Annals of Oncology

Les cellules tumorales circulantes : une étude prospective française.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2017

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Anatomo-pathologie

La recherche de cellules tumorales circulantes pourrait représenter une alternative très intéressante à la biopsie tissulaire et permettre un séquençage de multiples gènes et d’envisager un monitoring de la biologie tumorale. Seule la technique développée par CellSearch* a été validée par la FDA pour isoler les cellules tumorales.

La publication de l’équipe de Gustave Roussy rapportée ici s’est intéressée aux aspects cliniques et translationnels de la recherche de cellules tumorales circulantes dans le cancer bronchique non à petites cellules. L’expression de la vimentine (marqueur de la transition epithelio-mesenchymateuse –EMT-) a également été évaluée. La recherche de cellules tumorales circulantes a concerné 154 patients ayant un cancer bronchique non à petites cellules  naïfs de tout traitement (29 ont finalement été exclus, 8 ayant un cancer bronchique à petites cellules, 21 ayant des stades non métastatiques). Finalement 125 patients ont pu faire l’objet d’une évaluation.

On retrouve au moins une cellule tumorale circulante chez 54.4% des patients, au moins 2 chez 40.8% et 19.2% des patients ont au moins 5 cellules tumorales circulantes. On note que 8 patients sur 125 présentaient uniquement des cellules tumorales circulantes vimentines positives (vim+ CTC).

Après 47 mois de suivi, on note une survie sans progression  (p=0.026) et une survie globale (p=0.002) inférieures chez les patients qui avaient plus de 5 cellules tumorales circulantes avant l’instauration de la chimiothérapie. En analyse multivariée, le nombre de cellules tumorales circulantes supérieur à 5 reste significativement lié à une moins bonne survie globale (p=0.022) mais pas à la survie sans progression  (p=0.118).

Les auteurs n’ont pas mis en évidence de différence concernant les principales caractéristiques (histologie, tabagisme, PS…) entre les patients vim+ CTC et les vim- CTC. La présence de CTC vim+ n’est pas associée à une moins bonne survie. L’hypothèse des auteurs était que les cellules tumorales circulantes pouvaient devenir vim+ sous l’effet du traitement, compte tenu du fait que la transition epithelio mésenchymateuse est considérée comme un mécanisme de résistance. Il n’est pas retrouvé de différence de taux de CTC vim+ avant et après traitement.

Outre la validation du caractère pronostique des cellules tumorales circulantes (supérieures à 5), une des originalités de l’article est la mise en évidence de différences au sein des différents types de cancers bronchiques non à petites cellules. Parmi les patients ALK réarrangés, il semble que la proportion de cellules tumorales circulantes soit moins importante que chez les patients WT.  A l’inverse, chez les patients EGFR mutés, on retrouve plus de cellules tumorales circulantes au total que chez les WT (p=0.038) et plus de vim+CTC (p=0.013). Ce dernier constat est assez surprenant chez des patients naïfs de tout traitement. Les auteurs s’attendaient plutôt à la survenue sous traitement comme étant un mécanisme d’échappement.

L’utilité future de cette technique dans la prise en charge du cancer bronchique non à petites cellules au quotidien reste à préciser.

 

 

 

Reference

A Prospective Examination of Circulating Tumor Cell Profiles in Non-Small Cell Lung Cancer Molecular Subgroups.

Lindsay CR, Faugeroux V, Michiels S, Pailler E, Facchinetti F, Ou D, Bluthgen MV, Pannet C, Ngo-Camus M, Bescher G, Caramella C, Billiot F, Remon J, Planchard D, Soria JC, Besse B, Farace F.

Ann Oncol 2017; 28 : 1523–1531, 

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