Lung Cancer

Immunothérapie des carcinomes neuroendocrines à grandes cellules : une étude rétrospective

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2020

Immunothérapie, Tumeurs neuro-endocrines

Peu de données sur l’action de l’immunothérapie dans les carcinomes neuroendocrines à grandes cellules sont disponibles car il s’agit de tumeurs rares mais on sait qu’elles expriment largement PD-L1  (cliquer ici)

L ‘étude dont les résultats sont présentés dans ce numéro de Lung Cancer est une étude rétrospective multicentrique israélienne dans laquelle plusieurs groupes de patients ont été constitués : 

-       Un groupe A constitué de 37 patients atteints de cancer broncho-pulmonaire de stades avancés traités de 2014 à 2019.  Il s’agissait de carcinomes neuroendocrines à grandes cellules purs ou mixtes c'est à dire associées à un contingent de petites cellules (n=2). Tous les diagnostics histologiques sauf 4 ont été revus. Ce groupe était lui-même partagé en deux groupes : 

o   Groupe A1 (n=23) constitué de :

§  20 patients traités par immunothérapie en monothérapie (13 par nivolumab, 2 par pembrolizumab, 4 par atezolizumab, 1 par durvalumab) ou 1 par une association de nivolumab et d’ipilimumab (groupe A1*) 

§  et deux traités par du pembrolizumab associé à une chimiothérapie. 

o   Groupe A2 (n=14) constitué de patients non traités par immunothérapie

-       Un groupe B constitué de 270 patients atteints également de cancer broncho-pulmonaire de stades avancés mais non neuroendocrines traités par nivolumab.  

Comparativement aux 14 patients du groupe A2, les 23 patients du groupe A1 étaient significativement plus jeunes et ont reçu significativement plus de lignes de traitement durant l’évolution de leur maladie. Comparativement aux 270 patients du groupe B, les 21 du groupe A1* étaient significativement plus jeunes (67 vs 62 ans). 

Parmi les 23 patients du groupe A1, le statut PD-L1 n’a été déterminé que chez 11 patients : il était négatif chez 8 et positif et supérieur à 50% chez 3. 

Chez les 21 patients traités par immunothérapie exclusive (groupe A1*) seulement 18 étaient évaluables pour la réponse :

-       2 étaient en réponse complète 

-       4 en réponse partielle 

-       Et 1 était en stabilisation. 

Les auteurs calculent leur taux de réponse à 33%.  Deux des 6 réponses observées l’ont été chez des patients dont la tumeur n’exprimait pas PD-L1. 

La survie sans progression médiane était à 4,2 mois. 

Avec un temps de suivi court de 6,2 mois dans le groupe A1* et de 4,9 mois dans le groupe B la durée médiane de survie était de 11,8 mois dans le premier groupe et de 6,9 dans le second sans que cette différence n’atteigne la significativité. 

La conclusion des auteurs est que l’immunothérapie est un traitement prometteur chez les patients réfractaires à la chimiothérapie de première ligne et que les résultats sont comparables à ceux des traitements de deuxième ligne des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules non neuroendocrines. 

Certains problèmes méthodologiques rendent ces résultats discutables même s’ils sont probablement proches de la vérité : 

1)    les taux de réponse sont calculés par rapport aux patients évaluables pour la réponse alors que c’est la règle de les ramener à tous les patients éligibles (en intention de traiter). Calculé ainsi le taux de réponse ne serait qu’à 28%. 

2)    Le temps de suivi est très court.

3)    Les populations n’ont pas les mêmes caractéristiques notamment en ce qui concerne leur âge.

4)    L’immunothérapie des malades atteints de carcinomes neuroendocrines à grandes cellules n’a pas été introduite a même moment que celle des patients qui ont une tumeur non neuroendocrine : 80% des patients du groupe A1* ont reçu l’immunothérapie en deuxième ligne vs 66%  des patients du groupe B. 

Ces résultats doivent nous encourager à continuer à inclure très activement dans l’étude GCO-001 NIPINEC qui explore l’activité du nivolumab ou du nivolumab associé à de l’ipilimumab chez des patients atteints de carcinomes neuroendocrines à grandes cellules pulmonaires ou digestifs prétraités (cliquer ici) . 

Reference

Efficacy of immune check-point inhibitors (ICPi) in large cell neuroendocrine tumors of lung(LCNEC).

Sherman S, Rotem O, Shochat T, Zer A, Moore A, Dudnik E.

Lung Cancer  2020; 143 : 40-46

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