New England Journal of Medicine

E-Cigarettes ou substituts nicotiniques : une étude randomisée

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2019

Prévention

L’objectif de cette étude prospective académique anglaise menée par le National Health Service (NHS) est de comparer l’efficacité de la cigarette électronique à celle des substituts nicotiniques pour le sevrage tabagique.  C’est un important essai qui a été mené sur 3 sites pendant 3 ans. 

Les participants été recruté par une campagne médiatique. Il s’agissait d’adultes. Les femmes enceintes ou qui allaitaent étaient inéligibles. 

Après information et obtention d’un consentement, les fumeurs étaient randomisés entre :

  • Un groupe dans lequel les fumeurs recevaient des substituts nicotiniques. Dans ce groupe ils choisissaient librement entre tous les produits disponibles et pouvaient même en changer quand ils le voulaient.
  • Et un groupe dans lequel les fumeurs recevaient un kit de départ de cigarette électronique rechargeable puis étaient invités à acheter les liquides selon les caractéristiques qu’il choisissaient librement.

Lors de la première consultation le tabagisme était quantifié et le monoxyde de carbone expiré était mesuré.

L'objectif principal était le taux d’abstinence à un an qui était défini par l’information donnée par le patient de n’avoir pas fumé plus de 5 cigarettes dans les 2 semaines qui suivaient la date cible. Cette abstinence était confirmée par une mesure de monoxyde de carbone expiré. Les objectifs secondaires comprenaient les taux d’abstinence de la 25e à la 52e semaine et le pourcentage de patients ayant réduit leur consommation de cigarettes d’au moins 50%.  Il fallait 886 participants pour démontrer un taux d’abstinence à un an passant de 14% sous substituts à 23,8%sous cigarette électronique.

Sur 2045 clients des consultations de sevrage tabagique, 886 ont été randomisés 439 dans le bras cigarette électronique et 447 dans le bras remplacement nicotinique. Leur âge médian était de 41 ans, il y avait 48 % de femmes, le nombre médian de cigarettes fumées par jour était de 15 et le score moyen de  dépendance de Fagerström était de 4,6. Les caractéristiques des participants des deux groupes étaient bien réparties.

L’objectif principal de cette étude était atteint puisque le taux d’abstinence à un an était de 18 % sous cigarette électronique est de 9,9 % sous remplacement nicotiniques. Cette différence était significative (p<0,001). 

Dans une analyse post hoc, les patients qui n’ont pas utilisé que les produits auxquels ils avaient été assignés (3% du bras cigarette électronique et 20% du bras substituts nicotiniques)  ont été enlevés de l’analyse : le taux d’abstinence à un an était alors de 17,7 % sous cigarette électronique est de 8 % sous remplacement nicotiniques.

Le taux d’adhésion au traitement était similaire dans les deux bras mais parmi les participants abstinents à 1 an, 80% utilisaient encore la cigarette électronique alors que seulement 9% utilisaient le substitut électronique. 

Les nausées ont été plus fréquentes dans le bras substituts nicotiniques (37,9 vs 31,3%) et les irritations de la gorge et de la bouche étaient plus fréquentes dans le groupe cigarette électronique.

Cette étude est certainement importante pour l’évaluation de l’utilité des cigarettes électroniques. Il est très probable, même si le recul n'est pas très important, que ces cigarettes n'ont pas l'effet carcinogène du tabac, on sait qu’elles sont plus efficaces que les substituts nicotiniques, il reste à démontrer maintenant qu’elles n’ont pas de toxicité à long terme car il est certain que les fumeurs qui ont recours à ces cigarettes les utilisent de façon très prolongée. Or la toxicité éventuelle de ces cigarettes et des différents parfums qui sont utilisées reste mal connu. 

Reference

A Randomized Trial of E-Cigarettes versus Nicotine-Replacement Therapy.

Hajek P, Phillips-Waller A, Przulj D, Pesola F, Myers Smith K, Bisal N, Li J, Parrott S, Sasieni P, Dawkins L, Ross L, Goniewicz M, Wu Q, McRobbie HJ.

N Engl J Med2019; 380 : 629-637

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer