Lancet

Atezolizumab versus docetaxel en deuxième ligne : une étude de phase III

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2017

Immunothérapie, Traitement des stades IV

Nous avons commenté sur ce site deux études de phase III  positives qui comparaient au docetaxel un anti PD1, le nivolumab dans les cancers épidermoïdes (cliquer ici)  et dans les non épidermoïdes (cliquer ici) . Nous avons également  commenté une étude de phase II-III avec un autre anti PD1, le pembrolizumab, dans toutes les histologies avec le même schéma; cette étude était également positive (cliquer ici) . Plus récemment, nous avons commenté une étude de phase II avec cette fois un anti PD-L1, l’atezolizumab toujours comparé au docetaxel. Cette étude montrait un avantage de survie significatif chez les 287 malades inclus. Cette étude suggérait aussi une différence d’activité de ce traitement en fonction de l’immunomarquage non seulement par les cellules tumorales mais aussi par les cellules immunitaires. Toutefois ces conclusions étaient limitées par le fait qu’il s’agissait d’une étude de phase II (cliquer ici)  et nous annoncions pour 2017 les résultats prévus de l’étude de phase III.

Voici les résultats de cette étude, l’étude OAK,  qui sont accessibles en ligne aux derniers jours de 2016.

C’est une étude à promotion industrielle menée dans 194 centres académiques répartis dans 31 pays. Les patients avaient un cancer bronchique non à petites cellules  épidermoïdes ou non épidermoïdes et un PS à 0 ou 1.

Il y avait trois critères de stratification : le type histologique épidermoïde ou non, le nombre de cycle de chimiothérapie préalable, et l’expression de PDL1 sur les cellules tumorales et sur les cellules immunitaires infiltrant la tumeur. Cette dernière était déterminée par immunohistochimie établie de façon centralisée par un anticorps de Roche Ventana. Les scores étaient déterminés ainsi :

  • TC1/2/3 et IC1/2/3 si au moins 1% de cellules tumorales et immunes exprimant PD-L1.
  • TC2/3 et IC2/3 si au moins 5% de ces  cellules exprimant PD-L1.
  • TC3 si au moins 50% de cellules tumorales exprimant PD-L1 et IC3 si au moins 10% de cellules immunes exprimant PD-L1.
  • TC0 et IC0 quand il y avait moins de 1% des cellules qui exprimaient PDL1.

L’atezolizumab était administré par voie intra-veineuse à dose fixée de 1200 mg toutes les 3 semaines. Le docetaxel était administré à 75 mg/m2 toutes les 3 semaines. L’objectif principal était la survie de l’ensemble de la population en intention de traiter et selon le score immunologique.

Au total, 425 patients ont été randomisés pour recevoir de l’atezolizumab et 425 du docetaxel. Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient réparties de façon identique.

Les chiffres de survie sont résumés sur le tableau ci dessous :

 

Médiane de survie (mois)

HR (95% CI)

p

 

Atezolizumab

Docetaxel

Ensemble de la population

13,8

9,6

0,73 (0,62-0,87)

0,0003

TC ou IC 1/2/3

15,7

10,3

0,74 (0,58-0,93)

0,010

TC ou IC 2/3

16,3

10,8

0,67 (0,49-0,90)

0,008

TC ou IC 3

20,5

8,9

0,41 (0,27-0,64)

<0,0001

TC ou IC 0

12,6

8,9

0,75 (0,59-0,96)

0,021

On voit que pour tous les scores, y compris chez les patients à score <1%, comme pour l’ensemble de la population, la survie est significativement supérieure chez les patients traités par atezolizumab. Ces résultats ont été observés dans les cancers épidermoïdes comme dans les non épidermoïdes.

Des effets adverses de grade 3 ou 4 ont été rapportés chez 37% des patients traités par atezolizumab et 54% de ceux qui ont été traités par docetaxel, dont 15 et 43% rapportés au traitement. Les effets rapportés à l’immunothérapie  étaient principalement la fatigue (14%), les nausées (9%), l’anorexie (9%), et l’asthénie (8%).

Cette étude de phase III  est la première qui montre, comparativement au traitement de référence par docetaxel,  un bénéfice significatif de survie d’un anti PDL1 chez des patients qui ont progressé après une ou 2 ligne(s) de chimiothérapie. Ce bénéfice s’observe chez tous les malades et est plus important chez ceux qui ont une immunohistochimie PDL1 positive et encore plus chez ceux chez lesquels elle est très positive. En outre ce bénéfice s’observe avec une moindre toxicité. L’atezolizumab prend donc une place importante parmi les immunothérapies des cancers bronchiques non à petites cellules.  

 

Reference

Atezolizumab versus docetaxel in patients with previously treated non-small-cell lung cancer (OAK): a phase 3, open-label, multicentre randomised controlled trial.

Rittmeyer A, Barlesi F, Waterkamp D, Park K, Ciardiello F, von Pawel J, Gadgeel SM, Hida T, Kowalski DM, Dols MC, Cortinovis DL, Leach J, Polikoff J, Barrios C, Kabbinavar F, Frontera OA, De Marinis F, Turna H, Lee JS, Ballinger M, Kowanetz M, He P, Chen DS, Sandler A, Gandara DR; OAK Study Group..

Lancet 2016 Dec 12 Epub ahead of print

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