European Journal of Cancer

Parmi les malades opérés de cancers dans un grand centre anglais la proportion de non-fumeurs a doublé en 7 ans.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2017

Épidémiologie

Cette étude nous vient du Royal Brompton Hospital de Londres, une institution qui a l’une des plus hautes activités chirurgicales en Angleterre. Son but est de définir la fréquence des cancers broncho-pulmonaires de stades précoces survenus chez les non-fumeurs et d’en préciser les caractéristiques cliniques.

De mars 2008 à novembre 2014 les données de tous les patients opérés dans cet hôpital ont été recueillies : 2170 patients qui ont été opérés pendant cette période de 7 ans ont été inclus dans cette analyse. Parmi ceux-ci 20% (n=436) étaient non-fumeurs.

Le pourcentage de non-fumeurs a régulièrement augmenté pendant cette période à tel point que ce pourcentage a doublé pendant cette période comme le montre le tableau ci-dessous :

Année

Pourcentage de patients non- fumeurs

2008

13

2009

15

2010

18

2011

19

2012

20

2013

20

2014

28

L’âge moyen des malades était de 60 ans et la majorité d’entre eux étaient non-fumeurs. Il y avait 54% d’adénocarcinomes et 27% de tumeurs carcinoïdes. La majorité de ces tumeurs étaient découvertes par hasard sur un examen d’imagerie. Les signes cliniques quand ils existaient étaient peu spécifiques (toux ou infections). Des hémoptysies ont été signalées à la présentation de 11% des malades.

Avec un suivi médian de 41 mois, le taux de survie à 5 ans des non-fumeurs était significativement plus élevé que celui des fumeurs ou anciens fumeurs (60% vs 40%, p<0,001). Les auteurs nous disent dans la discussion qu’aucune cause notamment environnementale n’a été identifiée mais on ne connait pas les détails de l’enquête étiologique a été réalisée.

Cette étude a le mérite d’attirer l’attention sur une possible augmentation des cancers de stade précoce chez les non-fumeurs en Angleterre. Toutefois elle ne permet de d’affirmer avec certitude cette augmentation dans la population anglaise en général : 1) Cette augmentation affirmée sur une étude monocentrique rétrospective peut être liée une simple modification du recrutement de ce centre. Seule une étude nationale réalisée à partir d’un registre exhaustif pourrait confirmer ces données. 2) Il est possible que les médecins qui assurent le recrutement de ce centre fassent plus d’examens chez les non-fumeurs qu’auparavant, ce qui, -dans la mesure où la majorité de ces cancers sont asymptomatiques-,  aurait pour conséquence d’augmenter le nombre de cancers de stade précoce chez les non-fumeurs.  3) Les tumeurs neuroendocrines qui sont ici comptabilisées et qui représentent plus du quart des tumeurs ont pu fausser considérablement les résultats car, s’il s’agit de carcinoïdes typiques ou atypiques, ces tumeurs sont fréquemment localisées de sorte que leur inclusion a pu augmenter artificiellement la fréquence des tumeurs localisées.

 

 

Reference

Increasing frequency of non-smoking lung cancer: Presentation of patients with early disease to a tertiary institution in the UK.

Cufari ME, Proli C, De Sousa P, Raubenheimer H, Al Sahaf M, Chavan H, Shedden L, Niwaz Z, Leung M, Nicholson AG, Anikin V, Beddow E, McGonigle N, Dusmet ME, Jordan S, Ladas G, Lim E.

Eur J Cancer 2017; 84 : 55-59.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer