Journal of Thoracic Oncology

La durée médiane de survie des patients atteints de cancers métastatiques avec réarrangement ALK approche sept ans.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2019

Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, ALK

La survie particulièrement longue des patients ALK + par rapport aux autres patients atteints de cancers bronchiques non à petites cellules métastatiques, continue d’être soulignée et constitue un centre d’intérêt pour les cliniciens. Plusieurs séries rétrospectives, dont CLINALK de l’IFCT publiée par Michael Duruisseaux (cliquer ici pour un accès gratuit) ont fait état de survies comprises entre 49 et 89 mois. Ces données contribuent à alimenter le débat sur la meilleure séquence thérapeutique à l’heure de la mise sur le marché des anti ALK de nouvelle génération.

L’étude rapportée ici a tenté de mettre en évidence des caractéristiques potentiellement associées à la survie chez les patients ALK+.

Il s’agit d’une étude rétrospective réalisée par l’équipe de Ross Camidge au Colorado, qui a repris les données de 110 patients ALK+ (88 étant métastatiques d’emblée, 22 ayant présenté des métastases au cours de leur suivi). L’âge médian était de 53 ans, il n’y avait pas de prédominance de sexe, 30% des stades IV avaient des métastases cérébrales au diagnostic dont 4 .5% pour lesquels le cerveau était le seul site métastatique. La grande majorité des patients (n=105) ont reçu du crizotinib en premier TKI, avec un délai médian d’instauration du traitement de 20j après le diagnostic. 

Les données rapportées le sont après un suivi médian de 47 mois, et 45% des patients sont encore en vie. La survie médiane après le diagnostic de stade métastatique est de 6.8 ans (81 mois, range 3-125+). Il est intéressant de constater qu’il n’y a pas de différence entre les patients qui ont reçu le crizotinib en premier traitement (n=40) et ceux qui ont eu préalablement une chimiothérapie n=65). On note en revanche une différence numérique importante (mais non statistiquement significative), chez les patients sous crizotinib, entre ceux qui ont dû avoir une réduction de dose (n = 19 ; OS médiane de 50 mois) comparés aux patients sans réduction de dose (n=80 ; OS de 79 mois) (p=0.281). Cinq patients ont reçu un TKI de nouvelle génération d’emblée et les données de survie chez ces patients ne sont donc pas matures pour autoriser une comparaison avec les autres patients. 

En analyse multivariée, la présence de métastase cérébrale ne constitue pas un facteur de moins bon pronostic (HR =1.01, p= 0.971). En revanche, l’existence de plusieurs organes atteints par les métastases constitue un facteur de moins bonne survie (HR = 1.49 pour chaque organe supplémentaire atteint  y compris le cerveau, p= 0.002). Enfin, on retrouve le sexe masculin et l’origine hispanique comme étant également associés à un moins bon devenir (respectivement HR =2.38, p=0.021 et HR=0.25, p=0.014).

Chez 46 patients, les données concernant le pemetrexed étaient disponibles (avant ou après crizotinib, nombre de cycles, maintenance ou non…). On note que chaque cure supplémentaire de pemetrexed, qu’elle soit administrée avant ou après le crizotinib, était associée à une diminution de 7% du risque de décès ( HR =0.93 and p =0.03) . 

Une autre donnée intéressante concerne les patients ayant progressé sous crizotinib (n=100). Parmi eux, 49 ont eu une forme oligoprogressive de la maladie et ont pu recevoir un traitement local en continuant le crizotinib. Cette stratégie montre, en analyse multivariée, une tendance à améliorer la survie sans toutefois atteindre le seuil de significativité (HR = 0.58, p= 0.14). 

Il s’agit donc d’une étude très intéressante même si encore une fois elle est rétrospective et monocentrique. Elle va dans le sens de CLINALK en affichant une OS particulièrement longue chez les patients qui peuvent enchainer les traitements systémiques, notamment anti ALK. Malheureusement, l’arrivée des TKI de nouvelle génération en première ligne est trop récente pour que l’on puisse juger de l’intérêt sur l’OS de les introduire précocement

 

 

 

 

 

Reference

Natural History and Factors Associated with Overall Survival in Stage IV ALK-Rearranged Non-Small Cell Lung Cancer.

Pacheco JM, Gao D, Smith D, Purcell T, Hancock M, Bunn P, Robin T, Liu A, Karam S, Gaspar L, Kavanagh B, Rusthoven C, Aisner D, Doebele R, Camidge DR.

J Thorac Oncol2019; 14 : 691-700

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