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Lung Cancer

Est-il utile de répéter la biopsie lors de la progression ?

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juillet 2022

ALK, Anatomo-pathologie, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, EGFR

Alors que cette pratique ne s’est développée qu’il n’y une dizaine d’années, notamment pour les patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules avec  une mutation activatrice de l'EGFR, l’impact de ces rebiopsies sur le traitement et l‘évolution de la maladie n’est pas toujours parfaitement clair et le but de cette étude rétrospective est de clarifier les choses à partir de deux bases de données allemandes dans lesquelles les données ont été incluses de façon prospective. 

Les résultats d’une rebiopsie qui étaient considérés comme « cliniquement pertinents »  étaient ceux qui mettaient en évidence :

  • une mutation du domaine kinase conduisant à une résistance, 
  • un résultat informatif sur un mécanisme de résistance hors cible, 
  • ou un oncogène dominant non signalé auparavant susceptible d’être traité par une  thérapeutique ciblée.

Ces bases de données ont été établies à partir de 2011 pour tous les malades des 2 centres qui ont reçu un diagnostic moléculaire, soit celles de 17 477 patients.  Parmi ceux-ci, 403 patients ont eu au moins une « vraie » rebiopsie de la tumeur ou d’une métastase (les biopsies répétés pour des raisons techniques ou les biopsies qui ont été réalisées sans qu’un ou plusieurs traitements systémiques entre les biopsies n’aient été administrés ont été écartées) et pour lesquels on disposait d’un suivi. 

A peu près les ¾ de ces patients avaient un stade IV dès le diagnostic initial. 

Comme on pouvait s’y attendre cette cohorte de malades rebiopsiés n’étaient pas représentative d’une population européenne puisque 60% avaient des mutations ciblables (dont 42% d’EGFR), 32% des anomalies moléculaires non ciblables à l’époque (dont 20% de KRAS) et seulement 26% n’avaient pas de mutation.  

Dans près de la moitié des cas (48,9%) la rebiopsie a apporté des résultats différents de ceux de la première biopsie et dans près d’un tiers des cas (31,3%) ces résultats étaient « cliniquement pertinents ». Parmi ces derniers, il est intéressant de noter que chez 18 patients (4,4%) le biomarqueur ciblable détecté à la première biopsie ne l’avait pas été à la première.

Ce sont bien entendu chez les malades qui avaient une mutation ciblable que le taux de rebiopsies « cliniquement pertinentes » était le plus élevé (dans plus de 50% des cas) en revanche chez ceux qui au départ n’en avaient pas, il était rare que la rebiopsie apporte des renseignements utiles, encore que chez 18 patients (4,4%) la rebiopsie a permis de déboucher vers une nouvelle option thérapeutique en montrant une mutation ciblable non détectée au départ. 

En comparant la survie des patients rebiopsiés à celle d’une cohorte comparable de 674 patients on voit que les patients qui avaient une mutation ciblable (EGFR, ALK, ROS1, BRAF, MET, ERBB2, RET) et qui ont été rebiopsiés ont eu une survie significativement supérieure à celle des malades de la cohorte de référence (HR = 0,28, p < 0,001). De façon intéressante il en était de même pour les patients rebiopsiés qui n’avaient pas ces altération (HR 0,2, p < 0,001).

Même si cette étude rétrospective n’est pas exempte de défauts (par exemple la façon dont la cohorte de référence a été constituée), il semble bien que, lorsque son indication est bien posée, la pratique de la rebiopsie apporte dans beaucoup de cas des renseignements qui débouchent vers un nouveau traitement et permettent ainsi une prolongation significative de la survie. 

 

Reference

Rebiopsy in advanced non-small cell lung cancer, clinical relevance and prognostic implications.

Scheffler M, Wiesweg M, Michels S, Nogová L, Kron A, Herold T, Scheel AH, Metzenmacher M, Eberhardt WE, Reis H, Fassunke J, Darwiche K, Aigner C, Schaufler D, Riedel R, Fischer R, Koleczko S, Schildhaus HU, Merkelbach-Bruse S, Schmid KW, Büttner R, Wolf J, Schuler M.

Lung Cancer 2022; 168 : 10-20

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.