European Journal of Cancer

Immunothérapie des carcinomes pléomorphes : une nouvelle étude rétrospective

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2020

Immunothérapie, Tumeurs rares

Les carcinomes pléomorphes (ou sarcomatoïdes) bronchiques sont des tumeurs rares (0.5%) mais réputées agressives et peu sensibles aux traitements standards de chimiothérapie. Ils expriment néanmoins volontiers PDL1 à leur surface. Cette hyper expression n’est bien entendu pas entièrement corrélée à l’efficacité des IO quelle que soit la tumeur, mais les taux de réponses et les survies semblent classiquement meilleure sous anti PD1 ou anti PDL1 chez les patients exprimant fortement ce biomarqueur Les auteurs de cette série se sont donc intéressé à la place des molécules inhibitrices de check point immunitaires dans ce type histologique. 

Entre Janvier 2016 et Décembre 2019, 175 patients du SAMSUNG médical center  ont été inclus dans deux cohortes rétrospectives, l’une (n=125) visant à évaluer le statut PDL1, l’autre (n=65) évaluant l’efficacité des molécules inhibitrices de point de contrôle (chez tous les patients consécutifs traités en monothérapie, quel que soit leur statut PDL1). Le seuil de positivité pour parler de fort expresseur était fonction de l’anticorps utilisé (>50% si 22C3, >25% si SP263 et >5% IC/TC si SP142).

On retrouve ainsi 89.6% des patients exprimant PDL1 dans la cohorte, et 80% de fort expresseurs tout Ac confondus. Parmi la cohorte d ‘efficacité, seuls 49 patients ont été analysés (certains exclus du fait de traitements en association, d’autres du fait de PS altéré, un perdu de vue….). Deux seulement de ces patients n’ont pas eu de test pour PDL1. 

En terme de taux de réponse, 24 patients ont présenté une réponse objective (ORR de 49.0%) et de façon intéressante, ce sont uniquement les patients fort expresseurs qui ont présenté ces réponses (24 sur les 41, ORR: 58.5%). Ceci se traduit en PFS puisque sur l’ensemble de la cohorte, elle était de 7.2 mois en médiane (95% CI: 4.9-9.5) mais si l’on compare en fonction du niveau d’expression de PDL1 elle n’est que de 1.5 mois chez les patients faible expresseurs ( HR 0.53 [95% CI: 0.22-1.29], p = 0.16). C’est plus net en survie globale, la médiane pour l’ensemble est de 22.2 mois (95% CI: 7.0-37.3) mais elle n’est que de 3.5 mois chez les faible expresseurs, HR 0.21 [95% CI: 0.08-0.57], p=0.001). 

On notera qu’en terme de toxicité, 13 patients ont présenté des effets secondaires, dont 2 pneumopathies conduisant au décès en dépit de l’instauration d’une corticothérapie, et un patient ayant dû recourir à la dialyse pour une néphrite, là encore malgré la corticothérapie. 

Il s’agit donc d’une nouvelle cohorte, plus grande, qui vient confirmer ce qui avait été montré dans la série française (cliquer ici). Ces carcinomes très particuliers semblent être des candidats pour les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires surtout s’ils sont fort expresseurs de PDL1. 

 

Reference

Outstanding clinical efficacy of PD-1/PD-L1 inhibitors for pulmonary pleomorphic carcinoma.

Lee J, Choi Y, Jung HA, Lee SH, Ahn JS, Ahn MJ, Park K, Sun JM.

Eur J Cancer 2020; 132 : 150-158

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
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