Lung Cancer

Quelle sera en Australie l’impact de la diminution du tabagisme sur la mortalité du cancer du poumon en 2100 ?

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
mai 2019

Épidémiologie

Les différentes mesures en faveur de la diminution du tabagisme qui ont été mises en place en Australie ont été remarquablement efficaces puisqu’entre 1990 et 2014-15 la prévalence du tabagisme quotidien est passée de 27,7% à 14,7%, (cliquer ici), très loin de la prévalence en France qui était encore à 26,9% en 2017.  Cette réduction a, on le sait,  un important impact sur la mortalité liée au cancer broncho-pulmonaire et les auteurs de ce travail ont développé et validé un modèle statistique qui permet, à partir de la consommation tabagique, de projeter la mortalité par cancer broncho-pulmonaire jusqu’en 2040 (cliquer ici). Ils ont montré à cette occasion qu’il fallait 26 à 29 ans pour que les changements de tabagisme dans la population modifient de façon substantielle la mortalité par cancer broncho-pulmonaire.  

Le but principal  de l’étude qui est présentée ici est d’estimer l’impact de ces mesures sur la mortalité par cancer broncho-pulmonaire en 2100 et d’estimer cet impact en fonction de plusieurs scenarios possibles et en comparant ces chiffres à ceux qui seraient observés en l’absence de tout contrôle du tabac : 

  • Trois qui prévoient la poursuite d’une diminution de la prévalence en 2025 jusqu’à 10%, 5% et 0%. 
  • Un scenario qui prévoit un tabagisme stable d’ici 2025
  • Et un scenario pessimiste qui fait l’hypothèse d’un retour en 2025 au niveau de 2005. 

Les projections effectuées pour la période 2016-2020 estiment que, si la prévalence du tabagisme restait constante, il faudrait s’attendre à près de 1 million de décès par cancer broncho-pulmonaire et pire à plus de 1,5 million si la prévalence du tabac remontait à son niveau de 2005. 

Dans les trois scenarios hypothétiques où on assisterait à la poursuite d’une diminution de la prévalence du tabagisme en 2025 jusqu’à 10%, 5% et 0%, le nombre de décès diminuerait encore à 826 000 pour 10%, à  715 000 pour 5% et  à 563 00 pour 0%.  Ceci correspondrait à un nombre de décès additionnel évités de 2016 à 2100 respectivement de plus de 97 000,   208 000 or 360 000.  

On voit dans cette étude que l’impact des actions contre le tabac est considérable et qu’une cessation totale du tabagisme  permettrait d’éviter des centaines de milliers de mort liés au cancer du poumon. Il est clair que c’est l’objectif que nous devons nous donner dans notre pays où le tabagisme reste encore considérable. 

Soulignons que cette action de prévention que certains mettent en concurrence avec le dépistage n’est pas concurrente mais complémentaire avec celui-ci.  En effet,   même si tous les fumeurs cessaient demain leur tabagisme,  nous serions confrontés encore pendant des décennies à un nombre élevé de cancers du poumon dont le dépistage réduit la mortalité.  

 

 

Reference

Lung cancer mortality in Australia in the twenty-first century: How many lives can be saved with effective tobacco control?

Luo Q, Steinberg J, O'Connell DL, Yu XQ, Caruana M, Wade S, Pesola F, Grogan PB, Dessaix A, Freeman B, Dunlop S, Sasieni P, Blakely T, Banks E, Canfell K.

Lung Cancer2019; 130 : 208-215.

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer