New England Journal of Medicine

Atezolizumab en première ligne : les premiers résultats de l’étude IMpower 150 présentés à l ‘ASCO.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2018

Immunothérapie, Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV

L’étude IMpower 150 dont les premiers résultats viennent d’être présentée à l ‘ASCO sont publiés en même temps dans le New England Journal of Medicine. IMPower 150 est une étude multicentrique internationale randomisée de phase III à promotion industrielle qui concerne la première ligne de traitement des cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes métastatiques. 

Méthodes 

Pour être inclus ces patients pouvaient avoir :

-      N’importe quel statut PD-L1, 

-      Un statut mutationnel négatif ou une mutation EGFR ou une altération de ALK à condition, dans ces deux derniers cas, qu’ils aient progressé après une première ligne d’un inhibiteur de la tyrosine kinase,

Ils ne pouvaient pas avoir :

-      De métastases cérébrales non traitées, 

-      De maladies auto-immunes. 

Ils étaient randomisés sur un mode 1/1/1 pour recevoir 4 à 6 cycles (nombre défini par l’investigateur avant la randomisation) administrés tous les 21 jours :

-      Soit de l’atezolizumab à 1200 mg, du carboplatine (AUC 6) et du paclitaxel à 200 mg/m2 (groupe ACP),

-      Soit ce même traitement et du bevacizumab à 15 mg/kg (groupe ABCP),

-      Soit un traitement par bevacizumab, carboplatine et paclitaxel (groupe  BCP) considéré par beaucoup comme l’un des standards actuels. 

Ils étaient stratifiés sur le sexe, la présence de métastases hépatiques, et le statut PD-L1. 

Un crossover pour l’atezolizumab n’était pas autorisé. 

Il y avait deux objectifs principaux :

-       La survie sans progression (définie par les investigateurs). Cette survie sans progression était étudiée dans plusieurs populations définies par leur statut mutationnel et leur immunité. Sur ce dernier point ils étaient définis par la signature T-cell (Teff) gène prenant en compte PD-L1 , CXCL9 et IFN-γ

-       Et la survie globale dans la population de malades EGFR et ALK sauvages. 

Pour l’analyse de l’objectif principal, le groupe ABCP était comparé au groupe BCP (l’immunothérapie+standard vs standard) puis le groupe ACP au groupe BCP (standard versus chimiothérapie +immunothérapie). 

Cette publication concerne uniquement la première question c'est à dire la comparaison de l’association d’une immunothérapie au standard chimiothérapie et bevacizumab à ce seul standard (ABCP vs BCP). 

Efficacité

Quatre cent patients ont été inclus dans chacun de ces deux bras et 402 dans le bras ACP dont nous ne reparlerons pas. Les caractéristiques des patients de ces trois groupes étaient bien réparties. Dans le groupe ABCP, il y avait 356 sauvages et 155 parmi ceux-ci avaient une signature Teff élevée.  Dans le groupe BCP, il y avait 336 sauvages et 129 parmi ceux-ci avaient une signature Teff élevée.  

Avec un suivi médian de 15,4 et 15,5 mois la survie sans progression était significativement supérieure dans le bras ABCP comme le montre le tableau ci-dessous :

 

ABCP

BCP

p

PFS médiane (mois)

8,3

6,8

 

HR de PFS 

0,62 (95%CI : 0,52-0,74)

<0,001

PFS à 6 mois (%)

66,9

56 ,1

 

PFS à 12 mois (%)

36,5

18

 

PFS selon la signature Teff

PFS médiane chez les Teff élevée

11,3

6,8

 

HR de PFS chez les Teff élevée

0,51 (95%CI : 0,38-0,68)

<0,001

PFS et statut mutationnel EGFR/translocation ALK-EML4 positif

PFS médiane (mois)

9,7

6,1

 

HR de PFS

0,51 (95%CI : 0,37-0,94)

 

PFS et statut PD-L1 <10%  

PFS médiane (mois)

8

6,8

 

HR de PFS 

0,68 (95%CI : 0,56-0,82)

 

Ces chiffres ont été confirmés en lecture centralisée. 

On notera que ces différences de survie sans progression 

-       sont particulièrement importantes chez les malades qui ont une signature Teff élevée 

-       qu’elles se retrouvent aussi chez les malades qui ont une mutation activatrice de l'EGFR ou une translocation ALK-EML4 

-       et qu’elles sont également observées dans le groupe des malades qui ont un statut PD-L1 faible ou négatif. 

Avec un suivi médian de 20 mois la durée médiane de survie globale de la population sauvage était significativement plus longue chez les patients du groupe ABCP que chez ceux du groupe BCP (19,2 vs 14,7 mois, HR : 0,78 (95%CI : 0,64-0,86), p=0,02. 

Le taux de réponse était de 63,5% dans le groupe ABCP vs 48% dans le groupe BCP et la durée médiane de réponse était de 9 mois vs 5,7 mois. 

Toxicité

L’incidence des événements secondaires rapportés au traitement de grade I-2 était de 39,5% dans le bras ABCP et 45,4% dans le bras BCP. L’incidence des événements secondaires rapportés au traitement de grade 3-4 était de 55 ,7% dans le bras ABCP et 47,7% dans le bras BCP (neutropénies, HTA, thrombopénies notamment). Les décès rapportés au traitement étaient de 2,8% et 2,3%, principalement dus à des hémorragies. La plupart des événements immunologiques étaient de grade 1 ou 2 (rash, hépatite, hypothyroïdie, hyperthyroïdie, pneumopathie et colite). 

Cette étude montre que, comparativement au standard issu de l’étude de Sandler l’adjonction d’atezolizumab à ce même standard prolonge significativement à la fois la survie sans progression et la survie de patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules non épidermoïdes. Ces bénéfices significatifs sont observés de façon très large, quel que soit le statut PD-L1 et quel que soit le statut mutationnel. Il est certain que ces résultats sont susceptibles de faire évoluer nos pratiques, le nombre de stratégies qui nous sont offertes devenant de plus en plus vastes. Associé au carboplatine et au paclitaxel l’immunothérapie peut-elle se substituer au bevacizumab ? Nous le saurons lors de la présentation de la deuxième partie de cette étude. 

 

 

 

 

 

 

Reference

Atezolizumab for First-Line Treatment of Metastatic Nonsquamous NSCLC.

Socinski MA, Jotte RM, Cappuzzo F, Orlandi F, Stroyakovskiy D, Nogami N, Rodríguez-Abreu D, Moro-Sibilot D, Thomas CA, Barlesi F, Finley G, Kelsch C, Lee A, Coleman S, Deng Y, Shen Y, Kowanetz M, Lopez-Chavez A, Sandler A, Reck M; IMpower150 Study Group.

N Engl J Med2018 Jun 4. [Epub ahead of print]

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