European Journal of Cancer

Est-ce qu’un traitement par anti PD-1 ou PD-L1 modifie la sensibilité à la chimiothérapie ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
décembre 2017

Immunothérapie, Traitement des stades IV

L’exposition à un anti PD-1 ou PD-L1 modifie t’elle la réponse et la survie sans progression d’une chimiothérapie ultérieure ? C’est la question à laquelle tente de répondre cette étude menée à l’Institut Gustave Roussy de 2012 à 2015 chez des patients traités par immunothérapie pour différentes tumeurs dans le cadre d’un essai de phase précoce et ayant reçu une chimiothérapie avant et après ce traitement.

Pendant cette période 295 patients ont reçu une immunothérapie et 118 d’entre eux ont reçu une chimiothérapie immédiatement avant et immédiatement après l’immunothérapie par un anti PD-1 (65%) ou PD-L1 (35%).

Ce travail a été conduit chez des malades atteints de cancers qui, dans un tiers des cas, étaient thoraciques mais aussi génito-urinaires, hématologiques et de la tête et du cou. Les survies sans progression et réponses aux chimiothérapies de même classe administrées immédiatement avant et après une immunothérapie ont été mesurées. 

Comme le montre le tableau ci-dessous on voit que, pour l’ensemble des malades, la durée de survie sans progression attribuable au traitement administré après l’immunothérapie était significativement inférieure à celle observée lors du dernier traitement précédant l’immunothérapie et que les taux de réponse étaient comparables. Toutefois alors que, chez les patients ayant progressé sous immunothérapie la survie sans progression post-immunothérapie était significativement inférieure à celle obtenue par le dernier traitement avant l’immunothérapie, celle-ci tendait à être supérieure à ce dernier traitement chez les patients qui avaient répondu ou étaient stabilisés sous immunothérapie.

 

Pré-immunothérapie

Post-immunothérapie

p

Ensemble de la population

PFS  médiane (mois)

4,7

3,5

0,011

Taux de réponse (%)

26

25

 

Patients répondeurs ou stabilisés sous immunothérapie  

PFS  médiane (mois)

5,7

6,8

0,26

Patients en progression sous immunothérapie 

PFS  médiane (mois)

3,8

3

0,0009

Enfin la survie sans progression post-immunothérapie des répondeurs ou stabilisés  était significativement supérieure à celle des progressifs (6,8 vs 3 mois, p=0,0007).

Cette étude suggère donc que l’immunothérapie ne modifierait pas significativement la sensibilité à la chimiothérapie de l’ensemble d’une population de patients traités par anti PD-1 ou anti PD-L1 pour divers cancers mais qu’elle modifierait la sensibilité des patients qui ont tiré un bénéfice clinique de l’immunothérapie.

Il s’agit d’une étude hétérogène par le type de cancers et les traitements reçus et les effectifs sont peu importants. Il n’en reste pas moins que cette étude donne un signal intéressant qui devra être confirmé par de plus grandes séries. On peut déjà observer que les résultats de l’étude IFCT-1502 CLINIVO, dont les résultats ont été présentés cet automne par Nicolas Girard au WCLC 2017, allaient dans le même sens en montrant que la réponse au nivolumab avait un effet favorable et significatif sur la survie post-nivolumab.

 

 

 

 

 

Reference

In the immuno-oncology era, is anti-PD-1 or anti-PD-L1 immunotherapy modifying the sensitivity to conventional cancer therapies?

Aspeslagh S, Matias M, Palomar V, Dercle L, Lanoy E, Soria JC, Postel-Vinay S.

Eur J Cancer  2017; 87 : 65-74

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer