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Journal of Thoracic Oncology

Quelle est en France la perception du cancer broncho-pulmonaire ?

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mars 2015

Épidémiologie, Prévention

La rapidité d’accès aux soins est possiblement liée à la perception qu’ont les personnes non malades de leur risque d’avoir la maladie et de leurs chances de guérir si elles en étaient atteintes.

Ces considérations sont aussi importantes à connaitre pour le clinicien car elles interfèrent dans sa relation avec le patient tant au moment de l’annonce diagnostique que de la prise en charge.

Pour mieux connaître la perception qu’ont les personnes non malades du cancer broncho-pulmonaire, cette large enquête prospective nationale a inclus près de 1500 sujets sains. Elle s’est intéressée aux représentations sociales du cancer du poumon en interrogeant chaque participant sur les facteurs de risque, l’épidémiologie, les signes cliniques, le traitement, le pronostic et les croyances en rapport avec le cancer du poumon.

L’article rapporte une  analyse quantitative couplée à une analyse lexicale.

L’échantillon de population sélectionné était considéré être représentatif de la population française en juin 2013. Sur 2200 questionnaires envoyés, il y a eu 1629 réponses dont 1469 ont été considérées éligibles (soit 67%).

Concernant l’épidémiologie, 40% des participants savaient que l’incidence du cancer du poumon était stable chez l’homme et 75% qu’elle augmentait chez la femme. Les principaux facteurs étiologiques étaient bien connus des personnes interrogées qui mentionnaient principalement parmi les causes le tabagisme actif (93%), l’exposition professionnelle (80%), le tabagisme passif (67%) et la pollution (55%). En revanche, seulement 62% des fumeurs et 21% des non fumeurs s’estimaient à risque de cancer broncho-pulmonaire.

Concernant les symptômes et le pronostic, 85% pensaient que la maladie était symptomatique dans la majorité des cas. 83% considéraient le cancer du poumon comme une maladie sévère, au même niveau que le cancer du pancréas et devant les cancers colo-rectaux, du sein et de la prostate. Le taux de survie à 5 ans tous stades confondus était surestimé (32% versus 15% actuellement), mais le taux de survie des stades précoces opérés était lui sous-estimé (52%).

Concernant les traitements, 32% pensaient que le cancer bronchique était curable à tous les stades. Les principaux traitements étaient connus (chimiothérapie (91%), arrêt du tabac (90%), chirurgie (71%), radiothérapie (64%)) mais seulement 45% des personnes interrogées connaissaient les thérapeutiques ciblées. 74% pensaient que l’administration des traitements nécessitait une hospitalisation, et 60% une voie intraveineuse pour être efficace. La chimiothérapie seule était considérée comme un traitement efficace pour 44% des personnes interrogées et 21% pensaient que les médecines alternatives pouvaient traitées le cancer du poumon.

L’analyse du champ lexical a montré que l’expression « cancer du poumon » était associée au tabac, à une maladie fatale, à la pollution, à la chimiothérapie et à la souffrance. En comparaison avec le cancer du sein, le cancer du poumon était associé à la notion de culpabilité, de style de vie et à une perte d’autonomie.

En conclusion, cette étude souligne la nécessité d’une part de prendre en compte ces croyances au moment de l’annonce et dans le dialogue avec les patients et leur famille ; d’autre part de réaliser une large campagne d’information sur le bénéfice du dépistage, le bon taux de survie des stades précoces et les progrès majeurs avec les thérapeutiques ciblées. 

 

Docteur Perrine Crequit

Servive de Pneumologie

Hôpital Tenon

Reference

Perception of Lung Cancer among the General Population and Comparison with Other Cancers.

Mazières J, Pujol JL, Kalampalikis N, Bouvry D, Quoix E, Filleron T, Targowla N, Jodelet D, Milia J, Milleron B.

J Thorac Oncol 2015; 10 : 420-5

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.