New England Journal of Medicine

Le Durvalumab en maintenance prolonge la survie des CBNPC après radiochimiothérapie : les résultats définitifs de l’étude PACIFIC

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2018

Immunothérapie, Radiothérapie / Radiofréquence, Traitement des stades III

Il y a un an que nous commentions sur ce site les premiers résultats de l’étude PACIFIC (cliquer ici).

Cette étude randomisée de phase III comparait, chez des malades atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade III non résécables et qui n’avaient pas progressé après une radiochimiothérapie, le durvalumab administré aux  2/3 des patients (n=473) à un placebo (n=236). Il y avait deux objectifs principaux, la survie sans progression déterminée par un comité indépendant et la survie globale. 

En février 2017, date de l’analyse intermédiaire prévue, 371 patients avaient une progression et la survie sans progression médiane était très significativement supérieure chez les malades qui avaient reçu du durvalumab (16,8 mois vs 5,6 mois, p <0,001). Ce bénéfice existait pour tous les groupes de patients prédéfinis et quel que soit le statut PD-L1. Il y avait aussi une différence significative du temps médian jusqu’au décès ou à l’apparition de métastases en faveur du bras expérimental. A cette date, les données de survie n’étaient pas encore matures mais nous ne doutions pas qu’elles seraient positives, et que cette étude ferait changer rapidement les pratiques de traitement des cancers bronchiques non à petites cellules de stade III qui n’avaient pas évolué depuis plusieurs années.

Voici maintenant les résultats de la survie globale dont on rappelle qu’elle était le deuxième objectif principal de cette étude. 

Le 22 mars 2018, à la date de point prévue,  299 patients étaient décédés, 183 dans le bras durvalumab et 116 dans le bras placebo. A cette date le temps de suivi médian était de 25,2 mois. A la fin de l’étude 195 patients du bras durvalumab ont reçu un second traitement anticancéreux : le plus souvent une chimiothérapie (26,9% dans le groupe durvalumab et 30% dans le groupe placebo) et 8% dans le groupe durvalumab et 22,4% dans le groupe placebo une immunothérapie.

Les chiffres de survie sont résumés sur le tableau ci-dessous :

 

Durvalumab

Placebo

p

Survie à un an (%)

83,1

75,3

 

Survie à 2 ans (%)

66,3

55,6

 

HR de décès (99,73% CI) 

0,68 (0,47 - 0,997)

0,0025

Cet important et significatif bénéfice de survie a été observé pour tous les groupes de patients prédéfinis.   Dans une analyse exploratoire demandée par les autorités de santé, au dessous du seuil de 1% le bénéfice de survie n'est pas retrouvé. 

Les données de survie sans progression mises à jour restaient comparables : 17,2 mois dans le bras durvalumab et 5,5 mois dans le bras placebo avec un HR de progression ou décès à 0,51 et un temps moyen jusqu’au décès ou la métastase allongé de plus d’un an dans le bras durvalumab (28,3 vs 16,2 mois). 

La mise à jour des données de toxicité n’a pas apporté d’éléments nouveaux. On retiendra notamment que le taux d’événements de grade 3 ou 4 était de 30,3% dans le bras durvalumab et de 26,1% dans le bras placebo et que ceux de pneumopathies étaient respectivement de 4,8 et 2,6%. 

Nous ne doutons pas que ces résultats qui objectivent un gain important de survie pour les patients qui ont reçu une immunothérapie achèveront de convaincre les indécis. Chez les patients qui sont atteints de cancers bronchiques non à petites cellules de stade III inopérables, exprimant PD-L1 et qui sont répondeurs ou stabilisés après radiochimiothérapie, l’immunothérapie par durvalumab devient donc un standard.  Rappelons que cette démonstration a été faite chez des patients dont le PS est à 0 ou 1, qui n’ont pas de contre-indication à l’immunothérapie, qui n’ont pas eu pendant leur radiochimiothérapie une pneumopathie de grade ≥ 2 et qui ne gardent pas à la fin de leur radiochimiothérapie une toxicité de grade ≥2. C’est donc aux malades qui ont ces mêmes caractéristiques que s’applique ce nouveau standard :  l’Agence Européenne du médicament (EMA) a très récemment autorisé l’indication de Durvalumab en monothérapie pour le traitement du cancer bronchique non à petites cellules, localement avancé, non opérable, chez les adultes dont les tumeurs expriment PD-L1 dans au moins 1% des cellules tumorales et dont la maladie n’a pas progressé après une chimio-radiothérapie à base de platine.

  

 

 

Reference

Overall Survival with Durvalumab after Chemoradiotherapy in Stage III NSCLCAntonia SJ, Villegas A, Daniel D, Vicente D, Murakami S, Hui R,Kurata T, Chiappori A , Lee KH,  de Wit M,  Cho BC, Bourhaba, et al   for the PACIFIC Investigators

N Eng J Med in press, september 25 2018

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer