New England Journal of Medicine

Alectinib vs Crizotinib : les résultats de l’étude ALEX

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juillet 2017

Thérapeutique ciblée, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs, Anatomo-pathologie, ALK

Il y a quelques jours nous commentions, à propos de l’étude J-ALEX (cliquer ici)  les résultats de la présentation à l’ASCO 2017 de l’étude ALEX dont les résultats sont sous presse également dans le New England Journal of Medicine. 

Cette étude de phase III randomisée comparant alectinib à crizotinib s’adressait à des patients présentant un cancer bronchique non à petites cellules ALK positifs en immunohistochimie. Certains critères d'inclusion différaient de ceux de l'étude  J-ALEX : ces patients ne devaient pas avoir reçu de traitement anticancéreux, ils devaient avoir un PS ≤2, ils pouvaient avoir des métastases cérébrales si elles étaient asymptomatiques ou s’ils avaient été traités par radiothérapie cérébrale, pourvu que celle-ci soit interrompue au moins 14 jours avant l’inclusion. Ils devaient être ALK positifs en immunohistochimie (alors que la confirmation par FISH ou RT-PCR était exigée pour l’essai J-ALEX).

L'objectif principal était la survie sans progression appréciée par les investigateurs qui devait passer de 10,9 mois sous crizotinib à 16,8 mois sous alectinib. Les objectifs secondaires, déterminés selon une méthode hiérarchique (si l'objectif principal était positif), comportaient la survie sans progression et le temps jusqu’à progression cérébrale appréciées par un comité indépendant, le taux de réponse appréciée par l’investigateur et la survie globale.

D’août 2014 à janvier 2016, 303 patients traités dans 98 centres ont été randomisés pour recevoir :

  • Soit 600 mg d’alectinib 2 fois par jour,
  • Soit 250 mg de crizotinib 2 fois par jour.

Les caractéristiques des patients des deux groupes étaient bien réparties. Ils étaient jeunes avec un âge médian de 54 et 58 ans respectivement dans les bras crizotinib et alectinib. Il y avait une majorité de femmes, moins de 50 % d’asiatiques et 38 et 42% des malades avaient des métastases cérébrales.  La durée médiane de suivi a été de 17,6 mois dans le bras crizotinib et 18,6 dans le bras alectinib.

Les principaux résultats démontrant notamment une survie sans progression évaluée par les investigateurs significativement plus longue, une importante action sur les métastases cérébrales et une moindre toxicité  sont résumés sur le tableau ci-dessous.

 

Crizotinib (%)

Alectinib (%)

p

Efficacité

Nombre

151

152

 

Nombre de progression ou décès à la date de point

102 (68)

62 (41)

 

PFS à 12 mois (%) (95% CI)

48,7 (40,4-56,9)

68,4 (61-75,9)

 

HR de progression ou décès

0,47 (0,34-0,65)

<0,001

PFS médiane (mois)

11,1

NA

 

Réponses (% RC/RP)

1/74

4/79

 

Réponses cérébrales[1] (%)

50

81

 

Réponses complètes cérébrales (%)

5

38

 

Incidence cumulée de progression cérébrale à 12 mois (%)

41,4

9,4

 

Taux de survie à 1 an (%)

82,5

84,3

 

Durée médiane de survie (mois)

NA

NA

 

HR de décès

0,76 (0,48-1,20)

 

Toxicité

Evénements adverses (%)

97

97

 

Evénements adverses de grade 3-5 (%)

50

41

 

Nausées (tout grade/grade 3-5) (%)

48/3

14/1

 

Vomissements (tout grade/grade 3-5) (%)

38/3

7/0

 

Diarrhées (tout grade/grade 3-5) (%)

45/2

12/0

 

Les données fournies par le Comité indépendant étaient très proches.   

Trois notions sont à retenir des résultats de cette étude qui vont dans le même sens que ceux de l’étude J-ALEX : 1) l’efficacité de l’alectinib en première ligne est supérieure à celles du crizotinib. 2) l’alectinib retarde l’apparition de métastases cérébrales et est plus actif pour le traitement de celles-ci, 3) la toxicité de l’alectinib est inférieure à celle du crizotinib.   

 

 

 

[1] Ceci concerne les patients qui avaient des lésions cérébrales mesurables sur le bilan initial. 

Reference

Alectinib versus Crizotinib in Untreated ALK-Positive Non-Small-Cell Lung Cancer.

Peters S, Camidge DR, Shaw AT, Gadgeel S, Ahn JS, Kim DW, Ou SI, Pérol M, Dziadziuszko R, Rosell R, Zeaiter A, Mitry E, Golding S, Balas B, Noe J, Morcos PN, Mok T; ALEX Trial Investigators.

N Engl J Med. 201 Jun 6.[Epub ahead of print]

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