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Journal of Thoracic Oncology

L’arrêt du tabac au moment du diagnostic de cancer broncho-pulmonaire prolonge-t-il la survie ?

2.01
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mai 2022

Épidémiologie, Relation avec le patient

Beaucoup d’études ont porté sur l’impact de l’arrêt du tabagisme au moment (ou aux alentours) du diagnostic chez les fumeurs actifs atteints de cancers broncho-pulmonaires sans que cette question n’ait été définitivement tranchée. De ce fait, et parce que plusieurs études ont encore récemment porté sur ce sujet, les auteurs de cette revue systématique et méta-analyse ont à nouveau posé cette question. Ils l’ont fait avec un protocole d’étude précis enregistré initialement dans l’International prospective register of systematic reviews database. 

Cette recherche, réalisée sur MEDLINE et EMBASE a retrouvé plus de 11600 références qui après lecture du titre ou de l’abstract a conduit a la lecture de l’intégralité de 566 articles. Vingt et une études publiées entre 1980 et 2019 et qui portaient spécifiquement sur ce sujet ont finalement été retenues. Parmi ces 21 études :

  • 10 ont inclus 5315 patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules, 
  • 5 ont inclus 1133 patients atteints de cancer bronchique à petites cellules, 
  • Et 6 ont inclus 4490 patients atteints de cancer bronchique sans précision. 

Ces effectifs utilisés pour l’analyse représentent donc près de 11 000 patients.

L’âge médian des malades au moment du diagnostic variait de 60 à 70 ans et la proportion d’hommes variait de 40 à 91% %. Les études différaient beaucoup en ce qui concerne la durée de suivi, celle-ci allant de 12 mois à 27 ans. De même, il existait de grandes variations concernant les critères d’arrêt du tabac rapportés par le malade, souvent dans les 3 mois suivant le diagnostic mais quelquefois allant jusqu’à un an avant le diagnostic. 

L’hétérogénéité des étude était « modérée à importante » sans qu’une explication à cette hétérogénéité n’ait pu être trouvée.  Il n’y avait pas d’argument pour un biais de publication. 

Arrêter de fumer à une date proche du diagnostic était significativement associé à une plus longue survie avec un SRR (risque relatif poolé des RR de chaque étude comparant les malades arrêtant de fumer aux malades continuant à fumer).  Le SRR était, avec un intervalle de confiance de 95% :

  • pour l’ensemble des malades de 0 ,71 (0,64-0,80 et de 0,65 (0,56-0,76) pour ceux qui arrêtaient au moment ou juste après le diagnostic. 
  • Cette diminution du SRR était observée aussi bien chez les malades atteints de cancer bronchique non à petites cellules (0,77 (0,66-0,9)) que chez ceux atteints de cancer bronchique à petites cellules (0,75 (0,57-0,99)). 

Ainsi les fumeurs qui cessaient de fumer avaient, par rapport à ceux qui poursuivaient leur tabagisme, une survie augmentée de 29%. 

Interrompre son tabagisme au moment du diagnostic est donc un point essentiel qui influe largement sur le pronostic du cancer. La mise en place de structures d’aide au sevrage tabagique qui doivent permettre un accès très rapide pour les malades atteints de cancer doit être une priorité.

Reference

Quitting Smoking At or Around Diagnosis Improves the Overall Survival of Lung Cancer Patients: A Systematic Review and Meta-Analysis.

Caini S, Del Riccio M, Vettori V, Scotti V, Martinoli C, Raimondi S, Cammarata G, Palli D, Banini M, Masala G, Gandini S.

J Thorac Oncol 2022; 17 : 623-636

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.