Journal of Thoracic Oncology

Dans la « vraie vie » comme dans les études cliniques, le dépistage par scanner LD du cancer broncho-pulmonaire décèle davantage de cancers de stades précoces et n’est que très peu concerné par le surdiagnostic

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2022

Épidémiologie, Dépistage

Le changement de stades est l’un des principaux mécanismes plaidant pour l’efficacité du dépistage qui est maintenant bien démontrée par les études NLST (cliquer ici) et NELSON (cliquer ici). Par exemple, dans l’étude NELSON 58,6% des cancers dépistés étaient de stades I et 19% de stades II alors que seulement 13,5% et 9,9% des cancers diagnostiqués étaient de stades I et II. Ainsi les ¾ des cancers dépistés sont de stade I et II alors que seulement ¼ des cancers qui ne sont pas dépistés sont diagnostiqués à ces stades. Mais ces données issues d’essais cliniques sont-elles observées lorsque le dépistage est appliqué en dehors d’essais cliniques dans ce qu’il est convenu d’appeler la « vraie vie » ? 

Pour répondre à cette question, les auteurs de ce travail ont revu de façon rétrospective les données des patients adultes fumeurs ou anciens fumeurs âgés de 55 à 80 ans et atteints de cancer broncho-pulmonaire du 1/1/2014 au 30/9/2019 provenant de un des 4 systèmes de santé américains. Les deux objectifs principaux étaient de comparer la répartition de stades  et le nombre de cancers broncho-pulmonaires (pour évaluer le surdiagnostic) selon que les malades avaient eu ou non un scanner faiblement irradiant avant leur diagnostic de cancer. 

Au total 6012 personnes âgés de 35 à 89 ans ont été diagnostiquées pendant cette période comme atteintes d’un cancer broncho-pulmonaire primitif. Après avoir exclu 155 patients qui avaient des antécédents de cancer, 1383 qui avait moins de 55 ans ou plus que 80 ans, 322 pour lesquelles les données de tabagisme était incomplètes,  474 patients non-fumeurs, il restait une cohorte de 3678 personnes qui avaient un cancer broncho-pulmonaire incident tel que défini plus haut. L’âge médian des patients de cette cohorte était de 69 ans, il y avait 52 % de femmes, 63 % étaient anciens fumeurs et 37 % fumeurs. 

Pendant cette période, le nombre scanners annuels de dépistage a augmenté régulièrement de 1238 pendant le premier trimestre de 2014 à 3059 pendant le troisième trimestre de 2019. De façon attendue, la proportion de cancers dépistés passait pendant cette période de 0% durant le premier trimestre de 2014 à 20% pendant le troisième trimestre de 2019.

La mise en œuvre du dépistage n’a pas modifié de façon significative le taux d’incidence standardisé du cancer pulmonaire entre 2014 et 2018. 

Dans la même période, l’incidence globale des cancers de stades I et des cancers  de stade IV variaient toutes les deux de façon significative : l’incidence des cancers de stade I augmentait significativement de 2014 à 2018 et celle des cancers  de stades IV diminuait significativement. En revanche, ces incidences ne variaient pas significativement pour les cancers de stades II et III. 

Qu’un dépistage par scanner LD soit ou non réalisé, la répartition entre cancers épidermoïdes et non épidermoïdes ne différait pas significativement. En revanche ce dépistage était, comparativement à l’absence de dépistage, associé avec :

  • Une proportion plus élevée chez les dépistés de cancers de stade I (54,7 vs 27,9%) 
  • Et une proportion moindre de cancers de stade IV (17,6% vs 41,7%). 
  • En revanche la proportion de cancers de stades II et III ne différait pas significativement.

Enfin dans une analyse uni et multivariée, le dépistage était associé significativement avec un taux plus élevé de cancers de stade précoces (0, 1 et II) (OR = 3,51 (2,81-4,65). D’autres facteurs étaient également associés tels que notamment un âge élevé, un sexe féminin, et le fait d’être anciens fumeurs ainsi que plusieurs autres facteurs avec un OR entre 1,20 et 1,60.

On voit dans cette étude que même une faible implantation du dépistage suffit à démontrer que le dépistage permet d’observer une forte augmentation des cancers de stades précoces et un déclin des stades métastatiques. Et ceci alors que lors de la dernière année de l’étude seulement 20% des sujets avaient eu un scanner LD. Ces résultats sont d’autant plus intéressants que durant cette même période l’incidence des cancers broncho-pulmonaires n’a pas augmenté ce qui confirme une fois encore que dans le cancer broncho-pulmonaire le surdiagnostic est rarement en cause  comme l’étude NLST l’a bien démontré (cliquer ici)

 

Reference

Stage Migration and Lung Cancer Incidence After Initiation of Low-Dose Computed Tomography Screening 

Vachani A, Carroll NM, Simoff MJ, Neslund-Dudas C, Honda S, Greenlee RT, Rendle KA, Burnett-Hartman A, Ritzwoller DP. 

J Thorac Oncol 2022; 17 : 1355-1364

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer