Complications cardiaques de la radiothérapie des cancers bronchiques non à petites cellules

Les effets cardiaques de la radiothérapie sont bien connus, mais ont été plus souvent décrits chez les survivants à long terme des lymphomes ou des cancers du sein que chez ceux des cancers bronchiques non à petites cellules de stade III, probablement parce que chez ces derniers il y a moins de survivants à long terme…

Le but de cet article est de définir la fréquence et l’impact sur la survie des complications cardiaques de la radiothérapie effectuée dans les cancers bronchiques non à petites cellules avancés à partir des données de 2 centres américains qui ont participé à 4 essais cliniques prospectifs institutionnels entre 2002 et 2013.  L’objectif principal était la détermination du taux d’effets cardiaques de grade ≥3.

Au total 125 patients ont fait l’objet de cette analyse. Ils avaient un âge médian de 66 ans, les 3/4 étaient de sexe masculin et presque tous avaient un indice de Karnofsky ≥ 80. Presque tous étaient fumeurs (52%) ou anciens fumeurs (42%).  Chez 27 % d’entre il existait une maladie cardiaque préalable. Le score de Framingham, qui estime la probabilité de survenue d’accidents cardiovasculaires dans les 10 prochaines années, a été estimé chez 71 patients et était ≥ 20% chez 19.

Enfin plus de 80 % ont reçu une chimiothérapie concomitante et la dose de radiothérapie médiane prévue était de 70 Gy.

 Le suivi médian a été de 23 mois pour l’ensemble de la cohorte et de 51 mois pour ceux qui étaient vivants lors du dernier contact.

Dix-neuf patients ont eu un évènement cardiaque de grade ≥ 3 après une durée médiane de 11 mois depuis le traitement :

• Insuffisance coronarienne de grade 3 (n=5),
• Insuffisance cardiaque congestive de grade 3 (n=5),
• Arythmie de grade 3 (n=2) et 5 (n=1),
• Valvulopathie de grade 3 et 4 (n=2),
• Epanchement péricardique de grade quatre (n=2),
• Enfin 2 patients sont décédés  «d’arrêt cardiaque» .

En analyse univariée, les facteurs associés à un évènement cardiaque de grade ≥ 3 étaient le sexe masculin, un diabète, une maladie cardiaque préexistantes est un score de Framingham élevé. De plus les doses cardiaques définies par les pourcentages de volume cardiaque recevant 5 (V5Gy ) et 30 Gy (V5Gy)  étaient significativement associées à une élévation du risque.

En analyse multivariée, les antécédents cardiologiques et la dose de radiothérapie reçue étaient les facteurs significativement associés à la survenue d’évènements de grade ≥3. La survenue de ces effets cardiaques de grade 3 était significativement associée à la survie globale.  

Ces effets secondaires cardiologiques sont donc relativement fréquents dans les 2 années qui suivent une radiothérapie thoracique. Les patients qui ont des antécédents cardiologiques doivent être particulièrement surveillés et le meilleur rapport bénéfice risque doit être attentivement recherché.