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Journal of Thoracic Oncology

WJOG9717L Study : une étude de phase II randomisé comparant Bevacizumab et Osimertinib au seul Osimertinib chez les patients atteints de CBNPC mutés EGFR

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septembre 2022

EGFR, Thérapeutique ciblée

On dispose de plusieurs études randomisées comparant chez les malades atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde muté EGFR un inhibiteur de la tyrosine kinase de l ‘EGFR seul ou associé à un anti-angiogénique (cliquer ici)

L’étude multicentrique de phase II que nous commentons ici pose à nouveau cette question en comparant en première ligne l’osimertinib à l’association osimertinib et bevacizumab .

Cette étude a été menée dans 21 sites japonais. Pour être éligibles, les patients devaient avoir au moins 20 ans, un cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde et présentant une mutation activatrice de l'EGFR, de stade III B, IIIC ou IV, non accessible à un traitement radical, un PS à 0 ou 1 et ne pas avoir de métastase cérébrale symptomatique. 

Ils étaient randomisés sur un mode 1/1 pour recevoir jusqu’à progression :

  • Soit 80 mg/jour d’osimertinib,
  • Soit ce même traitement associé à 15 mg/kg de bevacizumab toutes les 3 semaines. 

L'objectif principal était la survie sans progression appréciée par un comité indépendant. Les objectifs secondaires étaient la survie sans progression appréciée par les investigateurs, la survie globale, le taux de réponse et la toxicité. 

Résultats

Un total de 122 patients (61 dans chaque bras) ont été inclus et randomisés  dans cette étude dans 21 centres japonais et les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. 

Avec un suivi médian de 30,4 mois il n’y avait pas de différence significative de survie sans progression appréciée par un comité indépendant  entre les deux bras comme le montre le tableau ci-dessous : 

 

Osimertinib

Osimertinib et Bevacizumab

p

PFS médiane CI[1] (mois) (95%CI) 

20,2 (11,7-NA)

22,1 (19,8-NA)

 

HR de PFS (95%CI)  

0,86 (0,53-1,39)

0,21

PFS à 12 mois (%)

63,7

73,8

 

PFS à 24 mois (%)

44,5

49,8

 

Taux de réponse (95%CI)   (%)

86 (77-96)

82 (72-92)

 

Durée médiane de réponse (mois)

17,6

22,9

 

Nombre de décès (%) 

18 (30)

18 (30)

 

Même si les résultats des investigateurs différaient un peu avec une durée médiane de PFS à 24,3 mois dans le bras expérimental et 17,1 dans le bras contrôle, cette différence n’était pas significative (HR=0,80 (0,5-1,27), p 0,17). 

Dans une analyse de sous-groupes la survie sans progression appréciée par un comité indépendant ne différait significativement dans aucun des sous-groupes (âge, sexe, stade, type de mutation, tabagisme, PS, présence ou absence de métastases cérébrales ou hépatiques). 

Des effets adverses de grade ≥ 3 ont été observés chez 56% des patients qui ont reçu le traitement expérimental vs 48% de ceux du bras contrôle. Il s’agissait des effets secondaires habituellement observés sous osimertinib et sous bevacizumab. Davantage de patients du bras osimertinib ont eu des pneumopathies de tous grades (11(18,3%) vs 2 (3,3%). Il s’agissait cependant essentiellement de pneumopathies de grade 1 et 2 (10 vs 1) ; seulement 1 patient dans chaque bras a et une pneumopathie de grade 3 et aucun de grade 4 ou 5.          

Cette étude n’a donc pas démontré que, chez les malades atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules non épidermoïde muté EGFR, l’adjonction de bevacizumab à l’osimertinib prolonge significativement la survie sans progression alors que l’association bevacizumab et erlotinib comparée au seul erlotinib est susceptible d’augmenter significativement la survie sans progression comme nous le rappelle une étude italienne publiée dans ce même numéro  (cliquer ici). Il est possible que ces résultats soient liés aux effectifs réduits de cette étude.  Une étude de phase III sponsorisée par le NCI qui doit inclure 300 patients est actuellement en cours. Initiée en octobre 2020 elle devrait s’achever en septembre 2025. D’ici là il ne sera pas possible d’avoir une réponse définitive à cette question même si on peut imaginer, comme le suggère l’éditorial qui accompagne ces articles (cliquer ici) que l’association soit plus active chez certains patients, peut-être par exemple chez ceux qui ont des métastases cérébrales … 

 

[1] comité indépendant

Reference

Randomized Phase 2 Study of Osimertinib Plus Bevacizumab Versus Osimertinib for Untreated Patients With Nonsquamous NSCLC Harboring EGFR Mutations: WJOG9717L Study. 

Kenmotsu H, Wakuda K, Mori K, Kato T, Sugawara S, Kirita K, Yoneshima Y, Azuma K, Nishino K, Teraoka S, Shukuya T, Masuda K, Hayashi H, Toyozawa R, Miura S, Fujimoto D, Nakagawa K, Yamamoto N, Takahashi T. 

J Thorac Oncol 2022; 17 : 1098-1108

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.