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Lancet Respiratory Medicine

Alectinib versus crizotinib chez des patients asiatiques : premiers résultats de l’étude de phase III ALESIA

2.01
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mai 2019

ALK, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Thérapeutique ciblée

Il y a près de 2 ans que nous commentions sur ce site les résultats de deux importantes études de phase III, l’étude ALEX (cliquer ici) et l’étude J-ALEX (cliquer ici) qui comparaient l’alectinib au crizotinib chez des patients atteints d’un cancer bronchique non à petites cellules ALK positif. 

Ces études différaient sur quelques points, notamment la nationalité des patients étudiés (ALEX était une étude internationale, J-ALEX une étude menée exclusivement au Japon), le traitement antérieur (ils devaient ne pas avoir été traités dans ALEX et pouvaient avoir reçu une ligne de chimiothérapie dans J-ALEX), la méthode diagnostique (seule l’immunohistochimie était exigée dans ALEX) et la dose d’alectinib (2 X 600 mg par jour dans l’étude ALEX et 2 X 300 mg dans J-ALEX). 

L'objectif principal de l’étude J-ALEX, la survie sans progression mesurée de façon centralisée, était atteint avec un HR de PFS à 0,34 (0,17-0,71). Celui de l’étude ALEX, la survie sans progression appréciée par les investigateurs, était également largement atteint avec un HR de PFS à 0,47 (0,34-0,65).

Ces deux études non seulement montraient que l’efficacité de l’alectinib en première ligne était supérieure à celle du crizotinib mais qu’en outre l’alectinib retardait l’apparition des métastases cérébrales et était plus actif pour le traitement de celles-ci et que la toxicité de l’alectinib était inférieure à celle du crizotinib.  

L’étude à promotion industrielle ALESIA dont les premiers résultats sont présentés ici est la troisième étude randomisée de phase III qui pose cette question. 

Elle a été conduite dans 21 sites de Chine, de Corée du Sud, et de Thaïlande.

Les critères d’inclusion étaient assez proches de ceux de l’étude ALEX : seule l’immunohistochimie était exigée, les patients ne devaient pas avoir reçu antérieurement de traitement systémique pour leur cancer étendu ou métastatique (ils pouvaient avoir reçu une chimiothérapie péri-opératoire) et devaient avoir des lésions mesurables. Les métastases cérébrales et méningées étaient autorisées si elles étaient asymptomatiques. Dans le cas où elle était symptomatiques, elles devaient avoir été traitées par radiothérapie et celle-ci devait être terminée depuis au moins 14 jours. 

Comme dans l’étude ALEX les patients étaient randomisés pour recevoir soit  alectinib à 600 mg/j X 2 soit  crizotinib à 250 mg/j X2.  

L'objectif principal était également la survie sans progression appréciée par les investigateurs. Les objectifs secondaires étaient la survie sans progression appréciée par un comité indépendant, les taux et durée de réponse, la survie globale et la toxicité. 

Sur 258 patients screenés, 187 patients ont été randomisés, 125 dans le bras alectinib et 62 dans le bras crizotinib. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties.   

Le tableau ci-dessous résume les principaux résultats : 

 

Crizotinib (%)

Alectinib (%)

p

Efficacité

Nombre

62

125

 

HR de PFS (investigateurs) (95% CI) 

0,22 (0,13-0,38)

<0,0001

PFS médiane (investigateurs)  (mois)

11,1

NA

HR de PFS (comité indépendant) (95% CI)

0,37 (0,22-0,61

<0,0001

PFS médiane (comité indépendant) (mois)

10,7

NA

 

Réponses (% RC/RP)

5/73 

4/87

0,0095

Progressions cérébrales isolées (%)

36

10

<0,0001

HR de décès (95% CI)[1]  

0,28 (0,12-0,68) 

Toxicité

Evénements adverses (%)

100

99

 

Evénements adverses de grade 3-5 (%)

48

29

 

Nausées (tout grade/grade 3-5) (%)

34/3

6/1

 

Vomissements (tout grade/grade 3-5) (%)

36/3

6/0

 

Diarrhées (tout grade/grade 3-5) (%)

50/0

13/0

 

L'objectif principal est donc largement atteint, la survie sans progression médiane étant significativement améliorée, qu’elle soit évaluée par les investigateurs ou par un comité indépendant. Les données de survie ne sont pas matures; il faudra les interpréter en tenant compte du fait que 81% des patients du bras crizotinib ont reçu un traitement à la progression contre seulement 63% des patients du bras alectinib. 

Ces résultats obtenus chez des patients exclusivement asiatiques avec 600 mg, 2 fois par jour d’alectinib sont très proches de ceux de l’étude ALEX qu’elle confirme : l’alectinib a une meilleure efficacité, y compris cérébrale, et une meilleure tolérance que le crizotinib. 

 

 

 

[1]Données immatures 

Reference

Alectinib versus crizotinib in untreated Asian patients with anaplastic lymphoma kinase-positivenon-small-cell lung cancer (ALESIA): a randomised phase 3 study.

Zhou C, Kim SW, Reungwetwattana T, Zhou J, Zhang Y, He J, Yang JJ, Cheng Y, Lee SH, Bu L, Xu T, Yang L, Wang C, Liu T, Morcos PN, Lu Y, Zhang L.

Lancet Respir Med2019; 7 : 437-446

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.