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Annals of Oncology

lmmunothérapie en première ligne du mésothéliome : nouveaux résultats de l’étude de phase III CheckMate 743

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juin 2022

Mésothéliomes

En février 2021, nous commentions ici les premiers résultats de l’étude de phase III CheckMate 743 qui comparait en première ligne chez les patients atteints de mésothéliome thoracique non résécable une double immunothérapie par Nivolumab à 3 mg/kg toutes les 2 semaines et ipilimumab à 1 mg/kg toutes les 6 semaines, à une chimiothérapie associant 75 mg/m2 de cisplatine ou carboplatine AUC 5 et pemetrexed à 500 mg/m2 toutes les 3 semaines (cliquer ici) . 

L'objectif principal de cette étude était la survie. Cet objectif principal était atteint pour l’ensemble des malades dès l’analyse intermédiaire effectuée avec un suivi minimum de 22,1 mois : Les patients du bras expérimental avaient une survie médiane significativement augmentée à 18,1(16,8-21,4) mois vs 14,1 (12,4-16,2) mois (HR (96,6% CI) = 0,74 (0,60-0,91), p= 0,0020). Les taux de survie à 1 et 2 ans étaient respectivement de 68 vs 58% et 41 vs 27%). 

Les nouveaux résultats publiés le sont avec un suivi minimum de 3 ans : comme le montre le tableau ci-dessous, continuent à montrer un bénéfice significatif : 

 

Nivolumab et Ipilimumab

Platine et Pemetrexed

p

Survie médiane (mois) 95%CI

18,1(16,8-21)

14,1 (12,4-16,3)

 

HR (96,6% CI)

0,73 (0,61-0,87)

0,0020

Survie à 3 ans (%) 95% CI 

23,2 (18,4-28,2)

15,4 (11,5-19,9)

 

Ce bénéfice était beaucoup plus important dans les formes histologiques non épithélioïdes (HR = 0,48 (0,34-0,69)) que dans les formes épithélioïdes (HR = 0,85 (0,69-1,04)). Toutefois sous immunothérapie les durées médianes de survie des formes épithélioïdes et non épithélioïdes étaient pratiquement les mêmes (18,2 et 18,1 mois) alors que sous chimiothérapie la survie médiane des épithélioïdes était nettement supérieure à celle des non épithélioïdes (16,7 mois et 8,8 mois). 

Si on regarde enfin l’importance de l’expression de PD-L1 on voit que l’amplitude du bénéfice  était supérieure chez les patients qui exprimaient PD-L1  (0,71 (0,57-0,88) vs 0,99 (0,69-1,43). Toutefois PD-L1  n’était pas un facteur de stratification.

Si les durées médianes de survie sans progression différaient peu (6,8 et 7,2 mois) le taux de PFS à 3 ans était beaucoup plus élevé dans le bras immunothérapie (14 vs 1%). Quant aux durées médianes de réponse elles étaient de 11,6 mois sous immunothérapie et de 6,7 mois sous chimiothérapie. 

Une analyse exploratoire a été menée pour évaluer l’influence de la signature de 4 gènes inflammatoires : un score élevé était prédictif d’une plus longue survie pour les patients du bras immunothérapie mais pas pour ceux du bras chimiothérapie. 

Aucun nouveau signal de toxicité n’a été détecté et on note que, comme dans d’autres études concernant l’immunothérapie les patients chez lesquels l’immunothérapie a été interrompue pour un évènement secondaire rapporté au traitement  ont une survie meilleure (37% de survie à 3 ans vs 23% chez l’ensemble des malades). 

Cet article confirme avec un suivi plus prolongé les premiers résultats et fait maintenant de la double immunothérapie une nouvelle option de traitement des mésothéliomes étendus. On peut cependant regretter que le traitement standard n’ait  été qu’une bithérapie par cisplatine ou carboplatine et pemetrexed alors que la supériorité d’une trithérapie comportant l’association cisplatine, pemetrexed et bevacizumab était démontrée par l’essai MAPS de l’IFCT (cliquer ici) et considérée comme un nouveau standard  chez les malades qui n’avaient pas de contre-indication au bevacizumab (cliquer ici)

 

 

Reference

First-line nivolumab plus ipilimumab versus chemotherapy in patients with unresectable malignant pleural mesothelioma: 3-year outcomes from CheckMate 743.

Peters S, Scherpereel A, Cornelissen R, Oulkhouir Y, Greillier L, Kaplan MA, Talbot T, Monnet I, Hiret S, Baas P, Nowak AK, Fujimoto N, Tsao AS, Mansfield AS, Popat S, Zhang X, Hu N, Balli D, Spires T, Zalcman G.

Ann Oncol 2022; 33 : 488-499.

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.