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Journal of Clinical Oncology

Une étude de phase II explorant le crizotinib chez les patients dont la tumeur présente un réarrangement ROS1

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avril 2018

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

L’incidence des réarrangements ROS1 qui est estimée à 1 à 2% des patients qui ont un cancer bronchique non à petites cellules est un peu supérieure en Asie puisqu’elle est estimée à 2 à 3%. On sait que l’efficacité du crizotinib chez les malades qui présentent cette anomalie est extrêmement importante à la suite d’une étude de phase I suivie d’une cohorte d’extension (cliquer ici)  ou d’études de cohortes dont une étude de cohorte européenne coordonnée par Julien Mazières (cliquer ici) et une étude effectuée dans le cadre du  programme ACSé  coordonnée par Denis Moro-Sibillot (ASCO 2015).

L’étude de phase II menée en Asie est donc tout à fait utile dans ce contexte. C’est une étude ouverte multicentrique qui a été réalisée de 2013 à 2016 dans 37 sites de l’est de l’Asie. Les patients inclus devaient avoir un cancer bronchique non à petites cellules localement avancé ou métastatique présentant un réarrangement ALK confirmé en RT-PCR et non traité antérieurement par un anti-ALK ou anti-ROS. Ils étaient traités à la dose de 250 mg, 2 fois par jour de crizotinib.  L'objectif principal était le taux de réponse revu par un comité indépendant et il était prévu d’inclure 110 patients.   

Cent vingt sept patients venant de Chine, du Japon, de Corée du Sud et de Taiwan ont été inclus. Ils étaient en majorité d’âge inférieur à 65 ans, plus fréquemment de sexe féminin, non-fumeurs, avec un PS à 0 ou 1. Presque tous présentaient un adénocarcinome le plus souvent métastatique avec 18% de métastases cérébrales. La majorité avaient reçu une ou plusieurs lignes de chimiothérapie.

Le taux de réponse revu par un comité indépendant était de 71,7 %. Dix-sept patients ont eu une réponse complète et 74 une réponse partielle. Ces taux de réponse n’étaient influencés ni par la présence de métastases cérébrales, ni par le nombre de lignes de chimiothérapie, ni par le pays, l’âge, le sexe, le tabagisme ou le PS.

La durée médiane de réponse était de 19,7 mois.

La survie sans progression médiane était de 15,9 mois. Elle était supérieure chez les patients qui n’avaient pas de métastase cérébrale (mais ceci doit être interprété avec prudence compte-tenu des petits effectifs de patients ayant des métastases cérébrales). Près de 60% des patients étaient toujours suivis ce qui rend les données de survie immatures (95%CI, 32,5-NA).

Aucune donnée nouvelle concernant les événements secondaires rapportés au traitement n’a été observée (élévation des transaminases, troubles visuels, nausées, diarrhée et vomissements). La qualité de vie et les symptômes étaient améliorés.

Cette étude de phase II menée de façon rigoureuse chez 127 patients confirme des taux et durées de réponse sous crizotinib très élevés et des durées de survie sans progression et de survie globale particulièrement longues d’autant que ces malades avaient reçu au préalable une (41,7%), deux (24,4%) ou trois (15%) lignes de chimiothérapie. Ces résultats permettent de souligner encore une fois combien ne pas rechercher ROS1 chez nos malades représenterait une importante perte de chance. 

Reference

Phase II Study of Crizotinib in East Asian Patients With ROS1-Positive Advanced Non-Small-Cell Lung Cancer.

Wu YL, Yang JC, Kim DW, Lu S, Zhou J, Seto T, Yang JJ, Yamamoto N, Ahn MJ, Takahashi T, Yamanaka T, Kemner A, Roychowdhury D, Paolini J, Usari T, Wilner KD, Goto K.

J Clin Oncol. 2018 Mar 29  [Epub ahead of print]

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.