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Thorax

L’incidence de deuxièmes cancers chez les fumeurs traités pour cancer du poumon justifie un suivi prolongé et ciblé sur les cancers du fumeur

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juin 2019

Épidémiologie, Surveillance

L’intérêt de ce travail est qu’il a été réalisé à partir d’un registre national anglais dans lequel ont été incluses les données de 98% des malades atteints de cancer en Angleterre de janvier 2000 à décembre 2014. Ceci représente 490 328 patients atteints de cancers broncho-pulmonaires dont 99,9% ont des données de survie disponibles au 31 décembre 2014. 

Les auteurs ont centré leur travail sur 43% de ces malades (n  =213 245) qui ont survécu au moins 6 mois après le diagnostic.  

Bien que le taux de survie de cette population soient très faibles, 4710 patients dont le diagnostic avait été fait en 2004 ou avant étaient toujours vivants à 10 ans. 

Parmi les 213 245 malades qui ont survécu au moins 6 mois après le diagnostic, 2328 (1,1%) ont eu un deuxième cancer primitif pendant leur suivi et un certain nombre d’entre eux en ont eu plusieurs.

Les auteurs ont ensuite calculé les rapports standardisés d’incidence (standardised incidence rate ratios : SIRs) en rapportant le nombre de deuxièmes cancers observés au nombre de deuxièmes cancers attendus. Ce rapport SIT était plus élevé chez les patients de 30 à 49 ans ou de 50 à 59 ans, chez les femmes et chez les patients défavorisés. Seuls les patients atteints d’adénocarcinome ou de cancer épidermoïde avaient une incidence de deuxième cancer plus  élevée qu’attendu, alors que ce n’était pas le cas des tumeurs carcinoïdes.

Les deuxièmes cancers les plus fréquents étaient liés au tabac puisqu’il s’agissait surtout de cancers bronchiques non à petites cellules et à petites cellules, de cancers de vessie, de cancers de l’œsophage, du larynx et d’autres cancers de la tête et du cou. 

Globalement, l’incidence de ces deuxièmes cancers liés au tabac était, dans la population atteinte de cancer broncho-pulmonaire, 3 fois plus élevée que dans la population générale non atteinte de cancer broncho-pulmonaire.  Cette incidence standardisée variait dans le temps. Par exemple, chez un homme dont le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire avait été porté entre 50 et 59 ans, elle commençait à s’élever à un an de suivi, atteignait son maximum à trois ans, pour diminuer ensuite mais en restant toujours supérieure à celle de la population générale. Cette incidence a augmenté chez les patients dont le diagnostic a été le plus récent.

La conclusion de ce travail est qu’il faut suivre au moins jusqu’à 10 ans les patients qui survivent à un cancer broncho-pulmonaire et inclure dans cette surveillance les sites principaux des autres cancers liés au tabac.

 

Reference

Incidence of second and higher order smoking-related primary cancers following lung cancer: a population-based cohort study.

Barclay ME, Lyratzopoulos G, Walter FM, Jefferies S, Peake MD, Rintoul RC.

Thorax2019; 74 : 466-472

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.