Lancet oncology

La survie du cancer broncho-pulmonaire s’est améliorée dans ces 20 dernières années dans 7 pays à revenus élevés.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2019

Épidémiologie

L’amélioration du pronostic des cancers, - et notamment l’amélioration de celui du cancer broncho-pulmonaire -  n’est pas toujours unanimement reconnue lorsque les étude rapportent des survie de cohortes de patients ayant tous le même stade.  En effet il est alors possible que l’amélioration constatée pour chaque stade soit en rapport avec une migration de stades appelé aussi effet Will Rogers. La TEP-FDG et l’IRM cérébrale notamment peuvent être à l’origine d’un effet Will Rogers : si avec un simple bilan scanographique on obtient 40% de stades localisés et 60% de stades étendus, en ajoutant au scanner une TEP-FDG et une IRM cérébrale il y aura 30% de stades localisés et 70% de stades étendus. De ce fait, les 30% de cancers localisés seront des « vrais »  localisés et le fait d’en avoir retranché les métastatiques entraînera une meilleure survie pour ces malades. De même, le fait d’ajouter aux cancers de stade étendu des cancers pauci-métastatique contribuera à augmenter aussi la survie de ses patients. 

C’est la raison pour laquelle on considère que seules les études de registres ont la capacité de démontrer une modification de survie qui soit incontestable puisqu’elles s’adressent à tous les patients d’une région et à tous les stades de la maladie.

L’ étude que nous commentons a été réalisée à partir de registres de 7 pays à hauts revenus (Australie, Canada, Danemark, Irlande, Nouvelle Zélande, Norvège et Angleterre).  Elle porte sur 7 cancers fréquents, les cancers de l’œsophage, de l’estomac, du colon, du rectum, du pancréas, du poumon et de l’ovaire. Nous ne commenterons que les résultats qui portent sur le cancers du poumon, les lecteurs qui le souhaitent pouvant se reporter aux résultats qui concernent les 6 autres cancers, le texte de cet article étant en accès libre.

Dans tous ces pays les taux de survie à 5 ans ont augmenté régulièrement pendant cette période chez les patients de moins de 75 ans :

-       Dans la période 1995-99, les taux de survie à 5 ans allaient de 8,9% en Angleterre à 17,6% au Canada,

-       Dans la période 2010-14, les taux de survie à 5 ans allaient de 17,4% en Angleterre à 24,8% au Canada.

Il est intéressant de constater que les changements ont été observés dans tous les pays mais que l’écart entre les pays n’a pas été comblé. Par exemple au Canada, le gain de survie à 5 ans a été de 7,2% en 15 ans et de 8,5% en Angleterre de sorte que la différence persiste encore et que la survie observée à 5 ans en Angleterre dans la période 2010-14 est la même que celle qui était observée au Canada 15 ans plus tôt. On constate aussi que les gains de survie n’ont pas été les mêmes selon les pays allant du simple au double.  Dans 3 pays ils ont même dépassé 10% : c’est le cas de l’Irlande (12,4%), du Danemark (11,2%) et de la Norvège (10,6%).

Pour les patients de 75 ans et plus, les taux de survie à 5 ans sont au départ beaucoup plus bas allant de 3% en Angleterre à 10% au Canada pour la période 1995-99 mais ils ont aussi augmenté régulièrement jusqu’à 7,8% et 14,1% dans ces deux pays pour la période 2010-14. C’est au Danemark que l’augmentation a été la plus forte en atteignant 9,2%. 

Malgré cette augmentation de survie à 5 ans qui est observée dans les deux sexes, les grandes variations d’incidence et de mortalité sont différentes selon les sexes : pour ces pays elles diminuent chez les hommes et restent stables chez les femmes. 

 

Reference

Progress in cancer survival, mortality, and incidence in seven high-income countries 1995-2014(ICBP SURVMARK-2): a population-based study.

Arnold M, Rutherford MJ, Bardot A, Ferlay J, Andersson TM, Myklebust TÅ, Tervonen H, Thursfield V, Ransom D, Shack L, Woods RR, Turner D, Leonfellner S, Ryan S, Saint-Jacques N, De P, McClure C, Ramanakumar AV, Stuart-Panko H, Engholm G, Walsh PM, Jackson C, Vernon S, Morgan E, Gavin A, Morrison DS, Huws DW, Porter G, Butler J, Bryant H, Currow DC, Hiom S, Parkin DM, Sasieni P, Lambert PC, Møller B, Soerjomataram I, Bray F.

Lancet Oncol  2019; 20 : 1493-1505

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer