Vous êtes ici

Journal of Thoracic Oncology

Quelle séquence de traitement pour les patients mutés EGFR qui présentent des métastases cérébrales ?

1.02
Average: 1 (1 vote)
janvier 2017

EGFR, Métastases cérébro-ménagées, Radiothérapie, Traitement des stades IV

Si les données de plusieurs études de phase II, évoluant l’activité des inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR chez les patients dont la tumeur présente une mutation activatrice de l’EGFR, sont disponibles, on ne dispose pas d’études randomisées évaluant un traitement séquentiel par inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR  puis radiochirurgie ou inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR puis radiothérapie panencéphalique ou bien l’inverse (radiochirurgie ou radiothérapie panencéphalique puis inhibiteurs de la tyrosine kinase de l’EGFR).  De ce fait, cette étude multicentrique institutionnelle américaine a été conduite chez 351 patients provenant de six établissements qui ont développé des métastases cérébrales et qui n’avaient pas reçu de traitement par inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. Parmi ceux-ci :

  • 131 (37%) ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR suivi par radiochirurgie ou radiothérapie panencéphalique,
  • 120 (34%) ont reçu une radiothérapie panencéphalique suivie par un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR,
  • et 100 (29%)  ont reçu une radiochirurgie suivie d’un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR.

Les caractéristiques des patients des trois groupes différaient sur plusieurs points : 

  • les patients du premier groupe avaient significativement moins de métastases symptomatiques, et significativement plus de métastases de taille <1cm.
  • Les patients du deuxième groupe avait un pronostic moins favorable est un nombre de métastases plus fréquemment supérieur à 10.

Il n’y avait pas de différence significative entre les trois groupes concernant l’âge, le sexe, le PS, le tabagisme, le statut mutationnel, et la présence de métastases extra-cérébrales.

La survie de l’ensemble de la cohorte était de 30 mois.

Les chiffres de survie et de progression cérébrale des 3 groupes de patients sont indiqués ci dessous :

Traitement initial

Radiochirurgie

RT panencéphalique

TKI de l’EGFR

Médiane de survie (mois)

46

30

25

Survie à deux ans (%)

78

62

51

Temps médian jusqu’à progression cérébrale (mois)

23

24

17

Dans une analyse multivariée incluant  l’âge, le PS, le nombre de métastases cérébrales, le type de mutations de l’EGFR, et la présence ou non de métastases extra-cérébrales, les patients traités par radiochirurgie initiale avaient une survie significativement améliorée (0,39; 95% CI, 0,26-0,58; p= 0,001). Il en était de même, mais de façon moins importante, pour les patients qui recevaient en premier une radiothérapie panencéphalique (0,70; 95% CI 50%-98%; p= 0,039).

Cette étude rétrospective multicentrique apporte des arguments en faveur de la séquence radiothérapie suivie par un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR plutôt que l’inverse surtout lorsqu’une radiochirurgie est possible.  Parce qu’elle est rétrospective et parce qu’elle ne représente que les résultats de 6 centres académiques, cette étude n’est pas suffisante pour faire changer les pratiques au moins tant qu’une étude prospective randomisée ne montrera pas la même chose. De plus, parce que l’accès à la radiothérapie stéréotaxique n’est pas extrêmement rapide, ce débat paraît un peu théorique car il ne viendrait à l’esprit de personne d’attendre que soit réalisée la radiothérapie stéréotaxique sans proposer un inhibiteur de la tyrosine kinase de l’EGFR. 

 

Reference

Management of Brain Metastases in Tyrosine Kinase Inhibitor-Naïve Epidermal Growth Factor Receptor-Mutant Non-Small-Cell Lung Cancer: A Retrospective Multi-Institutional Analysis.

Magnuson WJ, Lester-Coll NH, Wu AJ, Yang TJ, Lockney NA, Gerber NK, Beal K, Amini A, Patil T, Kavanagh BD, Camidge DR, Braunstein SE, Boreta LC, Balasubramanian SK, Ahluwalia MS, Rana NG, Attia A, Gettinger SN, Contessa JN, Yu JB, Chiang VL.

J Clin Oncol. 2017 Jan 23: [Epub ahead of print]

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.