European Respiratory Journal

En France, le traitement chirurgical du cancer broncho-pulmonaire évolue. Une nouvelle étude à partir de la base EPITHOR.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
octobre 2015

Épidémiologie, Prévention, Chirurgie

A partir du grand fichier chirurgical prospectif français EPITHOR dont plusieurs études ont été analysées sur ce site (/prev-em-onco/2299, /chez-les-patients-atteints-de-cbnpc-non-epidermoides-etendus-lanalyse-moleculaire-doit, /controverse-sur-lusage-systematique-de-lechoendoscopie-bronchique-ebus, /les-tep-fdg-faussement-negatives, /la-radiotherapie-post-operatoire-des-cancers-de-stade-iiia-n2-une-etude-negative-de-la), les auteurs de ce travail multicentrique français ont revu les données de plus de 34 000 patients opérés d’un cancer broncho-pulmonaire entre 2005 et 2012 dans 103 centres français pour étudier, outre les caractéristiques cliniques, la survie et la mortalité  post-opératoire des malades opérés pendant cette période. 

En 8 ans, la proportion de femmes a augmenté de 24 à 30%. Dans le même temps le nombre de sujets âgés et ayant un score anesthésique (ASA) ≥3 a également augmenté.

Les techniques chirurgicales ont varié pendant cette période : diminution significative des pneumonectomies, multiplication par 8 des lobectomies vidéo-assistées, augmentation des curages ganglionnaires, diminution des chimiothérapies néoadjuvantes et chimiothérapie et radiothérapie adjuvantes.

Les caractéristiques des cancers ont également changé : il y a eu une augmentation du nombre d’adénocarcinomes,  et de cancers de stades I et II.

La nature des complications a varié mais la mortalité post-opératoire a progressivement diminué de 3,5 à 2,4%.

Le taux de survie à 3 ans a augmenté significativement de 80,5% à 81,8%.

Entre 2005 et 2008, le taux de survie à 3 ans des patients qui avaient eu une segmentectomie était inférieur à celui des patients qui ont eu une lobectomie, alors que de 2009 à 2012, il était le même.

Pendant toute la durée de l’étude, les taux de survie des patients qui ont eu une bilobectomie ou une pneumonectomie étaient inférieurs.

Ces données très intéressantes montrent donc sur une grande période et à partir de données nationales qui sont presque exhaustives qu’en 7 ans l’épidémiologie des cancers opérés a changé, avec des facteurs pronostiques favorables (plus de femmes, plus d’adénocarcinomes, plus de stades I et II) mais aussi défavorables (plus de sujets âgés ou ayant un mauvais score anesthésique. Les techniques ont aussi changé (moins d’interventions étendues). Pendant tout ce temps, la mortalité post-opératoire et la mortalité globale a diminué. Il est difficile de savoir quelle en est précisément la cause .  Outre ces facteurs, il est possible que les mesures qui ont conduit à la fermeture des centres peu actifs en soient au moins partiellement responsables (/les-tep-fdg-faussement-negatives).  Cet article démontre aussi une fois de plus que la base EPITHOR est une formidable source de renseignements. 

Reference

Time trends in surgery for lung cancer in France from 2005 to 2012: a nationwide study.

Morgant MC, Pagès PB, Orsini B, Falcoz PE, Thomas PA, Barthes Fle P, Dahan M, Bernard A; Epithor project (French Society of Thoracic and Cardiovascular Surgery).

Eur Respir J 2015; 46 : 1131-9

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer