Journal of Thoracic Oncology

Les tumeurs carcinoïdes métastatiques : une série rétrospective française de 162 cas.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
juin 2019

Tumeurs neuro-endocrines, Tumeurs rares

Les tumeurs carcinoïdes sont, dans la grande majorité des cas, localisées et peu de données sur les formes métastatiques sont disponibles d’où l’intérêt de cette étude rétrospective conduite à l’IGR et aux Hospices Civils de Lyon. 

Cette étude a porté sur tous les malades, pris en charge dans ces centres de novembre 1995 à juin 2017, qui avaient une tumeur carcinoïde pulmonaire métastatique. Pour chaque malade était recueillies les données concernant les caractéristiques de la maladie, les traitements reçus et les données de réponse et de survie. 

Au total, 162 patients ont été inclus : 50% étaient des femmes et l’âge médian était de 61 ans, le tabagisme n’est pas précisé et le PS était à 0 ou 1 dans 90% des cas.  Les métastases étaient inaugurales dans la moitié des cas. Plus du tiers (38% des patients) avaient un syndrome carcinoïde. Huit avaient un syndrome carcinoïde cardiaque.  Les trois principaux sites métastatiques étaient le foie (75%), l’os (42%) et le poumon (25%). 

Parmi les patients explorés en scintigraphie, 108/143 (76%) des patients qui ont eu un octréoscan avaient une hyperfixation et 72/80 (90%) des patients explorés par TEP-FDG.  

Avec une durée médiane de suivi de 56 mois, la durée médiane de survie estimée de l’ensemble de la population était de 80,9 mois et les taux de survie à 5 et 10 ans étaient de 60,2% et 24,5%. 

En analyse multivariée, les facteurs associés à la survie étaient :

  • Avant tout le PS : le HR était à 5,9 pour PS ≥2 vs PS 0-1, avec un p <0,001. Parmi les malades qui avaient un PS à 0 et 1, 62% étaient vivants à 5 ans alors qu’aucun ne l’était parmi les patients dont le PS était ≥2. 
  • La fixation de la somatostatine (HR = 0,38, p <0,001). Parmi les malades qui avaient une fixation inférieure à la médiane, 70% étaient vivants à 5 ans alors que c’était le cas de seulement 53 %  de ceux dont la fixation était égale ou supérieure à la médiane. 
  • Le caractère typique ou atypique du carcinoïde : 83% des patients qui avaient un carcinoïde typique étaient vivants à 5 ans alors que c’était le cas de seulement 53% des patients qui avaient un carcinoïde atypique. 
  • Enfin l’index ki67 et la concentration plasmatique de chromogranine A étaient également pronostiques.  

La majorité (57%) des patients ont été opérés et 65 % des patients ont reçu au moins un traitement local (chirurgie, radiofréquence, embolisation radiothérapie externe). Les durées médianes de survie après chirurgie, radiofréquence et embolisation étaient respectivement de 81,9 mois, 79,2 mois et 68,8 mois. 

Les analogues de la somatostatine étaient administrés chez plus de 80% des patients  (n=131) et de l’interféron chez 16 (10%). Une chimiothérapie a été administrée chez près de 90% des malades (n=143), le plus souvent à base d’oxaliplatine ou de temozolamide. L’Everolimus a été prescrit chez 68 malades (42%), 22 malades (14%) ont été traités par radiopeptidothérapie (PRRT)  et 13 par sunitinib. Les taux de réponse les plus élevés étaient obtenus par PRRT (27%), puis chimiothérapie, interféron et évérolimus. 

Cette étude est intéressante car les informations qu’elle apporte ont été obtenues à partir d’une importante série de patients ayant un carcinoïde typique ou atypique, c'est à dire une tumeur rare (0,2 à 2 cas /100 000) surtout dans la forme métastatique qui ne représente qu’une petite partie de ces tumeurs. 

Pour réunir tant d’observations dans 2 centres, il a fallu 22 années et pendant tout ce temps les modalités thérapeutiques ont changé … De ce fait, il nous semble que les informations les plus utiles sont celles qui détaillent les facteurs pronostiques de ces tumeurs. En revanche la grande hétérogénéité des traitements utilisés interdit à notre sens de tirer un quelconque enseignement de la description des traitements reçus. Le lecteur qui souhaitera actualiser ses connaissance sur le traitement de ces malades pourra se rapporter aux recommandations européennes qui ont été  publiées en 2015 (cliquer ici).

 

Reference

Characterization, Prognosis, and Treatment of Patients With Metastatic Lung Carcinoid Tumors.

Robelin P, Hadoux J, Forestier J, Planchard D, Hervieu V, Berdelou A, Scoazec JY, Valette PJ, Leboulleux S, Ducreux M, Lombard-Bohas C, Baudin E, Walter T.

J Thorac Oncol2019; 14 : 993-1002

110 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer