ont entendu parler des 3 biais qui sont régulièrement mis en avant dans les études de dépistage, le biais d’avance au diagnostic, le biais de lenteur d’évolution et le biais de surdiagnostic. 

Le biais de surdiagnostic  est le plus connu, y compris par le grand public : il désigne un dépistage inutile puisque les cancers qui font l’objet d’un surdiagnostic n’évoluent pas, de deviennent jamais symptomatiques et surtout ne causent pas la mort du sujet dépisté s’ils restent méconnus.  Ce biais est régulièrement mis en avant pour le dépistage des cancers de la prostate et également pour le dépistage du cancer du sein pour lequel le surdiagnostic serait moins fréquent que dans le dépistage du cancer de la prostate mais ne serait pas négligeable. 

Le surdiagnostic est très souvent  mis en avant par les adversaires du dépistage du cancer du poumon d’autant qu’une publication de Patz et al dans le JAMA en 2013 l’avait estimé à 18% (cliquer ici). Dès cette date toutefois  un certain nombre d’entre nous pensions que l’excès de cancers du poumon qui était observé dans le bras expérimental témoignait davantage de biais de lenteur d'évolution ou d'avance au diagnostic  que d’un surdiagnostic (cliquer ici) et que donc le chiffre avancé était probablement surestimé. 

En effet, seul un suivi prolongé peut distinguer le biais de surdiagnostic des biais de lenteur d’évolution ett d'avance au diagnostic : s’il s’agit d’un surdiagnostic l’excès de cancers observé initialement dans le bras expérimental persiste très longtemps, s’il s’agit des 2 autres biais, il a tendance à disparaitre. 

L’article publié ici donne les résultats récents du NLST avec un suivi additionnel de 5 ans. L'objectif principal de cette étude est de voir si la réduction significative de la mortalité spécifique qui avait été initialement publiée persiste et d’estimer le taux de surdiagnostic (le taux de surdiagnostic est estimé par la différence de cancers du poumon entre le bras expérimental et le bras contrôle divisé par le nombre de cas détectés au scanner) avec un suivi plus prolongé.  

Le suivi médian est maintenant de 11,3 ans pour l’incidence et de 12,3 ans pour la mortalité dans chaque bras. Avec ce suivi 1701 cancers du poumon ont été observés dans le bras scanner et 1681 dans le bras expérimental et le RR de mortalité spécifique restait significatif à 0,92 (95% CI: 0,85-100; p=0,05). Cette différence est plus importante chez les femmes que chez l’homme (0,86 vs 0,97), chez les fumeurs actifs comparative chez les patients les plus jeunes. Enfin il y avait une importante réduction du nombre de cancers de stade IV. 

L’excès de cancers du poumon est maintenant nettement moins important qu’il l'était au début de l’étude (1701 vs 1681) avec toujours un excès significatif de cancers bronchioloalvéolaires. Le surdiagnostic n’est ainsi maintenant estimé qu’à 3%. Il est le fait essentiellement des cancers bronchioloalvéolaires.

Cette étude qui confirme tardivement les résultats de l’étude NLST ne confirme pas le chiffre élevé de surdiagnostics qui avait été initialement avancé. 

Estimé maintenant à 3% (au lieu de 18%) le surdiagnostic est donc rarement en cause et ne concerne que les cancers bronchioloalvéolaires.

 

 

 

 

 

Reference

Lung Cancer Incidence and Mortality with Extended Follow-up in the National Lung ScreeningTrial National Lung Screening Trial Writing Team 1.

Black WC, Chiles C, Church TR, Gareen IF, Gierada DS, Mahon I, Miller EA, Pinsky PF, Sicks JD.

J Thorac Oncol. 2019 Jun 13. [Epub ahead of print]

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.