Lancet

Le Lancet publie les résultats de l’étude Biomarqueurs-France

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
février 2016

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Depuis 2006, l'INCa a lancé un programme de soutien aux 28 plateformes hospitalières de génétique moléculaire afin qu'elles recherchent en routine un panel de biomarqueurs déterminant la prescription des thérapies ciblées disponibles ou à venir. Ainsi pour le cancer bronchique, les patients ont bénéficié d’une recherche dans leur tumeur d’une mutation activatrice de l'EGFR, d’autres mutations de KRAS, BRAF, HER2 et PI3KCA ainsi que le réarrangement du gène ALK. L’étude Biomarqueurs France qui vient d’être publiée dans le Lancet rapporte les résultats de ce programme réalisé pendant la période d’un an d’avril 2012 à 2013 (1). Dix-huit mille six cent soixante-dix-neuf analyses ont été réalisées chez 17664 patients  porteurs de cancers bronchiques non à petites cellules. L’objectif de cette étude coordonnée par Fabrice Barlési est de décrire les caractéristiques cliniques et moléculaires de ces tumeurs et de connaître l’impact de ces analyses sur la prise en charge des patients dans le but d’adapter dans le futur les stratégies thérapeutiques. La cohorte étudiée comporte 64% d’hommes. Les tumeurs sont dans 76% des cas des adénocarcinomes. L'âge moyen est de 64,5 ans. Il s’agit d’une population quasi exclusivement caucasienne. On note 81% de patients fumeurs ou anciens fumeurs. Cette cohorte montre que près d’un cancer sur deux comporte un profil moléculaire spécifique avec, pour 11% d’entre eux  une mutation de l’EGFR (17706 analyses), 29% de mutations de KRAS (17001 analyses) et pour les anomalies moléculaires moins fréquentes 1% de mutations d’HER2 (11 723 analyses), 2% de mutations de BRAF (13 906 analyses),2% de mutations de PIK3CA (10 678 analyses) et enfin 5% de réarrangements de ALK (8134 analyses). Le profil mutationnel est différent chez les tabagiques et les Non-fumeurs. Cette étude montre par ailleurs que la décision thérapeutique est guidée par les analyses moléculaires dans 51% des cas et ce choix d’un traitement guidé par la biologie moléculaire était associé à une amélioration de la réponse et de la survie des patients traités. Cette étude réalisée avec le soutien opérationnel de l’IFCT démontre la faisabilité de la recherche des anomalies moléculaires en routine à l’échelle d’un pays et confirme le succès de la mise en place des plateformes de biologie moléculaires du cancer. Le lien avec les données cliniques réalisé avec le soutien opérationnel de l’IFCT permet de quantifier le bénéfice de cette recherche pour les patients.

Le même mois l’INCa publie un rapport d’activité  évaluant de manière précise l’accès aux tests moléculaires pour 3 pathologies, cancer du poumon, cancer du colon et mélanome (cliquer ici) . L’INCa et 5 agences régionales de santé ont réalisé en 2014 la première enquête prospective de terrain permettant de répondre à 2 questions : les tests moléculaires déterminant l’accès à une thérapie ciblée sont-ils effectués pour tous les patients en ayant besoin et de plus les tests sont-ils réalisés dans un délai compatible avec la prise en charge thérapeutique des patients ? Dans les trois pathologies évaluées, 91 % des patients pour lesquels un test moléculaire est recommandé en ont effectivement bénéficié. Parmi les 9 % de patients au stade métastatique et n’ayant pas bénéficié d’un test, quelques cas sont justifiés par des problématiques techniques ou par l’état général du patient. De plus, il faut noter que, dans le cancer du poumon, l’AMM de l’erlotinib autorise la prescription de cette molécule en seconde ligne sans prise en compte du statut EGFR. Toutes étapes confondues, le délai médian de rendu des examens est de 18 jours ce qui est un chiffre satisfaisant.

La biologie moléculaire des cancers bronchique est donc maintenant une réalité de terrain et l’étude Biomarqueur France nous apporte la démonstration en vie réelle de l’intérêt de cette approche, l’étape suivante est surement la mise à disposition en routine de l’évaluation moléculaire de l’ADN tumoral circulant.

 

 

 

 

Reference

Routine molecular profiling of patients with advanced non-small-cell lung cancer: results of a 1-year nationwide programme of the French Cooperative Thoracic Intergroup (IFCT).

Barlesi F, Mazieres J, Merlio JP, Debieuvre D, Mosser J, Lena H, Ouafik L, Besse B, Rouquette I, Westeel V, Escande F, Monnet I, Lemoine A, Veillon R, Blons H, Audigier-Valette C, Bringuier PP, Lamy R, Beau-Faller M, Pujol JL, Sabourin JC, Penault-Llorca F, Denis MG, Lantuejoul S, Morin F, Tran Q, Missy P, Langlais A, Milleron B, Cadranel J, Soria JC, Zalcman G; Biomarkers France contributors.

Lancet. 2016 Jan 14. [Epub ahead of print]

179 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer