Dépistage et types de cigarettes fumées : une nouvelle analyse du NLST

Il est rare que nous commentions sur ce site des lettres à la rédaction mais cette récente lettre du JAMA Internal Medicine nous a semblé apporter des données suffisamment importantes pour être signalées. 

Les auteurs rappellent que dès les années 1950 l’industrie a réagi à la démonstration de l’évidence du lien entre tabac et cancer broncho-pulmonaire en modifiant les cigarettes. Ces modifications ont porté  sur la mise en place de filtres, sur la création de cigarettes légères voire ultra légères et sur la création de cigarettes dont le gout était présenté comme plus « naturel », les cigarettes mentholées. Toutes ces mesures ont été présentées au public par l’industrie du tabac comme une alternative au sevrage tabagique, les cigarettes avec filtre et les cigarettes légères (c’est-à-dire avec moins de goudrons)  étant présentés par les publicitaires comme beaucoup moins dangereuses, voire même pas dangereuses du tout. 

Le but de cette étude est d’examiner le lien entre ces « nouvelles cigarettes » à partir des données de l’étude NLST. 

Dans cette étude, 14 123 participants ont rempli un questionnaire détaillé sur leur tabagisme et c’est à partir de ceux-ci qu’est menée cette nouvelle analyse. Parmi ces participants 50 % étaient fumeurs actifs et avaient un tabagisme cumulé moyen de 60 paquets année. Par ailleurs 88 % de ces 14 123 participants fumaient des cigarettes avec filtre et presque la moitié d’entre eux fumaient des cigarettes légères (33 %) et ultralégères (11 %). 

Pour déterminer quel était le lien entre l’utilisation de ces divers types de cigarettes   et le diagnostic de cancer du poumon, la mortalité spécifique, et la mortalité de toute cause, un modèle de Cox a été réalisé prenant en compte, outre ces facteurs, le sexe, l’âge, l’origine ethnique, le nombre de paquets année et la dépendance à la nicotine mesurée par un test de Fagerström.

L’absence de filtre était significativement liée à une augmentation :

-       De l’incidence du cancer broncho-pulmonaire avec un HR (95%CI) à 1,37 (1,10-1,71), p = 0,005.

-       De la mortalité spécifique par cancer broncho-pulmonaire avec un HR doublé 1,96 (1,46-2,64), p <0,001. 

-       De la mortalité générale avec un HR à 1,28 (1,09-1,50), p=0,003 

En revanche l’usage de cigarettes légères et ultra-légères ou l’usage de cigarettes mentholées n’ont modifié ni la mortalité spécifique, ni la mortalité générale. 

Malgré ce petit bénéfice lié à l’usage du filtre, les auteurs rappellent que, comparativement à un non-fumeur, le risque de mourir d’un cancer broncho-pulmonaire du fait de l’usage de cigarettes avec filtre reste considérablement plus élevé que celui des non-fumeur. Ainsi le risque de mourir d’un cancer broncho-pulmonaire des personnes qui fument des cigarettes avec filtre est de 1600 /100 000 comparativement à 34/100 000 chez les non-fumeurs.

Enfin encore actuellement beaucoup de fumeurs croient se protéger en achetant des cigarettes légères ou ultra-légères. Il faut leur dire que la mortalité induite par ces dernières et la même que celle qu’induisent les cigarettes classiques. 

Le dépistage est un moment privilégié pour délivrer une information sue le tabac. Ces précisions sont importantes et doivent faire partie des informations que nous devons délivrer.