Lancet oncology

Pollution urbaine et cancer broncho-pulmonaire en Europe.

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
août 2013

Épidémiologie, Prévention

Si les liens entre les cancers broncho-pulmonaires  et le tabagisme actif et passif, l’exposition à des polluants professionnels ou l’exposition au radon sont bien connus, le rôle de la pollution environnementale très fréquemment suspecté est moins bien établi.

L’importante étude prospective européenne rapportée ici a été réalisée à partir d’une partie des données du projet  européen ESCAPE qui est une étude de cohortes menée sur les effets à long terme de la pollution européenne.

Dix-sept cohortes dans 12 régions permettent d’examiner les données concernant la pollution atmosphérique et de les confronter au nombre de cancers broncho-pulmonaires incidents. Aucune de ces cohortes n’est française.

Ces cohortes comprennent plus de 300 000 personnes suivies pendant en moyenne plus de 12 ans. L’incidence des cancers broncho-pulmonaires est très hétérogène, les cohortes autrichiennes et danoises représentant à elles seules plus de la moitié des cas.  De même la pollution était très différemment répartie entre le nord et le sud de l’Europe où celle-ci était 3 à 10 fois supérieure.

La méta-analyse de ces données montre que le risque de cancer broncho-pulmonaire est significativement associé avec la concentration  de PM10, c’est à dire de particules dont le diamètre est inférieur à 10 μm. Le HR pour un taux de 10 μg/m3 était de 1,22 [95% CI : 1,03–1,45]. Pour les particules inférieures à 2,5 mm ce risque n’atteignait pas la significativité (1,18, [0,96–1,46]. L’augmentation de ces deux types de particules était significativement associée avec les adénocarcinomes.

L’augmentation du trafic automobile à proximité (100 mètres de la résidence) augmentait le risque sans atteindre la significativité (1,09 (0,99–1,21).

La concentration en oxydes d’azote ou le trafic automobile dans la rue la plus proche n’avait pas d’effet.

Cette étude permet d’établir, sur de grands effectifs, un lien entre la pollution aux petites particules et le risque de cancer broncho-pulmonaire. Il est probable que cette augmentation du risque intéresse aussi bien les fumeurs que les non fumeurs même si on ne sait pas bien après avoir lu cet article comment se combinent le risque lié  au tabagisme qui reste de loin le plus important et celui lié à la pollution.

Reference

Air pollution and lung cancer incidence in 17 European cohorts: prospective analyses from the European Study of Cohorts for Air Pollution Effects (ESCAPE).

Raaschou-Nielsen O, Andersen ZJ, Beelen R, Samoli E, Stafoggia M, Weinmayr G, Hoffmann B, Fischer P, Nieuwenhuijsen MJ, Brunekreef B, Xun WW, Katsouyanni K, Dimakopoulou K, Sommar J, Forsberg B, Modig L, Oudin A, Oftedal B, Schwarze PE, Nafstad P, De Faire U, Pedersen NL, Ostenson CG, Fratiglioni L, Penell J, Korek M, Pershagen G, Eriksen KT, Sørensen M, Tjønneland A, Ellermann T, Eeftens M, Peeters PH, Meliefste K, Wang M, Bueno-de-Mesquita B, Key TJ, de Hoogh K, Concin H, Nagel G, Vilier A, Grioni S, Krogh V, Tsai MY, Ricceri F, Sacerdote C, Galassi C, Migliore E, Ranzi A, Cesaroni G, Badaloni C, Forastiere F, Tamayo I, Amiano P, Dorronsoro M, Trichopoulou A, Bamia C, Vineis P, Hoek G.

Lancet Oncol 2013; 14 : 813-22

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer