Vous êtes ici

Journal of Thoracic Oncology

Immunothérapie et mutations rares : une étude rétrospective française.

1.02
Average: 1 (1 vote)
avril 2020

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Immunothérapie, Thérapeutique ciblée, Tumeurs rares

Nous avons commenté sur ce site l’an dernier les résultats de l’étude IMMUNOTARGET (cliquer ici), une étude rétrospective multicentrique et internationale conduite par Julien Mazières à laquelle plusieurs centres français avaient participé dont l’objectif était de déterminer quelle était l’activité de l’immunothérapie chez les malades qui ont au moins une altération d’un driver oncogénique. Cette étude incluait les données de 551 patients traités par immunothérapie et qui présentaient au moins un des altérations de drivers oncologiques suivants : EGFR, HER2, KRAS, BRAF, MET, ALK, ROS1 et RET.  Cette étude montrait que si on excluait les patients mutés KRAS, le taux de réponse moyen n’était que de 12,7 % et les taux de progression étaient extrêmement élevés.

Voici une autre étude rétrospective qui a été conduite par le GFPC chez des patients explorés dans 21 centres. Ces patients devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules avec des mutations de BRAF V600 ou non, d’HER2 et de MET ou des translocations de RET et être traités par immunothérapie. Le but de cette étude était de connaitre les caractéristiques cliniques de ces patients et l’efficacité de l’immunothérapie. 

En tout, 107 patients ont été inclus dans cette étude rétrospective.  Leur âge moyen était de 65,5 ans et 85/107  (80%) avaient un PS <2 . Parmi ces patients, 26 avaient une mutation BRAF V600 et 18 non V600, 23 d’HER2 et 30 de MET. Par ailleurs, 9 avaient une translocation de RET.  Presque tous avaient un adénocarcinome et le statut PD-L1 était connu chez 45 de ces patients : il était négatif chez 11 et positif chez 34. 

L’immunothérapie, le plus souvent à base de nivolumab et de pembrolizumab, était reçue en première ligne chez 8 patients (7%), en deuxième ligne chez 54 (50%), en troisième ligne chez 28 (26%) et en quatrième ligne chez 10 (9%)

Avec un suivi médian de 9,2 mois, les principaux résultats concernant l’efficacité étaient les suivants (tableau ci-dessous) : 

 

Total

BRAF V600

BRAF non V600

MET

HER2

RET

Taux de réponse (%)

31,3

26,1

35,3

35,7

27,3

25

Taux de contrôle (%)

59,6

60,9

52,9

71,4

50

37,5

Durée de réponse médiane (mois)

15,4

NA

13,1

10,4

15,2

12,1

PFS médiane (mois)

4,7

5,3

4,9

4,9

2,2

7,6

Taux de PFS à 1 an (%)

28

39,1

24,6

22,2

22,9

26,7

Durée médiane de survie (mois)

16,2

22,5

12

13,4

20,4

NA

Les taux et durées de réponse et les taux de survie sans progression ne sont ici pas très différents de ceux décrits dans les études qui évaluent l’immunothérapie en deuxième ligne ou plus chez les malades qui n'ont pas d'altération moléculaire. 

Il n’est pas possible de comparer ces résultats à ceux de l’étude IMMUNOTARGET parce que ces deux études de cohortes n’ont probablement pas inclus des malades qui avaient exactement les mêmes caractéristiques et c’est certainement cela qui explique les différences d’activité de l’immunothérapie dans ces deux études. Il nous semble en tout cas que les thérapeutiques ciblées doivent être prescrites à ces malades lorsqu’elles existent avant de discuter l’administration d’une immunothérapie (ou de l’ immuno-chimiothérapie).  Mais ces résultats plaident pour que cette discussion de l'utilisation de l’immunothérapie  ait lieu, pour les lignes ultérieures pour les malades porteurs de ces mutations et translocations rares, comme pour ceux qui n’ont pas d’altération moléculaire. 

Reference

Efficacy and Safety of Anti-PD-1 Immunotherapy in Patients With Advanced NSCLCWith BRAF, HER2, or MET Mutations or RET Translocation: GFPC 01-2018.

Guisier F, Dubos-Arvis C, Viñas F, Doubre H, Ricordel C, Ropert S, Janicot H, Bernardi M, Fournel P, Lamy R, Pérol M, Dauba J, Gonzales G, Falchero L, Decroisette C, Assouline P, Chouaid C, Bylicki O.

J Thorac Oncol  2020; 15 : 628-636

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.