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Lancet oncology

L’Atezolizumab associé à la chimiothérapie en première ligne : résultats de l ‘étude IMpower 130

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juillet 2019

Immunothérapie, Traitement des stades IV

L’efficacité de l’atezolizumab dans les cancers bronchiques non à petites cellules a été démontrée comparativement au docetaxel dans l’étude de phase II POPLAR (cliquer ici) puis dans l’étude de phase III OAK (cliquer ici) et en première ligne  en association à un traitement de référence par carboplatine, pemetrexed et bevacizumab dans l’étude de phase III IMpower 150 menée chez des patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes métastatiques (cliquer ici)

Ce sont les résultats d’une autre étude de phase III, l’étude IMPower 130, qui sont présentés ici. 

C’est une importante étude internationale et multicentrique à promotion industrielle qui a été conduite dans 131 centres aux États-Unis , en Europe et en Israël. Les patients pour être inclus devaient être atteints de cancer bronchiques nom de la petite cellule non épidermoïde de stade IV, devaient avoir un PS ≤1, ne devaient pas avoir reçu de chimiothérapie antérieurement. Ils  pouvaient avoir une mutation EGFR ou une translocation ALK mais ils devaient avoir progressé sous ce traitement ou y être intolérants. Ils pouvaient avoir des métastases cérébrales à condition que celles-ci soient traitées et asymptomatiques. 

Ils étaient stratifiés sur le sexe, la présence de métastase hépatiques et le statut PD-L1  puis randomisés sur un mode 2/1 pour recevoir :

-      Soit atezolizumab à 1200 mg toutes les 3 semaines associé à du carboplatine (AUC6) toutes les 3 semaines et à nab-paclitaxel à 100 mg/m2 toutes les semaines. 

-      Soit à cette seule et même chimiothérapie. 

Les patients recevaient 4 à 6 cycles de ce traitement puis dans le bras expérimental la même immunothérapie en maintenance et dans le bras chimiothérapie pouvaient recevoir une chimiothérapie de maintenance par pemetrexed (ou un traitement de confort exclusif). 

Le crossover pour recevoir de l’atezolizumab  à la progression dans le bras chimiothérapie n’était autorisé que chez les patients inclus avant le 15 juin 2016.

Deux objectifs principaux ont été proposés, la survie globale et la survie sans progression chez les patients sans mutation EGFR ou translocation ALK-EML4. 

Les principaux objectifs secondaires étaient  la survie globale et la survie sans progression chez l’ensemble des patients  les taux de réponse et la qualité de vie.

Sur 1247 patients dont l’éligibilité à été examinée, 723 ont été inclus, 483 (dont 451 wild type) dans le bras expérimental et 240 (dont 228 wild type) dans le bras chimiothérapie. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties et les durées de suivi médian dans les 2 bras étaient proches (18,5 et 19,2 mois). 

L'objectif principal de cette étude était atteint puisque la survie sans progression et la survie globale ont été significativement supérieures dans le bras expérimental comme le montre le tableau ci-dessous :  

 

Atezolizumab + Chimiothérapie

Chimiothérapie

p

PFS médiane (mois)

7

5,5

 

HR de PFS (95% CI)

0,64 (0,54-0,77)

0,0001

Survie médiane (mois)

18,6

13,9

 

HR de Survie

0,79 (0,64-0,98)

0,033

Dans des analyses de sous-groupes le bénéfice de survie était observé pour tous les sous-groupes (y compris l’expression négative de PD-L1), à l’exception des patients qui avaient des métastase hépatiques et des patients qui avaient des altérations moléculaires EGFR ou ALK. 

Le taux de réponse (y compris le taux de réponse complète) était supérieur dans le bras expérimental (49,2% vs 31,9%) de même que le taux de stabilité (38 vs 30%) et la durée de réponse (8,4 vs 6,1 mois).  

Presque tous les patients ont eu des effets adverses de tout grade (99,6 vs. 99,1 %). De même les effets adverses de grade 3 et 4 étaient fréquents, plus fréquents d’ailleurs dans le groupe expérimental (81 % vs 71 %). La neutropénie représentait le principal événement secondaire rapporté au traitement de grade ≥3 (32 vs 28%). Des décès rapportés au traitement ont été observés chez 2% des patients du bras expérimental et moins de 1% de ceux du bras standard. Enfin des effet adverses sévères ont été observés chez 51 et 38% des patients. Quant aux évènements immunologiques, ils ont été observés chez 45% des patients et la majorité d’entre eux étaient de grade 1 ou 2. 

Cet essai démontre donc à nouveau la supériorité de l’association chimiothérapie-immunothérapie sur la seule chimiothérapie chez des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde et traités en première ligne. Cette supériorité existe quelque que soit le statut PD-L1 bien que les effectifs de cet essai ne permettent pas de démontrer que cette différence atteint la significativité chez les négatifs (HR = 0,81 (0,61–1,08). Cette démonstration, déjà faite avec le pembrolizumab, un anti PD-1, dans les cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes (cliquer ici) et épidermoïdes (cliquer ici)  est faite ici pour la deuxième fois avec l’atezolizumab, un anti PD-L1.  

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Reference

Atezolizumab in combination with carboplatin plus nab-paclitaxel chemotherapy compared with chemotherapy alone as first-line treatment for metastatic non-squamous non-small-cell lungcancer (IMpower130): a multicentre, randomised, open-label, phase 3 trial.

West H, McCleod M, Hussein M, Morabito A, Rittmeyer A, Conter HJ, Kopp HG, Daniel D, McCune S, Mekhail T, Zer A, Reinmuth N, Sadiq A, Sandler A, Lin W, Ochi Lohmann T, Archer V, Wang L, Kowanetz M, Cappuzzo F.

Lancet Oncol2019; 20 : 924-937

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.