Lung Cancer

Peut-on « rebiopsier » dans la « vraie vie » : une étude prospective française

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2014

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Anatomo-pathologie

Entre mars 2012 et février 2013,  100 patients de 18 centres français ont été inclus dans cette étude prospective dont l’objectif principal était de déterminer les taux de succès des nouvelles biopsies («rebiopsies») effectuées au moment de la progression des cancers bronchiques non à petites cellules. Les objectifs secondaires étaient de décrire les éventuels effets secondaires de ces nouvelles biopsies et leur impact clinique.

L’âge médian de ces patients était de 64 ans. Il y avait une majorité de femmes (56%) et une grande majorité d’adénocarcinomes (89%) et de non fumeurs (84%).

Le profil moléculaire n’avait pas pu être déterminé chez 18% des patients lors de la première biopsie. La moitié des patients présentaient une mutation de l’EGFR.

Dans 18% des cas, la « rebiopsie » n’a pas pu été réalisée, le plus souvent du fait d’un traitement anticoagulant. Dans les 82 autres cas, elle a été effectuée dans la majorité des cas par voie endoscopique (n=43), mais aussi par ponction thoracique sous scanner (n=19), biopsie d’un site extra-thoracique (n=10) ou chirurgie (n=5). Seulement 6% de ces prélèvements étaient exclusivement cytologiques.

Chez les 50 patients qui avaient initialement une mutation de l’EGFR, la mutation initiale n’était retrouvée que dans 16 cas et une mutation T790M dans 2 cas. Dans un cas une mutation KRAS a été trouvée. Dans 3 cas un changement d’histologie a été observé.  Il s'agissait un fois d'un cancer bronchique à petites cellules. 

Chez les 22 patients « rebiopsiés » qui avaient une tumeur KRAS et EGFR de type sauvage,  4 anomalies moléculaires ont été découvertes : une mutation EGFR et une mutations HER2 et une translocation ALK-EML4 et une translocation ROS1. Un changement d’histologie a été également constaté.

Ainsi dans 25 des 82 nouvelles biopsies réalisées, un impact clinique  a été observé.

Seulement trois complications ont été observées : 1 pneumothorax nécessitant un drainage et 2 hémoptysies prolongeant l’hospitalisation.

Cette intéressante série montre que, chez des patients bien choisis, la rentabilité de ces « rebiopsies » est particulièrement élevée et s’accompagne d’une morbidité peu importante.

Il est trop tôt pour généraliser ces résultats à l’ensemble des malades car ces patients ont été en partie sélectionnés à deux niveaux : 1) leurs caractéristiques cliniques de sexe, d’histologie et de tabagisme témoignent bien de cette sélection qu’on pressentait puisque 100 patients ont été inclus dans cette étude par 18 centres en un an, ce qui est un  nombre modeste de patients par centre. 2) Les prélèvements ont été très fréquemment réalisés par voie endoscopique et les taux de complications ne sont pas forcément les mêmes que ceux des biopsies sous scanner . Dans une importante série récente (/reperer-la-tumeur-avec-du-lipiodol-avant-la-radiotherapie), 745 biopsies effectuées en général sous scanner dans un but de recherche,  s’accompagnaient d’un  taux global de complications de 5,2% et d’un taux de complications majeures de 0,8%.

Actuellement, les recommandations de l’ESMO insistent sur le fait que ces biopsies doivent faire l’objet d’une discussion du rapport bénéfice/risque entre le médecin et le malade  (/erlotinib-en-association-concomitante-une-radiotherapie-cerebrale).

 

Reference

Feasibility and clinical impact of re-biopsy in advanced non small-cell lung cancer: A prospective multicenter study in a real-world setting (GFPC study 12-01).

Chouaid C1, Dujon C2, Do P3, Monnet I4, Madroszyk A5, Le Caer H6, Auliac JB7, Berard H8, Thomas P9, Lena H10, Robinet G11, Baize N12, Bizieux-Thaminy A13, Fraboulet G14, Locher C15, Le Treut J16, Hominal S17, Vergnenegre A18.

Lung Cancer 2014 ; 86 : 170-173

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