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Journal of Clinical Oncology

Une corticothérapie qui précède l’immunothérapie a-t-elle une influence sur l’efficacité de celle-ci ?

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septembre 2018

Immunothérapie, Traitement des stades III, Traitement des stades IV

Les corticoïdes sont fréquemment utilisés au cours du traitement des cancers bronchiques non à petites cellules avec des indications très variées telles que par exemple la fatigue, la dyspnée, l’anorexie, ou les métastases cérébrales symptomatiques. Mais la corticothérapie a une fonction immunosuppressive et les études cliniques explorant l’immunothérapie dans le cancer du poumon considérent l’utilisation d’une corticothérapie avant le traitement comme un facteur d’exclusion. Pourtant la corticothérapie mise en œuvre au cours du traitement pour un effet secondaire immunologique ne semble pas avoir d’effet délétère. Alors faut-il continuer à faire de la corticothérapie en cours lors du début de l’immunothérapie une contre-indication à celle-ci ? C’est la question à laquelle se proposent de répondre les auteurs de ce travail à partir de 2 cohortes de patients traités par un seul agent (pembrolizumab, nivolumab, atézolizumab ou durvalumab) dans deux grands centres, le Memorial Sloan Kettering Cancer Center (n=455) et Gustave Roussy (n=185). 

Parmi ces 640 patients, au moment du début de l’immunothérapie :

  • 90 (14%) recevaient au moins 10 mg (ou l’équivalent) de  prednisone
  • Et 17 (3%) recevaient moins de 10 mg. Ils ont été inclus dans le groupe de patients qui ne recevaient pas de corticoïdes. 

Les caractéristiques des patients des deux groupes recevant ou non des corticoïdes étaient bien réparties à l’exception d’un mauvais PS et des métastases cérébrales qui étaient plus fréquents chez les malades qui recevaient des corticoïdes. 

Les résultats pour chaque cohorte sont montrés le tableau ci-dessous :

 

Memorial Sloan Kettering

Gustave Roussy

 

CT

Pas de CT

p

CT

Pas de CT

p

Réponses (%)

6

19

0,02

8

18

0,2

PFS médiane (mois)

1,9

2,6

0,001

1,7

1,8

<0,001

Survie médiane (mois)

5,4

12,1

<0,001

3,3

8,4

<0,001

Dans l’analyses de deux cohortes regroupées, toutes les différences étaient significatives. 

Une analyse multivariée a été réalisée sur les 640 malades intégrant le tabagisme, le PS et les antécédents de métastases cérébrales : le fait de recevoir une corticothérapie avant la mise en œuvre de l’immunothérapie restait associé à une diminution significativement du taux de réponse, de la survie sans progression et de la survie globale. L’effet était comparable que les patients aient reçu > 20mg ou 10 à 20 mg de corticoïdes. Enfin lorsque les patients recevaient des corticoïdes et les avaient interrompus dans les 30 jours qui précédaient le début de l’immunothérapie la diminution d’efficacité était moins importante. 

Cependant 6 patients qui recevaient une corticothérapie palliative au moment du début de l’immunothérapie ont cependant répondu dont 4 d’entre eux pendant plus de 15 mois. Leurs caractéristiques cliniques ne différaient pas de celles des autres patients. 

Cette étude démontre qu’une corticothérapie palliative reçue, avant le début d’une immunothérapie, diminue fortement les chances d’efficacité de celle-ci. Ces prescriptions palliatives doivent donc être réfléchies et administrées uniquement quand elles sont indispensables car beaucoup de nos patients  sont amenés à recevoir au cours de l’évolution de leur maladie une immunothérapie. 

  

 

 

Reference

Impact of Baseline Steroids on Efficacy of Programmed Cell Death-1 and Programmed Death-Ligand 1 Blockade in Patients With Non-Small-Cell Lung Cancer.

Arbour KC, Mezquita L, Long N, Rizvi H, Auclin E, Ni A, Martínez-Bernal G, Ferrara R, Lai WV, Hendriks LEL, Sabari JK, Caramella C, Plodkowski AJ, Halpenny D, Chaft JE, Planchard D, Riely GJ, Besse B, Hellmann MD.

J Clin Oncol2018. [Epub ahead of print

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.