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Journal of Clinical Oncology

Mutations germinales au cours du mésothéliome malin

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octobre 2018

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Dépistage, Épidémiologie, Mésothéliomes

Le mésothéliome pleural et le mésothéliome  péritonéal, sont deux sont fortement liés à l’exposition à l’amiante. On sait qu’une forte exposition professionnelle ou une exposition environnementale faible mais prolongée augmentent l’une et l’autre le risque. On sait aussi que tous les sujets exposés ne développeront pas de mésothéliome et qu’on voit même des mésothéliomes chez des patients pour lesquels aucune exposition à l’amiante n’est retrouvée. Tous ces faits suggèrent qu’il pourrait exister une susceptibilité héréditaire.

L’identification de mutations germinales de BAP 1 dans des familles présentant plusieurs mésothéliomes est l’un des facteurs dont le rôle est maintenant connu : des études ont en effet démontré que des mésothéliomes fréquents et d’évolution rapide se développent plus souvent chez des souris qui sont porteuses d’une anomalie ce Bap1 et ont une exposition faible à l’amiante que chez des souris qui sont soumises à la même exposition  mais qui n’ont pas cette anomalie génétique. 

Plus  récemment d’autres mutations germinales d’autres gènes de susceptibilité au cancer ont été décrites. 

Cette étude a cherché à définir la fréquence des mutations germinales et les facteurs qui y sont associés chez 198 patients atteints de mésothéliome. Ils avaient un âge médian de 67 ans, la majorité d’entre eux étaient de sexe masculin, avaient un mésothéliome pleural (n=148), une histologique épithélioïde, et une exposition à l’amiante (n=129). 

Vingt-sept d’entre eux (14%) avaient un antécédents d’autre cancer : une maladie hématologique maligne, un cancer du sein, un cancer de la prostate ou un mélanome étaient les principaux cancers. La plupart d’entre eux avaient un antécédents familial de cancer.

Vingt-trois (12%) de ces 198 patients avaient une mutation germinale et l ‘un d’entre eux en avait deux. La mutation la plus fréquemment rencontrée était BAP1 retrouvée chez 6 patients. 

Cette découverte de mutations germinales est plus fréquente :

-      Chez les patients qui ont un mésothéliome péritonéal (25 vs 11%),

-      Chez les patients pour lesquels on ne retrouve pas d’exposition à l’amiante,

-      Chez les patients qui ont un deuxième cancer, 

-      Chez les jeunes (4% à plus de 75 ans vs 20% à moins de 55 ans). 

L’âge, l’exposition à l’amiante et le deuxième cancer sont les 3 facteurs significativement liés à la présence d’une mutation germinale. 

Cet intéressant article comporte encore beaucoup d’autres informations dont les conséquences pratiques ne sont pas claires. On sait que les mutations de BAP 1 confèrent une augmentation du risque de développer un certain nombre de cancers : mésothéliome mais aussi mélanomes cutanés et oculaires, cancer du rein etc … Si on acquière à la lecture de cet article la conviction que la recherche de mutations germinales  de BAP 1 peut être positive notamment chez les patients jeunes, peu ou pas exposé à l’amiante, ou atteints de cancers multiples,  on s’interroge sur l’utilité de cette information pour le malade et sa famille : faut-il faire cette recherche systématiquement ou seulement chez les malades qui ont les critères cités plus haut ? Faut-il explorer la famille des patients positifs et quelle surveillance doit-on exercer ? Un groupe de travail réunissant des experts de cette thématique va se réunir  prochainement à Lyon en marge des journées Alain Depierre de l’IFCT. 

 

Reference

Frequency of Germline Mutations in Cancer Susceptibility Genes in MalignantMesothelioma.

Panou V, Gadiraju M, Wolin A, Weipert CM, Skarda E, Husain AN, Patel JD, Rose B, Zhang SR, Weatherly M, Nelakuditi V, Knight Johnson A, Helgeson M, Fischer D, Desai A, Sulai N, Ritterhouse L, Røe OD, Turaga KK, Huo D, Segal J, Kadri S, Li Z, Kindler HL, Churpek JE.

J Clin Oncol2018; 36 : 2863-2871

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.