Journal of Thoracic Oncology

Maladies cardio-vasculaire et risque de cancer broncho-pulmonaire

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2014

Épidémiologie, Prévention, Dépistage, Diagnostic précoce

L’hypothèse qui est à l’origine de ce travail est que l’association qui est fréquentes entre les maladies cardio-vasculaires et le cancer broncho-pulmonaire ne serait pas uniquement liée à des facteurs étiologiques communs tels que l’âge ou le tabagisme mais pourrait être aussi liée à l’inflammation chronique qui est associée à la fois aux maladies cardio-vasculaires et aux BPCO, dont on sait qu’elles sont elles mêmes un facteur de risque des cancers broncho-pulmonaires.

Méthodes

Les sujets inclus dans cette études sont ceux qui ont participé à l’étude HUNT une grande étude de santé publique norvégienne à la quelle ont participé de 1984 à 2008 plus de 100 000 personnes en Norvége.

Le diagnostic de cancer broncho-pulmonaire était retrouvé dans le registre norvégien des cancers qui est à déclaration obligatoire. La notion de maladie cardio-vasculaire était établie à partir des réponses des participants à l’étude HUNT : ont été considérés comme atteints de maladies cardio-vasculaire, les personnes qui répondaient oui aux questions suivantes :

-       Avez vous ou avez vous eu un infarctus du myocarde ?

-       Avez vous ou avez vous eu une angine de poitrine ?

-       Avez vous ou avez vous eu un accident vasculaire cérébral (stroke ) ?

Les autres variables qui ont pu être analysées dans cette étude concernaient le BMI, le sexe, l’âge, la toux et l’expectoration chronique et le tabagisme.

Population

Au total 97 087 personnes ont été inclues dont 65 828 dont les données étaient complètes. Il y avait environ 50% de non fumeurs, 32 % de fumeurs et 18% d’anciens fumeurs. Les participants avaient en moyenne 46 ans et ont été suivis en moyenne 15 ans.

Résultats

Durant ce suivi, 1080 cancers ont été diagnostiqués, 80% de cancers bronchiques non à petites cellules et 20% de cancers bronchiques à petites cellules. L’âge moyen au diagnostic était de 70 ans.

L’incidence cumulative de cancer broncho-pulmonaire était de 0,2% chez les non fumeurs, 0,9% chez les anciens fumeurs et 2,6% chez les fumeurs.

L’association éventuelle entre le risque de cancer broncho-pulmonaire et la notion de maladie cardio-vasculaire actuelle ou ancienne a été étudiée sur un modèle de Cox en ajustant  au BMI, au sexe, à la toux chronique et à l’âge. Après ajustement à ces variables, chez les non fumeurs, aucune relation n’a été retrouvée entre le risque de cancer broncho-pulmonaire et la notion de maladie cardio-vasculaire (HR : 0,87 [0,34–2,23]).

Chez les anciens fumeurs au contraire l’association entre le fait de rapporter des antécédents cardio-vasculaires et le risque de cancer broncho-pulmonaire pouvait être démontrée (1,74 [1,11–2,73]). Il en était de même chez les fumeurs 1,38 [1,04–1,83]).

Les auteurs pensent que cette notion de maladie cardio-vasculaire ancienne ou actuelle peut servir à mieux définir une population à risque pour le dépistage du cancer broncho-pulmonaire. C’est probablement vrai,  mais l’intérêt du dépistage passe par le fait de pouvoir opérer avec une mortalité très faible les cancers dépistés, or les malades qui ont ou ont eu un infarctus, un angor ou un accident vasculaire cérébral ne sont pas les meilleurs candidats à une telle chirurgie.

 

Reference

Self-Reported Cardiovascular Disease and the Risk of Lung Cancer, the HUNT Study.

Hatlen P, Langhammer A, Carlsen SM, Salvesen O, Amundsen T.

J Thorac Oncol 2014; 9 : 940-6

41 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer