Lung Cancer

Efficacité et tolérance du nivolumab dans une population plus large que celle des essais thérapeutiques.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2018

Immunothérapie, Traitement des stades IV

L’activité du nivolumab en deuxième ligne a bien été démontrée par deux études de phase III menée dans les cancers épidermoïdes (cliquer ici) pour lesquels la survie sous immunothérapie passe de 6 mois sous docetaxel à 9,2 mois sous immunothérapie et non épidermoïdes (cliquer ici) pour lesquels la survie sous immunothérapie passe de 9,4 mois sous docetaxel à 12,2 mois sous immunothérapie. Ces résultats obtenus dans des études thérapeutiques dont les patients étaient sélectionnés sont-ils retrouvés dans la « vraie vie » ?  C’est la question que pose cette étude rétrospective menée dans 20 hôpitaux non universitaires belges ayant participé, après l’enregistrement de la FDA et de l’EMA, et avant que le remboursement ne soit obtenu, à un programme à financement industriel de fourniture du nivolumab.

Au total, 267 patients ont été traités par nivolumab pendant cette période de 12 ans.

Les caractéristiques des patients sont résumées sur le tableau ci-dessous :

Age médian (ans)

66

Sexe féminin (%)

27,7

Stades (%)

III

4

IV

96

PS

0

16

 

1

60

 

2

24

Non fumeurs (%)

6

Epidermoïdes/Non épidermoïdes (%)

 

27/73

Nombre de lignes antérieures (%)

1

52

2

33

>2

15

A noter qu’il y avait que 7 malades qui présentaient une mutation activatrice de l'EGFR ou une translocation ALK-EML4.

Le nombre médian de cycles de nivolumab administrés était de six.

Une réponse objective a été constatée chez 23,2% des patients, la survie sans progression médiane était de 3,7 mois et la survie globale était de 7,8 mois. A un an les taux de PFS et de survie étaient de 20% et 36,5%.

Le taux de survie était très significativement lié au PS (p<0,00001) : les durées médianes de survie étaient de 3,6 mois, 7,3 mois et non atteinte selon que le PS était à 2, 1 ou 0. La présence de métastase hépatiques ou osseuses était également un facteur péjoratif.

Au total, 56 patients (21%) ont présenté des toxicités de grades 3 ou 4 qui ont interféré avec la poursuite du traitement. À noter particulièrement la survenue de pneumopathies de grades 3 ou 4 chez 7,1 % des patients.

Les données d’efficacité sont assez proches de celles observées dans les essais de phase III comme le montre le tableau ci-dessous :

 

Cette cohorte

Essais cliniques de phase III

 

 

Epidermoïdes

Non épidermoïdes

Réponse (%)

23,2

27

19

PFS (mois)

3,7

3,5

2,3

Taux de PFS à 1 an (%)

20

21

19

Survie (mois)

7,8

9 ,2

12,2

Taux de survie à 1 an (%)

36,5

42

51

Effets adverses de grade ¾ (%)

21

7

10

En revanche les toxicités observées sont nettement supérieures.

Cette étude est très intéressante car elle montre que, dans la « vraie vie », on extrapole souvent les résultats d’essais cliniques réalisés sur des populations plus sélectionnées en s’attendant, souvent à tort, à avoir les mêmes résultats. Le tableau ci-dessous montre combien ces différences sont importantes :

 

Cette cohorte

Essais cliniques de phase III

 

 

Epidermoïdes

Non épidermoïdes

Age médian (ans)

66

62

61

Sexe féminin (%)

27,7

18

48

Stades (%)

III

4

21

7

IV

96

78

93

PS

0

16

20

29

 

1

60

79

71

 

2

24

0

0

Non fumeurs (%)

6

7

20

Nombre de lignes antérieures (%)

1

52

100

88

2

33

 

12

>2

15

 

<1

On voit sur ce tableau qu’ont été inclus dans cette cohorte des patients de PS 2 alors que les études cliniques n’ont introduit que des malades de PS 0 ou 1 et les auteurs insistent beaucoup sur ce point. Mais on voit aussi que  l’âge médian est plus élevé, qu’il y a moins de femmes, qu’il y a davantage de patients atteints de cancers métastatiques, qu’il y a moins de non fumeurs, et surtout que les patients de cette cohorte ont été beaucoup plus lourdement pré-traités. Certes,  tous ces facteurs classiquement pronostiques n’interviennent pas isolément mais il est vraisemblable que la multiplicité de ces différences puisse expliquer une toxicité supérieure et une survie moins bonne.

Ces résultats ne suffisent pas, nous semble-t-il pour affirmer que nous ne devons pas traiter par immunothérapie des malades de mauvais PS. Ils doivent nous conduire à traiter en routine des patients de PS 0 et 1 et dans le cadre d’essais thérapeutiques les autres. C’est ce qui devrait vraisemblablement être possible dans un avenir proche dans le cadre d’un nouvel essai de l’IFCT.

 

 

 

Reference

Does nivolumab for progressed metastatic lung cancer fulfill its promises? An efficacy and safety analysis in 20 general hospitals

Tournoy KG, Thomeer M, Germonpré P, Derijcke S, De Pauw R, Galdermans D, Govaert K, Govaerts E, Schildermans R, IDeclercq I, De Brucker N, Pat K, Van Herreweghe R, Van Zandweghe L, Vanmaele L, Van Damme V, Marien H, De Craene S, Fabry I, Alexander P, Vercauter P, Demedts I

Lung Cancer 2018; 115 : 49-55

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