Journal of Clinical Oncology

Sélénium et cancer

Mode d'évaluation :
1 point : les articles apportant des connaissances réellement nouvelles par rapport à la littérature;

2 points : les études contribuant, notamment pour les essais thérapeutiques, à l'apport d'un niveau de preuve A (méta-analyse ou essais randomisés de phase III portant sur un grand nombre de malades) ou B (essais randomisés à effectifs réduits (B1) ou études prospectives ou rétrospectives (B2);

3 points : les études susceptibles de modifier les pratiques.
septembre 2013

Épidémiologie, Prévention

Dans un premier temps les auteurs rappellent les différents types de prévention : 1) la prévention primaire vise à prévenir le cancer chez des populations à risque, 2) la prévention secondaire vise à retarder ou interrompre le développement de lésions précancéreuses, et 3) la prévention tertiaire s’intéresse à la prévention d’un deuxième cancer primitif chez quelqu’un qui a été de façon curative d’un premier cancer.

Le fait que le sélénium ait été décrit comme ayant possiblement un rôle préventif pour les cancers de l’estomac et de l’œsophage dans une étude chinoise puis du cancer broncho-pulmonaire dans une autre publication, a conduit à cette étude randomisée en double aveugle contre placebo. Elle était destinée à évaluer l’efficacité du sélénium dans la prévention des deuxièmes cancers chez des patients traités par résection complète d’un cancer broncho-pulmonaire de stade I. L’objectif principal était l’incidence de seconds cancers.  La compliance était initialement évaluée pendant un mois et seuls les patients jugés compliants (prise de au moins 75% des tablettes de placebo) étaient randomisés sur un mode 2/1.

Au total 1561 patients ont été randomisés entre octobre 2000 et novembre 2009. Lors d’une première analyse intermédiaire, effectuée à près de 50% de l’objectif, l’incidence des seconds cancers pulmonaires était de 1,91 pour 100 personnes suivies par an dans le bras sélénium versus 1,36 pour 100 personnes suivies par an dans le bras placebo. Cette différence, à la défaveur du sélénium,  n’était pas significative. Toutefois le Comité de Surveillance indépendant donna le conseil d’arrêter l’étude pour futilité.

En juin 2011, une nouvelle analyse a été effectuée : L’incidence des seconds cancers pulmonaires et des seconds cancers d’autre siège restait plus élevée chez les personnes qui avaient reçu du sélénium que chez ceux qui avaient reçu un placebo mais toujours de façon non significative. Les survies globales à 5 ans (76,8% dans le bras sélénium vs 79,9% dans le bras placebo) et les survies sans récidive à 5 ans (74,4% dans le bras sélénium vs 79,6% dans le bras placebo) ne différaient significativement pas entre les deux groupes.

La toxicité, non significativement différente dans les 2 bras, était acceptable et la compliance excellente.

Aucun bénéfice du sélénium en prévention tertiaire n’est donc confirmé.

Reference

Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled, Phase III Chemoprevention Trial of Selenium Supplementation in Patients With Resected Stage I Non-Small-Cell Lung Cancer: ECOG 5597.

Karp DD, Lee SJ, Keller SM, Wright GS, Aisner S, Belinsky SA, Johnson DH, Johnston MR, Goodman G, Clamon G, Okawara G, Marks R, Frechette E, McCaskill-Stevens W, Lippman SM, Ruckdeschel J, Khuri FR.

J Clin Oncol. 2013 Sep 3. [Epub ahead of print

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Thématiques : Épidémiologie, Prévention
Revue : British Journal of Cancer