Journal of Thoracic Oncology

Mutations EGFR et cancers épidermoïdes

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
janvier 2013

Thérapeutique ciblée, Traitement des stades IV, Biomarqueurs / Facteurs pronostiques et/ou prédictifs

Ce travail monocentrique japonais pose la question très peu abordée dans la littérature de la fréquence réelle des mutations EGFR chez les patients présentant un cancer épidermoïde, et de la sensibilité des cancer épidermoïdes aux inhibiteurs de la tyrosine kinase  de l’EGFR.

En un peu plus de 4 ans une recherche de mutations EGFR a été effectuée de façon prospective chez 249 patients atteints de cancer épidermoïde.

Mutations

Des mutations ont été détectées chez 33 des 249 patients. Ceci représente un taux pour ces malades japonais identique à ce qu’il est en France pour les adénocarcinomes (13,3%).  Ces patients étaient dans un tiers des cas des femmes, et une fois sur 5 des non fumeurs. Les principales mutations  observées intéressaient les exons 19 et 21 (2 mutations de l’exon 18).  

Efficacité des inhibiteurs de la tyrosine kinase  de l’EGFR

Sur une période de 10 ans, 81 patients atteints de cancer épidermoïde ont reçu un inhibiteur de la tyrosine kinase  de l’EGFR et ont été inclus dans une étude, rétrospective cette fois. Tous avaient un stade avancé. Leur statut mutationnel était positif dans 20 cas, négatif dans 33 et indéterminé dans 28. La plupart des mutés ont reçu du gefitinib et des non mutés de l’erlotinib.

Le taux de réponse des patients mutés était de 25% et celui des non mutés de 9,1%. Cette différence n’est pas significative, mais les effectifs étaient de petite taille. La PFS médiane ne différait pas et était étonnement courte chez les mutés (1,4 vs 1,8 mois). La survie globale était supérieure chez les mutés mais de façon non significative (14,6 vs 11 mois). A la lecture des courbes de PFS et de survie, on se rend de compte qu’une fois de plus la médiane n’est pas un très bon critère de jugement : en effet, il y a tout de même 1/3 des mutés dont la PFS dépasse 6 mois (ce qui n’est jamais le cas des non mutés) ;  par ailleurs, à un an les courbes de survie se séparent nettement à la faveur des mutés.

Au Japon comme en Europe le taux des mutations EGFR est plus faible dans les épidermoïdes que dans les adénocarcinomes, mais il n’est pas négligeable. En France, on entend souvent dire que dans les cancers épidermoïdes les mutations EGFR n’existent pas et que les cas observés sont probablement des cancers composites. C’est une explication acceptable en France avec un très faible pourcentage de positifs, mais avec plus de 13% de positifs, on a du mal à croire que cela soit vrai au Japon... Et si on admet que les cancers épidermoïdes EGFR mutés sont une réalité au Japon, on ne voit pas pourquoi ils n’existeraient pas en France.

Outre le fait que des mutations EGFR existent bien dans les cancers épidermoïdes, un autre message important qui ressort de ce papier est que le traitement de ces malades qui présentent un cancer épidermoïde et sont mutés EGFR semble moins efficace que dans les adénocarcinomes.

Au Japon, la recherche de mutations est conseillée même dans les cancers épidermoïdes. Faut-il faire de même ici ? Cette attitude serait plus légitime si une étude prospective montrait une efficacité des inhibiteurs de la tyrosine kinase  de l’EGFR plus convaincante que ceux rapportés plus haut.

C’est l’objectif des auteurs qui viennent de débuter une étude prospective de phase II évaluant l’activité du gefitinib chez les mutés non adénocarcinomes. 

Reference

How Sensitive Are Epidermal Growth Factor Receptor-Tyrosine Kinase Inhibitors for Squamous Cell Carcinoma of the Lung Harboring EGFR Gene-Sensitive Mutations?

Hata A, Katakami N, Yoshioka H, Kunimasa K, Fujita S, Kaji R, Notohara K, Imai Y, Tachikawa R, Tomii K, Korogi Y, Iwasaku M, Nishiyama A, Ishida T.

J Thorac Oncol 2013; 8 : 89-95

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer