European Respiratory Journal

En Norvège, la survie des patients atteints de cancer broncho-pulmonaire s’améliore nettement.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2016

Épidémiologie

Il est en général admis, à juste titre, qu’on ne peut pas affirmer avec certitude l’amélioration de la survie des cancers broncho-pulmonaires sur les résultats des seules études cliniques, car ceux-ci ne reflètent pas les résultats obtenus chez la totalité des malades atteints de cancers broncho-pulmonaires. Beaucoup de patients en effet n’entrent pas dans les essais cliniques parce qu’ils sont trop âgés, ont trop de comorbidités ont un PS ≥ 2 ou tout simplement parce qu’ils n’ont pas accès à ces études. On dit aussi à juste titre que comparer des essais historiques de patients ayant les mêmes stades de tumeur conduit à s’exposer à un phénomène de Will Rogers : si dans une population ancienne on basait la classification TNM sur le seul scanner et que dans une population plus récente on a recours également à une IRM cérébrale et à une TEP-FDG, et si on s’intéresse aux seuls patients atteints de cancers de stades III et IV, on peut supposer que le simple fait d’ajouter ces deux examens au bilan d’extension  améliore simultanément la survie des patients qui ont un cancer de stades III comme celle des patients qui ont un cancer de stade IV. Ajouter l’IRM et la TEP-FDG soustraira du groupe des patients de stade III des patients ayant un cancer métastatique, la survie de ceux-ci étant ainsi améliorée. Et par ailleurs ajouter l’IRM et la TEP-FDG  ajoutera au groupe des stades IV des patients ayant des cancers pauci- métastatiques,  ou dont les métastases étaient de trop petit volume pour être détectées au scanner. De ce fait, la survie des patients atteints de cancers de stade IV sera également améliorée. Ceci explique que beaucoup d’auteurs  ont, encore récemment, contesté l’amélioration de survie de l’ensemble des malades atteints de cancer broncho-pulmonaire, en considérant que  seul une fraction de ceux-ci bénéficiaient des progrès récents.

C'est donc uniquement des registres recrutant, dans une région donnée,   tous les malades atteints de cancer, quel qu'en soit le stade, l’âge, le PS ou les comorbidités que peut venir la démonstration d’une augmentation de survie de l’ensemble de la population atteinte de la maladie.

Le registre norvégien (Cancer Registry of Norway (CRN)) a été crée dans ce pays en 1953 par le Ministère de la Santé. Ses critères de qualité sont excellents et il est quasiment exhaustif puisqu’il regroupe 96,9% des malades atteints de cancer broncho-pulmonaire.

Ce registre contient les données de 34157 patients, d’âge médian 70 ans, qui ont été diagnostiqués entre 1997 et 2011 et qui vont servir à cette étude. Parmi ceux-ci, 18% ont été opérés. Il y avait 16,8% de cancers bronchiques à petites cellules, 20,6% d’épidermoïdes, 31% d’adénocarcinomes, 5,2% de cancers à grandes cellules, 16% de NOS et 15,4% de cancers de type inconnu. Les taux de survie ont été en constante amélioration pendant cette période, comme le montre le tableau ci-dessous :

 

N

Survie à 1 an (%)

Survie à 5 ans (%)

 

 

1997

2011

1997

2011

Ensemble des malades

34157

35,4

47,6

11,6

17,5

Cancers non opérés

27997

28,4

37

3,6

6,3

Cancers opérés

6160

77,2

93,3

47

62,6

Cette augmentation de survie est multifactorielle,  liée probablement à tous les progrès diagnostiques et thérapeutiques observés en Norvège comme ailleurs.

Ces données confirment avec certitude que, même s’il nous reste beaucoup de chemin à parcourir, nous sommes sur la bonne voie et il n’est pas inutile de le faire savoir aux esprits chagrins qui peuvent encore ici ou là en douter encore en ce début de 2016 ou à ceux qui pensent encore que nous dépensons beaucoup d’argent pour pas grand chose. 

Reference

Lung cancer survival in Norway, 1997-2011: from nihilism to optimism.

Nilssen Y, Strand TE, Fjellbirkeland L, Bartnes K, Møller B.

Eur Respir J 2016; 47 : 275-87

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer