Lung Cancer

Le tecemotide après radiochimiothérapie dans les stades III : de nouveaux résultats

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
avril 2017

Immunothérapie, Traitement des stades III

L’immunothérapie dans le cancer bronchique ne fait pas uniquement appel à des inhibiteurs de points de contrôle. Des vaccins ont également été évalués, dirigés contre différentes cibles et développés dans différents stades de la maladie.

On se souvient par exemple du dénouement décevant de la très grande étude évaluant le vaccin anti MAGE A3 en adjuvant dans les stades précoces (cliquer ici). A l’inverse, le L-BLP25 a montré des résultats tout à fait encourageants en adjuvant (ou plutôt maintenance)  dans un sous groupe de patients ayant un stade III non opérable ayant été traités par une association concomitante de radio et chimiothérapie (cliquer ici).

Le tecemotide ou L-BLP25 est un vaccin ciblant la protéine MUC1, protéine quasi ubiquitaire, particulièrement exprimée à la surface de la plupart des cellules tumorales, et dont la glycosylation imparfaite dans les cancers rend l’épitope central visible pour les lymphocytes préalablement vaccinés.

L’étude rapportée par Katakami et al concerne la partie de phase II, d’une étude multicentrique japonaise de phase I/II évaluant le tecemotide (L-BLP25) versus placebo chez 172 patients (en ITT) traités par radiothérapie et chimiothérapie pour des cancers de stades III non opérables,  randomisés en 2 :1 dans 25 centres entre février 2010 et février 2012. Les patients (n=114) recevaient le tecemotide (930 µg) ou le placebo (n=58) en une injection sous cutanée par semaine pendant huit semaines en phase d’attaque puis toutes les 6 semaines en phase d’entretien, jusqu’à toxicité ou progression.

Les résultats ne reproduisent pas ce qui avait été montré chez les patients caucasiens de l’essai START. Le traitement par tecemotide n’améliore pas du tout ici la survie globale, qui était l’objectif principal de l’essai (32.4 mois de médiane dans le bras traité contre 32.2 mois dans le bras placebo, HR (95%CI) de 0.95 (0.61-1.48).

La survie sans progression (objectif secondaire) n’est pas non plus modifiée dans le bras traité par tecemotide (HR 0.95%, 0.67-1.46).

Aucun sous-groupe ne semble tirer bénéfice du traitement qu’il s’agisse du type histologique,  du PS, de l’âge, du tabagisme ou des taux de LDH d’albumine ou d’ANCA.

Les explications avancées par les auteurs pour expliquer la négativité de leur étude sont multiples.

Outre le manque de puissance statistiques, ils évoquent de potentielles  différences ethniques sur l’hyper expression et la glycosylation de MUC 1 qui pourraient être plus fréquents chez les caucasiens que chez les asiatiques (difficile à valider du fait de cut off différents retenus dans les études s’étant intéressé à ce sujet). Une autre hypothèse des auteurs est que le taux de réponse ayant été plus élevé dans leur étude que dans l’étude START (respectivement 84% versus 68%), l’expression de MUC1 n’aurait plus été aussi importante, étant réduite dans les même proportions que le volume tumoral.

Les hypothèses on le voit ne manquent pas pour expliquer ces différences d’efficacité constatées  et, espérons-le, éviter que cette étude négative ne constitue un Nième clou planté dans le cercueil des vaccins anti tumoraux en oncologie thoracique.

Reference

Phase I/II study of tecemotide as immunotherapy in Japanese patients with unresectable stage III non-small cell lung cancer.

Katakami N, Hida T, Nokihara H, Imamura F, Sakai H, Atagi S, Nishio M, Kashii T, Satouchi M, Helwig C, Watanabe M, Tamura T.

Lung Cancer. 2017; 105 : 23-30

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