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New England Journal of Medicine

Mieux sélectionner les candidats au dépistage du cancer broncho-pulmonaire

2.01
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février 2013

Dépistage, Diagnostic précoce

La plupart des recommandations sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire (/prev-em-onco/2999, /prev-em-onco/3033) reprennent les critères d’inclusion de l’essai NLST (/prev-em-onco/2164) : âge de 55 à 74 ans, tabagisme cumulé à au moins 30 PA, et pour les anciens fumeurs un arrêt du tabac datant de moins de 15 ans. Ce sont aussi ces mêmes critères qui ont été repris dans l’article français récent (/prev-em-onco/3142). Ces critères d’inclusion dans l’essai NLST n’avaient pas été choisis par hasard, mais parce qu’ils paraissaient à l’époque aux auteurs de cette étude être ceux qui avaient le meilleur taux de détection du cancer broncho-pulmonaire.

Une autre étude, l’étude PLCO (/prev-em-onco/2343), qui porte sur le dépistage du cancer broncho-pulmonaire, par radiographie pulmonaire cette fois, se caractérise par l’inclusion d’un nombre très élevé de personnes soumises au dépistage, puisque plus de 150 000 personnes y ont participé. Un modèle de prévision du risque de cancer broncho-pulmonaire chez les personnes ayant participé à cet essai avait été décrit et publié  il ya près de 2 ans (http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/21606442).

Ce modèle incluait de nombreux facteurs prédictifs : l’âge, le niveau d’éducation, le BMI, les antécédents familiaux de cancer broncho-pulmonaire, des antécédents de BPCO, le fait d’avoir eu une radiographie dans les 3 ans précédents, le statut tabagique (ancien fumeur vs fumeur), le nombre de cigarettes fumées en PA, la durée du tabagisme, le temps depuis le quel il avait été interrompu chez les anciens fumeurs.  Ce modèle était très prédictif mais difficile à appliquer.

Le but du travail exposé dans cet article était d’établir un nouveau modèle de régression logistique prédictif susceptible d’être appliqué au NLST.

Les 73 618 fumeurs de l’étude PLCO (une grande quantité de non fumeurs avaient été inclus dans cette étude) et les 51 033 participants de l’étude NLST ont constitué la base de cette étude.

Ce modèle PLCOM2012 a été développé à partir du groupe contrôle des fumeurs de l’étude PLCO puis validé sur le groupe intervention des fumeurs de l’étude PLCO stratifié selon qu’ils avaient ou non les critères du NLST puis chez les participants du NLST eux-mêmes.

Le tableau ci-dessous indique les principaux facteurs liés au risque de cancer broncho-pulmonaire parmi la première cohorte de fumeurs du groupe contrôle de l’étude PLCO et leur Odds Ratio.

Variable

Modalité de variation

OR (95% CI)

p

Age

Par 1 année d’augmentation

1,081 (1.057–1.105)

<0,001

Race

 

 

 

               Blanc

 

1

 

            Noir

 

1.484 (1.083–2.033)

0,01

Niveau d’éducation

Par niveaux de 1

0.922 (0.874–0.972)

0,003

BMI

Par niveaux de 1

0.973 (0.955–0.991)

0,003

BPCO

Oui/Non

1.427 (1.162–1.751)

0,001

ATCD personnel de cancer

Oui/Non

1.582 (1.172–2.128)

0,003

ATCD familial de cancer broncho-pulmonaire

Oui/Non

1.799 (1.471–2.200)

<0,001

Tabagisme

Actuel/ancien

1.297 (1.047–1.605)

0,02

Nombre de PA

Relation non linéaire

Durée du tabagisme

Par 1 année d’augmentation

1.032 (1.014–1.051)

0,001

Temps de sevrage tabagique

Par 1 année d’augmentation

0.970 (0.950–0.990)

0,003

Dans le modèle PLCOM2012  le risque augmentait avec l’âge, le fait d’être noir, un niveau d’éducation bas, un BMI bas, des antécédents de BPCO, des antécédents personnels ou familiaux de cancer broncho-pulmonaire, un tabagisme actif, la durée du tabagisme, un temps court depuis l’arrêt chez les ex-fumeurs. L’augmentation du risque en fonction de l’intensité (nombre de PA) du tabagisme n’était pas linéaire.

Les valeurs prédictives  du modèle PLCOM2012 appréciées par l’aire sous la courbe (AUC) étaient élevées aussi bien dans la première cohorte de fumeurs témoins de l’étude PLCO que dans le groupe expérimental de cette même étude.

Lorsqu’on compare les valeurs prédictives des critères NLST à ceux du modèle PLCOM2012 appliqués  au groupe des fumeurs de l’étude PLCO, celles du PLCOM2012 sont nettement meilleures (tableau ci-dessous) :

Critères

Sensibilité

Spécificité

VPP

VPN

NLST

71,1

62,7

3,4

99,2

PLCOM2012

83

62,9

4

99,5

Enfin quand ce modèle PLCOM2012 est appliqué é aux résultats de l’étude NLST, le même bénéfice demeure.

 

Les auteurs concluent qu’un tel modèle devrait servir à sélectionner les personnes susceptibles de participer à un dépistage du cancer broncho-pulmonaire et qu’il permettrait d’obtenir probablement un meilleur rapport bénéfice risque. C’est probablement vrai, mais un tel modèle est-il applicable en routine ?  Est-on certain par ailleurs qu’en transposant les résultats du NLST à une population différente, par exemple à des fumeurs plutôt qu’à des anciens fumeurs, on ne risque pas de ne pas retrouver les résultats de cette étude ? Il n’est pas certain par exemple que les fumeurs actifs aient, en dehors des conditions expérimentales du NLST, exactement la même compliance que des anciens fumeurs. 

Reference

Selection criteria for lung-cancer screening.

Tammemägi MC, Katki HA, Hocking WG, Church TR, Caporaso N, Kvale PA, Chaturvedi AK, Silvestri GA, Riley TL, Commins J, Berg CD.

N Engl J Med 2013; 368 : 728-36. 

Auteur

Bernard Milleron

Rédacteur en chef d'EM-Onco.