Journal of Thoracic Oncology

Pembrolizumab dans le mésothéliome : une étude rétrospective suisse et australienne.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
novembre 2018

Mésothéliomes, Immunothérapie

En mars 2017, nous commentions sur ce site les résultats de l’étude KEYNOTE-028, une étude de phase I à promotion industrielle menée en deuxième ligne chez 25 patients de PS 0 ou 1 atteints de mésothéliome et dont la tumeur exprime PDL1. Ces patients recevaient 10mg/kg de pembrolizumab par voir intraveineuse toutes les 2 semaines jusqu’à progression ou toxicité. Il y avait 5 réponses (20%) et le taux de réponse et de stabilité supérieure à 6 mois était de 40%. La survie sans progression médiane était de 5,4 mois, la durée médiane de réponse était de 12 mois, la durée médiane de survie était de 18 mois avec des taux de survie à 6 et 12 mois qui étaient de 83 et 62% (cliquer ici)

Ces résultats prometteurs ont conduit 19 équipes suisses et australiennes à utiliser le pembrolizumab sans que ce médicament soit autorisé par les autorités de santé de ce pays et ce sont les résultats observés obtenus chez 93 patients traités de 2015 à 2017 et recueillis de façon rétrospective qui font l’objet de cette publication. 

Certaines caractéristiques de ces malades étaient différentes de celles des malades inclus dans l’étude citée plus haut :

  • L’âge médian était un peu plus élevé (68 vs 65 ans), 
  • Les PS étaient nettement moins bons : PS = 0 (12 vs 36%), PS 1 (59 vs 60%) et PS ≥2 (29 vs 0%). 
  • L’anatomopathologie était comparable avec 73 et 72% qui étaient de type épithélioïdes. 
  • Dans l’étude clinique l’expression de PD-L1  était un critère d’inclusion. Ici, on sait juste que le statut était inconnu chez 27 patients et qu’il était négatif chez 45 (68%) malades. 
  • Le nombre de ligne reçues était plus élevé : il était dans cette étude de 0 (4%), 1 (52%) et ≥ 2 (44%)  versus 0 (8%), 1 (60%) et ≥ 2 (32%) dans l’étude clinique.  
  • Alors que les doses de pembrolizumab étaient fixes à 10 mg/kg tous les 14 jours dans l’étude clinique, elles variaient de 2 mg/kg tous les 21 jours à une dose fixe de 200 mg tous les 14 jours.  

Avec un temps de suivi médian de 9 mois seulement, le taux de réponse à 18% était comparable à celui observé dans l’étude. Le taux de contrôle de la maladie (sans préciser la durée de la stabilité ≥ 6 mois) était de 48%. La survie sans progression et la survie médianes étaient nettement inférieures à 3,1 et 7,2 mois. 

Les patients dont le PS était ≤1 et qui avaient reçu du pembrolizumab en première ou deuxième ligne avaient un taux de réponse et une survie sans progression médiane supérieurs, de même que les patients qui avaient une forme non épithélioïde. 

En analyse univariée l’expression élevée de PD-L1 était associée à la réponse mais en analyse multivariée ni l’histologie, ni l’expression de PD-L1 n’étaient corrélées à l’évolution.   

La toxicité ne différait pas des données habituelles. 

Les auteurs concluent que cette étude confirme que l’immunothérapie devient un traitement de deuxième ligne des mésothéliome. On ne peut qu’adhérer à ces conclusions en soulignant que les différences entre les résultats de cette étude et ceux de l’étude clinique sont bien sur liées à son caractère rétrospectif mais aussi aux caractéristiques différentes des malades et des traitements concernant notamment le PS, le statut PD-L1  et les doses de traitement reçues. 

Reference

Pembrolizumab as Palliative Immunotherapy in Malignant Pleural Mesothelioma.

Metaxas Y, Rivalland G, Mauti LA, Klingbiel D, Kao S, Schmid S, Nowak AK, Gautschi O, Bartnick T, Hughes BG, Bouchaab H, Rothschild SI, Pavlakis N, Wolleb S, Petrausch U, O'Byrne K, Froesch P, Löffler-Baumann M, Pratsch-Peter S, Russell P, Mingrone W, Savic S, Thapa B, Früh M, Pless M, von Moos R, John T.

J Thorac Oncol 2018; 13 : 1784-1791

47 lectures

Coup de ♥ du mois

Risque de cancer du poumon chez les mineurs exposés à de faible taux de radon

novembre 2015

Si les données concernant les expositions à de fortes concentrations de radon sont bien connues,...

Lire la suite
Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer