Journal of the National Cancer Institute

Cancer du poumon et arsenic : une étude chilienne.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mars 2018

Épidémiologie

L'arsenic est présent dans le sol comme beaucoup d’autres minerais et il est donc naturel d’en trouver de petites quantités dans l'eau d’autant que certaines industries l’utilisent par exemple pour certains fongicides utilisés dans les vignes.

L’OMS a conseillé de tendre pour l'eau de boisson vers une valeur de 10 µg par litre d'eau, valeur en pratique largement dépassée dans beaucoup d’eaux de boisson qui nous sont distribuées et même dans certaines des eaux minérales qui sont en vente. 

Pourtant une augmentation du risque de cancers cutanés et de cancers du poumon, de la vessie et du rein est bien connue chez les personnes qui boivent de façon prolongée de l’eau contaminée à l’arsenic. 

Cependant on ne connait pas bien la période de latence de ces cancers dont on pense qu’elle pourrait excéder une vingtaine d’années.

Les auteurs de cette étude menée au Chili ont déjà publié les résultats d’études cas-contrôles qui ont démontré une importante augmentation de ces cancers dans la région II,  une région du nord du Chili : dans cette région la concentration d’arsenic dans l’eau était de 117 µg/L jusqu’à ce qu’en1958 la principale ville de cette région modifie la provenance de son eau dont la concentration en arsenic devint 5 fois supérieure è 600 µg/L. Après que des mesures d’élimination de l’arsenic aient été prises en 1970, les taux ont baissé pour devenir inférieurs dès 1980 aux taux d’avant 1958 et même à partir de 1988 très inférieurs.

Les auteurs ont étudié les taux de mortalité de ces cancers dans la région II comparativement à une autre région du Chili, la région V,  qui avait une exposition à l’arsenic très faible et dont les  caractéristiques socio-économiques de la population étaient comparables.

Dans cette région II les taux de mortalité par cancers du poumon et de la vessie ont commencé à augmenter environ 10 ans après la plus forte exposition sans qu’un pic ne soit atteint pendant les 20 années qui ont suivi la réduction de l’exposition. Le pic a été atteint dans les années 80-90, c'est à dire 40 ans après le début de la forte exposition en 1958.

Cet article dont nous n’avons fait que résumer les résultats démontre avec une remarquable méthodologie que l’arsenic dans l’eau de boisson est responsable d’une importante augmentation de la mortalité par cancer broncho-pulmonaire (mais aussi de la vessie et du rein) : la mortalité par cancer du poumon  fait plus que tripler chez l’homme et doubler chez la femmes. L’augmentation de ce risque commence à apparaitre 10 ans après une forte augmentation de la concentration d’arsenic dans l’eau de boisson et se poursuit jusqu’à 40 ans après.

Le rôle éventuel d’autres facteurs, et en particulier du tabac,  pour expliquer ces variations est discuté et rejeté avec une argumentation solide. 

 

Reference

Lung, Bladder, and Kidney Cancer Mortality 40 Years After Arsenic Exposure Reduction.

Smith AH, Marshall G, Roh T, Ferreccio C, Liaw J, Steinmaus C.

J Natl Cancer Inst  [Epub ahead of print]

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer