Journal of Thoracic Oncology

L’immunohistochimie PDL1 des patients opérés d'un adénocarcinome a-t-elle une valeur pronostique ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2016

Immunothérapie, Chirurgie, Anatomo-pathologie

Nous avons commenté sur ce site il y a quelques mois les résultats d’une série coréenne dont les  buts étaient d’évaluer la fréquence de l’expression de PD-L1 au sein des tumeurs des patients opérés d’un cancer bronchique non à petites cellules et d’évaluer le lien éventuel avec la survie globale et sans récidive (cliquer ici). L’expression de PD-L1 était plus fréquente chez les sujets âgés, les hommes, les fumeurs, les patients à mauvais PS, les épidermoïdes et pour les tumeurs de stades avancés. En analyse multivariée, l’histologie épidermoïde et le stade élevé étaient significativement liés au statut PD-L1.  Enfin la survie globale était significativement plus courte chez l’ensemble des PD-L1 positifs.

Voici maintenant une autre série rétrospective qui cette fois est japonaise et dans laquelle l’immunohistochimie a été réalisée chez 417 patients opérés.  A la différence de l'étude précédente elle porte exclusivement sur les adénocarcinomes opérés. 

L’immunohistochimie a été positive chez  85 patients (20 ,4%) avec un seuil à 5% et chez 144 (34,5%) avec un seuil à 1%. L’expression de PD-L1  était plus fréquente chez les hommes, les fumeurs, dans les tumeurs de stades avancés, dans les tumeurs à haut grade, dans les tumeurs avec envahissement pleural ou vasculaire et chez les patients ne présentant pas de mutation activatrice de l’EGFR, et ceci que la  valeur seuil soit à 5 ou 1%. 

En analyse multivariée le tabagisme, le haut grade pathologique et le caractère EGFR sauvage étaient tous trois liés au statut PD-L1  positif.

La survie sans récidive et la survie globale étaient significativement supérieures chez les patients dont l’immunohistochimie PD-L1 était  négative que le seuil soit à 5% ou à 1%.

En analyse multivariée, et en prenant comme valeur seuil 1%, on voit sur le tableau ci-dessous que le statut PD-L1 figure à côté de quatre autres facteurs pronostiques classiques significativement liés à la survie :

 

 

HR (95%CI)

p

Age (<70 vs ≥70)

3,43 (2,16-5,58)

<0,0001

Sexe (m vs f)

2,23 (1,41-3,61)

0,0005

Stade (≥2 vs 1)

2,88 (1,82-4,60)

<0,0001

Envahissement lymphatique (présent vs absent)

3,94 (2,38-6,41)

<0,0001

IHC PD-L1 positive vs négative (seuil 1%)

2,51 (1,62-3,92)

0,0004

Cette nouvelle étude démontre que chez les patients opérés d’un adénocarcinome le statut PDL1 positif est lié au risque de décès comme l’avait démontré une étude coréenne pour l’ensemble des cancers bronchiques non à petites cellules il y a quelques mois. Dans l’analyse de la littérature que font les auteurs, 5 autres études sont parvenues à des conclusions identiques mais on trouve aussi des études qui ne démontrent pas de corrélation et même deux études qui montrent au contraire que le pronostic des PDL1 positifs serait meilleur … 

Ces données montrent en tout cas combien l’immunothérape péri-opératoire est un sujet très intéressant. Elles doivent inciter tous ceux qui le peuvent à inclure dans  les deux grandes études péri-opératoires de l’IFCT, l’essai adjuvant  IFCT-1401 BR31 (cliquer ici)  qui est en cours et le futur essai néoadjuvant IFCT 1601 IONESCO qui va ouvrir prochainement (cliquer ici)

Reference

Clinical Significance of PD-L1 Protein Expression in Surgically Resected Primary Lung Adenocarcinoma.

Takada K, Okamoto T, Shoji F, Shimokawa M, Akamine T, Takamori S, Katsura M, Suzuki Y, Fujishita T, Toyokawa G, Morodomi Y, Okano S, Oda Y, Maehara Y.

J Thorac Oncol 2016; 11 : 1879-1890

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