Journal of Thoracic Oncology

Dans les CBNPC invasifs de stade I opérés, le verre dépoli est-il pronostique ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2019

Imagerie : Radiologie, Chirurgie, Anatomo-pathologie

De nombreuses études ont montré que, dans les cancers bronchiques non à petites cellules,  la présence de verre dépoli, même en petite quantité, est un facteur de bon pronostic. Cependant les adénocarcinomes dans lesquels du verre dépoli peut être observé ne sont pas toujours invasifs et peuvent correspondre à des adénocarcinomes in situ ou des adénocarcinomes mini-invasifs de sorte qu’on ne sait pas si, dans les adénocarcinomes invasifs, la présence de verre dépoli est ou non pronostique. C’est la question que se posent les auteurs de cet article qui limitent cette étude à des patients atteints d’adénocarcinomes invasifs de stade I qui ont été opérés et chez lesquels la résection était complète (R0). 

Cette étude académique rétrospective monocentrique a été menée à Shangai et elle porte donc sur des patients opérés de cancers bronchiques non à petites cellules de stade pI de la huitième classification TNM entre 2008 et 2015. Les scanners à coupes fines ont été revus par deux radiologues indépendants. Les mesures étaient faites avec les règles suivantes :

  • La taille de la tumeur était définie comme le diamètre maximum sur les coupes axiales.
  • La zone solide définie comme « Consolidation-to-tumor ratio »  (CTR) était définie comme le rapport de la taille maxima de la composante solide mesurée sur les coupes axiales à la taille de la tumeur.
  • Ainsi pour le verre dépoli pur, le CTR est à 0,  il est à 1 pour les formes purement solides et entre 0 et 1 pour les formes partiellement solides.
  • S’il y avait des différences entre la lecture des 2 radiologues un consensus entre les deux était recherché. 

Les suivis des patients étaient standardisés.

Résultats

Au total 2010 patients ont été identifiés. Plus de la moitié (56,3%) appartenaient au groupe solide, 7,3% au groupe verre dépoli pur et le reste (36,4%) appartenaient au groupe partiellement solide. Les caractéristiques des patients des trois groupes différaient significativement en ce qui concerne l’âge, le sexe, le tabagisme, le type d’intervention, la taille, la classification TNM et enfin le type histologique. 

La durée médiane du suivi était de 47,7 mois.

Les taux de survie sans récidive (RFS)  à 5 ans étaient de :

  • 100% chez les malades qui avaient du verre dépoli pur,
  • 87,6% chez ceux qui avaient des formes partiellement solides,
  • et 73,2% chez ceux qui avaient des formes purement solides

Ces différences étaient significatives.

De même, les taux de survie à 5 ans étaient respectivement de 98,5%, 94,9% et 83,4%. Ces différences de survie étaient significatives entre les solides et les partiellement solides mais pas entre les partiellement solides et les verres dépolis purs. 

En analyse univariée l’âge, le sexe, le tabagisme, la localisation tumorale, la présence de verre dépoli, la taille tumorale, le type histologique, l’envahissement lympho-vasculaire, et l’atteinte de la plèvre viscérale étaient tous des facteurs pronostiques. En analyse multivariée, seuls l’âge, la présence de verre dépoli (0,42 (0,31–0,58) <0,001), la taille tumorale, le type histologique, l’envahissement lympho-vasculaire et celui de la plèvre viscérale étaient des facteurs pronostiques indépendants. 

Plusieurs analyses de sous-groupes ont été réalisés dont on retiendra que chez les patients qui ont une forme partiellement solide l’atteinte de la plèvre viscérale n’a pas de valeur prédictive.

Cette étude confirme donc que, chez les patients qui ont une tumeur invasive, l’existence d’une composante de verre dépoli est pronostique et que les 3 types de nodules (verre dépoli pur, mixte ou purement solides) ont des survies sans récidive  et des survies qui diffèrent significativement. Même si la méthodologie de cette étude est excellente, il ne faut pas oublier qu’il s’agit d’une étude monocentrique rétrospective dont les résultats devront être validés. 

 

Reference

Distinct Prognostic Factors in Patients with Stage I Non-Small Cell Lung Cancer with Radiologic Part-Solid or Solid Lesions.

Fu F, Zhang Y, Wen Z, Zheng D, Gao Z, Han H, Deng L, Wang S, Liu Q, Li Y, Shen L, Shen X, Zhao Y, Zhao Z, Ye T, Xiang J, Zhang Y, Sun Y, Hu H, Chen H.

J Thorac Oncol 2019; 14 : 2133-2142

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer